L’UE, Sofia et Ankara accélèrent le projet de gazoduc de la Caspienne

 
 
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Le commissaire européen à l’Energie (2e D) et (G à D) les ministres de l’Energie bulgare, autrichien et turc le 26 juin 2006 (Photo : Dieter Nagl)

[26/06/2006 18:15:30] VIENNE (AFP) L’UE et les ministres de l’Energie autrichien, hongrois, roumain, bulgare et turc ont convenu lundi à Vienne d’accélérer la mise en chantier du gazoduc Nabucco avec l’Iran devant permettre à l’Europe de réduire sa dépendance au gaz russe.

Dans une déclaration commune mais non contraignante et en présence du commissaire européen à l’Energie, Andris Piebalgs, les ministres ont donné l’accord politique de leur pays respectif pour la construction de ce gazoduc de 3.300 kilomètres devant permettre d’ici à 2015 la livraison de 30 milliards de mètres cubes de gaz par an en Europe.

Cinq sociétés –Botas en Turquie, Bulgargaz en Bulgarie, Transgaz en Roumanie, Mol en Hongrie et OMV Gas en Autriche– ont formé une entreprise conjointe, Nabucco Gas Pipeline International, pour acheminer le gaz des champs iraniens de la mer Caspienne vers l’Europe centrale et occidentale. Le coût du gazoduc est estimé à quelque 4,6 milliards d’euros.

Selon des projections de la Commission européenne, qui a financé une étude de faisabilité du gazoduc, de 10 à 15% du gaz de l’UE viendra de cette région d’ici à 2025. La décision finale pour la mise en chantier est attendue en 2007 et la fin des travaux prévue en 2011.

Auparavant, la réglementation de l’accès par une tierce partie (ATP) au gazoduc devra être aménagée. Cette question est assujettie à une directive européenne. Les promoteurs du projet Nabucco cherchent à obtenir une seule réglementation-cadre pour l’ATP et des tarifs de transport uniques tout au long du trajet du gazoduc.

La crise gazière ayant éclaté en janvier entre la Russie et l’Ukraine a démontré la nécessité de trouver de nouvelles sources d’énergie et de nouveaux moyens de transport, a déclaré M. Piebalgs.

Pour le ministre autrichien de l’Energie, Martin Bartenstein, dont le pays assure jusqu’au 30 juin la présidence semestrielle de l’UE, “Nabucco constitue un élément-clef d’une politique énergétique européenne”.

Selon lui, Nabucco n’entrera pas en concurrence avec le projet du gazoduc sud-européen (GSE) pour lequel le géant gazier russe Gazprom et la société gazière et pétrolière hongroise Mol ont signé récemment un accord de coopération.

“Nabucco ne couvrira que 10% des futurs besoins gaziers de l’UE et nous utiliserons toutes les capacités d’approvisionnement offertes”, a déclaré M. Bartenstein.

D’ici à 2025, l’UE aura besoin annuellement de 250 à 300 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires, a estimé le ministre. L’UE consomme actuellement quelque 500 milliards de mètres cubes d'”or bleu”, dont la moitié provient de Russie.

Pour M. Piebalgs, le projet GSE est “encore trop peu concret” pour être pris en compte. “Nous devons nous concentrer sur Nabucco”, a-t-il dit.

Fin avril, Gazprom, premier producteur mondial de gaz, avait menacé de réorienter ses exportations vers d’autres marchés que l’Europe.

Le directeur de OMV Gas, Otto Musilek, a estimé récemment que “les besoins de gaz en Europe vont énormément augmenter et (que) la Russie ne pourra pas y faire face seule”, en soulignant l’importance d’avoir en Iran un accès à la deuxième plus importante réserve gazière du monde.

Les réserves totales de gaz du Proche-orient sont estimées à quelque 80.000 milliards de mètres cubes par les spécialistes.

 26/06/2006 18:15:30 – © 2006 AFP