Arcelor donne des gages à ses actionnaires en acceptant de rencontrer Mittal Par Nicolas REVISE

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Arcelor donne des gages à
ses actionnaires en acceptant de rencontrer Mittal Par Nicolas REVISE

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Graphique interactif
sur la bataille des géants de l’acier Mittal Steel/Arcelor. (GRAPHIQUE
FLASH)

En acceptant de rencontrer son rival Mittal
Steel, Arcelor répond à la pression d’une partie de ses actionnaires
mécontents de son mariage avec le russe Severstal, une alternative malgré
tout soutenue mordicus par la direction du sidérurgiste européen.

 

En début de semaine, le numéro deux mondial de
l’acier avait une fois de plus repoussé l’offre publique d’achat hostile à
25,8 milliards d’euros de Mittal, défendant bec et ongles son alliance avec
Severstal.

 

Mardi encore, Arcelor a fait miroiter à ses
actionnaires un bénéfice d’exploitation en forte hausse pour 2008, grâce à
sa fusion annoncée fin mai avec le groupe du milliardaire russe Alexeï
Mordashov.

 

Dans le même temps, le sidérurgiste basé à
Luxembourg a mis au défi Mittal de renchérir son OPA.

 

Ce que Mittal a, pour la quatrième fois mardi,
refusé de faire.

 

Une rencontre au sommet entre les deux groupes
est tout de même prévue “aujourd’hui ou demain”, a annoncé le PDG indien
Lakshmi Mittal.

 

Mais pas question, pour l’instant, de plier
devant l’assaillant, assure-t-on chez Arcelor, conformément à la ligne tenue
depuis le déclenchement de l’offensive de Mittal fin janvier.

 

“On défend avec vigueur notre fusion avec
Severstal. Compte tenu de tous nos efforts pour la faire avancer, on n’est
pas dans un revirement”, explique-t-on chez le sidérurgiste européen.

 

Mais au risque d’être ambigu, Arcelor a décidé
de laisser ses actionnaires trancher: soit ils apportent leurs titres à
l’OPA en cours de Mittal d’ici le 5 juillet, soit ils soutiennent l’alliance
russo-européenne, “l’alternative stratégique la plus intéressante”, selon
Arcelor.

 

Le groupe européen joue un “jeu double”,
décrypte une source proche du dossier. “Il ne veut pas de Mittal mais ne
peut plus le dire comme ça aux actionnaires”, poursuit-elle.

 

Arcelor a quelque 85% de son capital en Bourse.

 

“On essaie d’être conciliant vis-à-vis de ses
actionnaires en poussant pour une revalorisation de l’OPA de Mittal tout en
privilégiant le mariage avec Severstal”, a résumé une source proche du
sidérurgiste.

 

De fait, depuis près de deux semaines, les
dirigeants d’Arcelor font face à une rébellion de quelque 30% de ses
actionnaires –emmenés par Goldman Sachs, la banque conseil américaine de
Mittal– qui réclament une assemblée générale extraordinaire pour se
prononcer sur cette alliance.

 

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Le directeur général de Mittal Steel, Lakshmi Mittal, à Londres le 19
mai 2006

Ces actionnaires –40% de fonds spéculatifs
anglo-saxons et 60% d’investisseurs à long terme– voudraient que ce mariage
ne puisse être validé qu’avec l’approbation des deux-tiers de l’actionnariat
présent lors de cette AG.

 

Pour l’heure, Arcelor a prévu un système bien
plus favorable: le vote sur cette fusion se fera à la majorité du capital
total, au cours d’une assemblée générale ordinaire convoquée le 30 juin.

 

Seule concession aux actionnaires frondeurs,
ils pourront “exprimer leur avis négatif” au cours de cette AG.

 

Une résolution de ces actionnaires mécontents a
été ajoutée à l’ordre du jour de cette AG, si ces derniers représentent
effectivement plus de 20% du capital d’Arcelor.

 

Si cette résolution devait être approuvée le 30
juin, une autre AG extraordinaire serait convoquée fin août. Mais en aucun
cas cette hypothétique AG ne pourrait faire capoter les fiançailles
Arcelor-Severstal.

 

En effet, Arcelor rappelle que si Mittal rafle
plus de 50% de son capital, le contrat de mariage avec Severstal sera
automatiquement annulé.

 

Au contraire, si Mittal devait se contenter
d’une participation minoritaire, Severstal pourrait soit rester au capital
d’Arcelor, soit s’en aller.

 

Et en tout état de cause, “si Mittal proposait
une offre entièrement en cash à 50 euros par titre, la direction d’Arcelor
n’aurait plus qu’à donner les clefs de la boutique”, a estimé une source
proche du dossier.

 

 

© AFP 2006

Photo : Javier Soriano – Carl de Souza