La croissance et les déficits publics au menu de l’Eurogroupe

Par : Autres

 

La croissance et les
déficits publics au menu de l’Eurogroupe

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Le président de la BCE
Jean-Claude Trichet, à une réunion de l’Eurogroupe à Bruxelles le 5
décembre 2005

Les ministres des Finances de la zone euro,
réunis mardi soir à Luxembourg, devraient s’interroger sur la pérennité de
la reprise économique, menacée par les prix élevés du pétrole et
l’appréciation de l’euro, et faire le point sur la situation budgétaire
préoccupante de l’Italie.

 

Cette réunion précède traditionnellement celle
de l’ensemble des grands argentiers de l’UE le lendemain. Mais surtout elle
aura lieu deux jours avant celle du comité de politique monétaire de la
Banque centrale européenne (BCE), qui devrait décider d’un relèvement des
taux d’intérêt, selon l’ensemble des économistes.

 

“La reprise est assez bonne dans l’ensemble de
la zone euro, avec des signes positifs dans les quatre grandes économies
(Allemagne, France, Italie et Espagne)”, notait vendredi une source
diplomatique.

 

Celle-ci reconnaissait néanmoins que la
tendance à long terme était incertaine et qu’il ne fallait pas que “l’euro
monte trop haut”, ce qui nuit aux exportations.

 

La Commission européenne a légèrement relevé
jeudi ses prévisions de croissance pour les trois derniers trimestres de
2006, qu’elle exprime toutefois sous forme de fourchettes très larges. Elle
a aussi confirmé la reprise au premier trimestre (+0,6% de croissance du
PIB) après le trou d’air de l’année dernière.

 

Mais, dans ses prévisions économiques “de
printemps” publiées début mai, la Commission avait abaissé son anticipation
de croissance pour la zone euro en 2007, en raison notamment de la flambée
des prix du pétrole.

 

Dans ce contexte, le relèvement attendu des
taux d’intérêt de la BCE inquiète certains économistes, qui plaident pour le
maintien d’un niveau très bas afin de soutenir la croissance.

 

Les ministres devraient par ailleurs se
préoccuper des déficits publics des Etats membres.

 

Le nouveau ministre italien de l’Economie,
Tommaso Padoa-Schioppa, qui fera sa première apparition à l’Eurogroupe,
devrait expliquer à ses homologues comment il compte redresser les comptes
publics à la dérive de son pays.

 

Le déficit public italien pourrait en effet
atteindre 4,5% du PIB et la dette dépasser 107% du PIB cette année, à moins
que des mesures correctives ne soient rapidement mises en oeuvre.

 

Dans le cadre de la procédure en déficit
excessif dont elle fait l’objet, l’Italie s’est engagée à ramener son
déficit public sous 3% à la fin 2007, conformément à ce que requiert le
pacte européen de stabilité et de croissance.

 

“Le déficit italien est une bombe”, estimait
vendredi une source communautaire sous couvert d’anonymat.

 

“Avec la remontée des taux d’intérêts, il va y
avoir un effet boule de neige sur la dette, et la situation sera pire qu’au
début des années 1990”, ajoute cette source, qui prévoit “un ajustement plus
pénible” qu’à cette époque.

 

L’Italie avait alors réalisé un gros effort
pour juguler le déficit et la dette publics, afin de pouvoir adopter l’euro
en 1999.

 

Mais l’Italie a relâché ses efforts après son
entrée dans la monnaie unique et en paie aujourd’hui le prix, estime-t-on à
la Commission européenne.

 

Par ailleurs, le cas de la France est “loin
d’être réglé”, estime la source communautaire.

 

Il existe “un risque non négligeable” que, dès
2006, le déficit budgétaire français “se situe au-dessus du seuil de 3%” du
PIB, contrairement aux prévisions de Paris, estime la Commission dans une
note.

 

Pour 2007, Bruxelles prévoit un dépassement du
seuil, à 3,1%, à politique inchangée.

 

Dans ces conditions, la Commission se montre
réservée sur l’abrogation demandée par la France de la procédure de déficit
excessif dont elle fait l’objet depuis 2003, même si elle est de facto
suspendue.

 

“Une abrogation de la procédure de déficit
excessif nécessiterait des preuves claires que la correction est durable”,
indique la note.

 

 

© AFP 2006

Photo : Gérard Cerles