Le Mercosur rêve d’un renouveau avec l’adhésion du Venezuela

 
 
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Les présidents de Bolivie, Paraguay, Venezuela, Argentine, Brésil et Uruguay (de G à D) le 4 juillet 2006 à Caracas (Photo : David Maris)

[07/07/2006 06:39:20] MONTEVIDEO (AFP) L’adhésion du Venezuela au Mercosur offre, en dépit du caractère imprévisible de son président anti-libéral Hugo Chavez, l’espoir d’un renouveau pour le marché commun de l’Amérique du sud, secoué par des dissensions internes.

L’arrivée de ce 5e membre a été saluée mardi d’une même voix par les grandes puissances du bloc commercial, l’Argentine et le Brésil, mais aussi par ses membres plus modestes, l’Uruguay et le Paraguay, qui s’estiment pourtant régulièrement lésés au sein d’une union déséquilibrée.

“Le Venezuela est considéré grâce à son pétrole comme un grand pays qui, en même temps, a toujours prêté une attention particulière et sincère en faveur des petites nations”, explique à l’AFP Alvaro Gallardo, directeur des Affaires politiques du Mercosur dont le siège est basé à Montevideo.

L’adhésion du 8e producteur et 5e exportateur mondial de brut donne une autre dimension géopolitique et économique au Mercosur, représentant désormais un territoire de 12,7 millions de km2, des Caraïbes à la Terre de feu, plus de 250 millions d’habitants et 75% du produit intérieur brut sud-américain, soit 1.000 milliards de dollars, pour un volume commercial estimé à 300 milliards.

Or l’intégration continentale prônée par le président Chavez “se fonde sur la complémentarité des économies entre elles, ce qui donne beaucoup d’espoir aux petits pays”, souligne Alvaro Gallardo.

Selon lui, le Venezuela, dont le système productif est presqu’entièrement tourné vers le pétrole, peut bénéficier de l’apport de ses nouveaux associés, notamment dans le domaine agroalimentaire. Caracas offre d’ailleurs son brut, à un tarif préférentiel, en échange de la viande uruguayenne.

Le directeur de la Commission des représentants permanents du Mercosur, Carlos Alvarez, a aussi déclaré publiquement que le Venezuela allait mener un “combat contre les asymétries” au sein du bloc, créé en 1991.

Signe de cette nouvelle influence, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a promis, lors du sommet extraordinaire de Caracas entérinant l’entrée du Venezuela, de lancer un fonds d’aide en faveur du Paraguay, de l’Uruguay, et même de la Bolivie, membre associé (sans droit de vote) du Mercosur avec le Chili.

Le Venezuela, dont le marché s’ouvrira d’ici 2012 à ses partenaires, s’est aussi engagé à exonérer immédiatement de droits de douane une série de produits paraguayens et uruguayen afin de “reconnaître le principe des asymétries”, selon le ministre vénézuélien du Commerce Gustavo Marquez.

Dénonçant “l’égoïsme” argentin et brésilien, le président paraguayen Nicanor Duarte a récemment menacé d'”euthanasier” le Mercosur, tandis que son homologue uruguayen Tabare Vazquez n’exclut pas non plus un retrait, face à l’opposition de Buenos Aires contre l’installation d’usines de cellulose le long d’un fleuve frontalier.

Toutefois, la forte personnalité de Chavez, bête noire des Etats-Unis dont il entend contrecarrer le projet d’une zone libre-échangiste à l’échelle du continent, soulève quelques inquiétudes.

Le président vénézuélien, qui a appelé à “politiser” le Mercosur, vient de claquer la porte d’un autre bloc régional, la Communauté andine des nations, reprochant à la Colombie et au Pérou d’avoir conclu un accord bilatéral de libre-échange avec Washington, alors que l’Uruguay est justement en train d’en étudier la possibilité.

“On ne peut pas dire que Chavez va entrer dans le Mercosur, mais qu’il va faire irruption. Il faut rester prudent, c’est un peu comme un ami qui vous donnerait une forte accolade, au risque de vous briser un os”, résume Alvaro Gallardo.

 07/07/2006 06:39:20 – © 2006 AFP