Banques et clients d’Euronext ne veulent pas d’une fusion à leurs dépens

Par : Autres

 

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Les banques françaises et les
utilisateurs de la plateforme boursière Euronext s’allient pour mieux
défendre leurs intérêts dans le processus de rapprochement des Bourses
européennes et éviter que la recomposition du secteur ne crée un monopole à
leurs dépens.

 

Après
plusieurs mois de gestation, cinq établissements actionnaires et
utilisateurs d’Euronext, BNP Paribas, le Crédit Agricole, Dexia, la Société
Générale et la Caisse des dépôts, qui détiennent environ 9,7% de l’opérateur
boursier paneuropéen, ont annoncé jeudi qu’ils avaient conclu un pacte
d’actionnaires.

 

Ces
banques disent vouloir “faire entendre leur voix dans le débat actuel” et
souhaitent voir émerger “un marché boursier avec des liquidités importantes,
des coûts de transaction faibles et un système sûr et fiable”.

 

Elles ont
donc décidé de se concerter régulièrement “en vue d’adopter des positions
communes sur les évolutions stratégiques d’Euronext”, alors que se rapproche
une assemblée générale du groupe, prévue le 23 mai, qui abordera la question
de la concentration du secteur.

 

Euronext
a en effet annoncé être en discussions avec plusieurs partenaires éventuels,
face aux appels à l’union de plus en plus pressants de son concurrent
allemand Deutsche Börse, et alors que le marché américain Nasdaq a pris
cette semaine une participation de 15% au capital de la Bourse de Londres
(London Stock Exchange, LSE).

 

Ce pacte
bancaire vient s’ajouter à un autre bloc constitué la semaine dernière. Mené
par Gérard Mestrallet, président du groupe Suez et de Paris Europlace,
organisme de promotion de la place financière de Paris, il rassemble une
vingtaine de sociétés cotées sur Euronext et d’investisseurs institutionnels
possédant moins de 5% du capital de la Bourse paneuropéenne.

 

L’objectif est similaire à celui
des banques: “nous attendons de toute consolidation supplémentaire une
nouvelle réduction des coûts”, a expliqué le président de Paris Europlace.

 

Le bloc dont il est l’un des
pricipaux animateurs (et qui incluerait plusieurs fleurons du CAC 40 comme
les groupes Axa ou Air Liquide) cherche donc à éviter que ne s’impose “un
modèle centralisé qui aurait certains monopoles” et serait en mesure de
maintenir des tarifs d’utilisation élevés.

 

Une critique directe du modèle
“vertical” de Deutsche Börse, un groupe qui contrôle toutes les activités de
la chaîne boursière (de la négociation des ordres aux opérations dites
post-marché, comme la compensation et le règlement-livraison des
transactions).

 

Les utilisateurs réunis autour
du président de Suez défendent au contraire le modèle “fédératif” d’Euronext,
dont les activités sont partagées entre différents pôles (les marchés
actions étant gérés depuis Paris, le marché à terme Liffe depuis Londres,
les options et dérivés depuis Amsterdam), et qui laisse place à la
concurrence dans la compensation et le règlement-livraison.

 

Mais au-delà de la seule
question des tarifs, les clients d’Euronext défendent aussi l’ouverture des
Bourses européennes hors du Vieux continent, et notamment en direction de
partenaires anglo-saxons.

 

Leur volonté est de “donner aux
acteurs de la place le meilleur accès aux marché internationaux”, selon M.
Mestrallet. Car une grande plateforme boursière s’étendant au delà de la
seule zone euro serait plus attractive pour les investisseurs, et
bénéficierait par ricochet à ses clients émetteurs et institutionnels.

 

 ©
AFP 2006

Photo : John Thys