Zone euro : hausse de taux en vue jeudi, le seul suspens porte sur l’ampleur

Par : Autres

 

Zone euro: hausse de taux en
vue jeudi, le seul suspens porte sur l’ampleur

___________________________________

 

SGE.DRC88.060606111245.photo00.quicklook.default-245x163.jpg

Le siège de la BCE à
Francfort

La Banque centrale européenne (BCE) va relever
ses taux d’intérêt jeudi: l’affaire paraît entendue après les mises en garde
tous azimuts des gardiens de l’euro contre les dangers de surchauffe
inflationniste, le seul suspens porte sur l’ampleur de la hausse.

 

“Que la BCE renonce à remonter ses taux après
les annonces en ce sens faites par de nombreux banquiers centraux est
difficilement imaginable”, souligne Alexander Krüger, analyste à la banque
régionale allemande WestLB.

 

Le conseil des gouverneurs se tiendra à Madrid.
La BCE, qui a pour coutume de se réunir deux fois par an dans une capitale
d’un Etat membre de l’euro, n’a jusqu’à présent jamais modifié ses taux hors
de ses murs francfortois, mais le président de l’institut Jean-Claude
Trichet avait bien signifié qu’il n’y avait pas de règle en la matière.

 

La seule inconnue concerne l’ampleur de la
hausse. En décembre, un quart de point, en mars idem, la BCE va-t-elle
maintenir ce rythme ou bien se montrer plus agressive en augmentant ses taux
d’un demi-point?

 

L’écrasante majorité des 30 économistes
interrogés par l’AFP et sa filiale d’informations financières AFX parient
sur une augmentation de 25 points de base à 2,75% du principal taux
directeur. Mais prudemment, la plupart refuse d’exclure une hausse de 50
points de base.

 

Avec une économie qui repart, une inflation qui
grimpe, des crédits au secteur privé et une masse monétaire qui s’envolent,
“les +faucons+ de la BCE ne manquent pas d’arguments pour demander que les
conditions monétaires avantageuses, dont l’économie n’a plus besoin, soient
retirées plus rapidement”, estime Holger Schmieding, analyste à la Bank of
America.

 

Nourrie par la flambée des prix du pétrole
brut, l’inflation a grimpé à 2,5% en mai dans la zone euro, s’éloignant un
peu plus de la limite fixée par la BCE, pour qui la stabilité des prix est
garantie quand les prix augmentent légèrement en dessous de 2% en moyenne
sur un an.

 

Contrairement aux fois précédentes, le Français
Jean-Claude Trichet s’était gardé il y a un mois de confirmer les attentes
des marchés financiers qui misaient sur une remontée d’un quart de point des
taux en juin. De quoi alimenter les spéculations sur un tour de vis plus
sévère.

 

Les économistes tablent aussi sur un relèvement
par la BCE de ses projections d’inflation et de croissance trimestrielles,
les dernières mises au point sous la houlette d’Otmar Issing, ancien chef
économiste de l’institut parti à la retraite fin mai. En mars, il attendait
une hausse des prix de 2,2% en 2006, et du PIB de 2,1%.

 

Même si de récentes bonnes nouvelles sur le
front de l’économie “suggèrent un risque d’une remontée de 50 points de
base, nous prévoyons que la force de l’euro, la faiblesse des marchés des
actions et quelques signes très précoces d’un retournement du cycle
industriel devraient tempérer les ardeurs de la BCE”, estime la banque HSBC
dans une étude.

 

Pour l’analyste de WestLB, une remontée de 50
points de base est peu probable, car la BCE n’y est pas suffisamment
préparée et “elle ne ferait qu’attiser une volatilité déjà croissante sur
les marchés financiers”.

 

La hausse de taux de juin ne sera de toute
façon pas la dernière cette année, estiment les économistes. La BCE devra
réduire de nouveau les conditions du crédit si son scénario de reprise
accompagnée de risques inflationnistes se confirme, avait souligné
Jean-Claude Trichet.

 

A l’occasion du conseil jeudi, “nous attendons
(…) des indications claires sur de nouvelles hausses de taux”, indique
Edward Teather, analyste chez UBS.

 

La majorité des économistes prévoit un taux
entre 3 et 3,25% à la fin 2006.

 

 

© AFP 2006

Photo : John MacDougall