Afrique – Etats-Unis : Tirer parti des fondements de l’AGOA

Par : Autres
 

Afrique – Etats-Unis

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Par
Tallel
BAHOURY

 

exportation2.jpgLa loi
sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA)
contribue certes à accroître les échanges commerciaux entre les États-Unis
et l’Afrique subsaharienne, mais il est nécessaire de les augmenter afin
qu’ils puissent favoriser le développement économique. C’est en substance ce
qu’a déclaré le président de l’association «Corporate Council on Africa» (CCA),
M. Stephen Hayes, lors d’un entretien accordé au Washington File le 27
octobre dernier.

Selon M. Hayes, «l’AGOA est un facteur très important et très positif dans
les relations entre les États-Unis et l’Afrique, mais un grand nombre des 37
pays pouvant prétendre en bénéficier n’ont pas pu le faire autant qu’ils
l’avaient espéré». Et de s’élever contre l’importance accordée par l’AGOA au
secteur du textile. Car certains pays, qui avaient réalisé de grands progrès
dans ce secteur, se trouvent maintenant dans une position très vulnérable du
fait de l’expiration, le 1er janvier 2005, de l’Accord multifibres de 1974.

Il faut rappeler que l’AGOA, promulguée le 18 mai 2000, offre des avantages
commerciaux aux pays d’Afrique subsaharienne désireux de libéraliser leur
économie et d’adopter l’économie de marché. Elle a été révisée à deux
reprises de manière à clarifier certaines de ses dispositions et à proroger
sa date d’expiration.

De coup, le président de la CCA préconise de mettre l’accent sur d’autres
secteurs, notamment l’agriculture qui joue un grand rôle dans tous les pays
africains, et de modifier la politique commerciale des États-Unis en matière
de produits agricoles. Mais cette suggestion risque de se heurter aux
accords de l’OMC dont les Etats-Unis et bon nombre des pays africains sont
signataires.

D’ailleurs, conscient que l’AGOA des limites auxquelles est confrontée, M.
Hayes invite les parties africaines à mettre en place des infrastructures
ainsi que des mécanismes nécessaires pour satisfaire la demande mondiale de
produits de qualité.

A ce niveau, les entreprises américaines doivent investir davantage en
Afrique, notamment dans le domaine industriel et dans le secteur de la
transformation des produits agricoles qui est plus rentable. Puisque, de
toute évidence, il est plus avantageux pour le pays d’origine d’exporter des
produits tels que du café, du thé et des fruits qui ont été transformés et
conditionnés sur son territoire.

Les deux piliers de la politique
africaine des États-Unis

Il est essentiel de savoir que la politique africaine des États-Unis repose
sur deux grands piliers, l’AGOA et le Compte du millénaire (MCA) sur
lesquels devraient être greffées d’autres initiatives.

Tout en reconnaissant les mutations considérables engendrées en Afrique
grâce à l’AGOA et le MCA, M. Stephen Hayes considère que ce n’est pas
suffisant. «Nous devrions cesser, a-t-il dit, de remanier l’AGOA (…). Il
nous faut élargir notre rôle dans les domaines politique et économique (…)
Il est dans notre intérêt que l’Afrique se développe car (…) c’est une
partie du monde où les États-Unis peuvent avoir un grand nombre d’alliés
fidèles».

A la suite de la récente réunion au sommet du groupe des Huit (G8) à
Gleneagles (Écosse), les pays qui ont pris un engagement envers l’Afrique,
ainsi que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, doivent
financer davantage le développement de l’infrastructure dans l’ensemble de
ce continent.

Par ailleurs, le secteur privé, en particulier le secteur privé des
États-Unis, est loin d’être irréprochable à son avis, et le CCA compte
envoyer des membres de son personnel aux quatre coins des États-Unis pour
convaincre les sociétés américaines qu’il est bon d’investir en Afrique.

En outre, et poursuivant l’analyse des relations entre l’Amérique et les
pays africains du Sud du Sahara, M. Stephen Hayes considère que
l’accroissement des échanges commerciaux entre l’Afrique subsaharienne et
les États-Unis sont également entravés par le manque de financement. Les
sociétés américaines ne s’implantent pas en Afrique parce qu’elles n’ont pas
les capitaux nécessaires à cet effet. Les établissements financiers
américains accordent rarement des prêts aux sociétés américaines désireuses
d’investir en Afrique, et en général les banques africaines n’aident pas les
petites entreprises du secteur privé.

Et cette situation est loin de s’arranger, puisque, concernant la question
de savoir si les entreprises américaines étaient conscientes des
possibilités qui existaient en Afrique, M. Hayes estime qu’il était
difficile de les convaincre de s’intéresser à ce continent. Un grand nombre
des petites et moyennes entreprises qui s’implantent en Afrique n’y restent
que un ou deux ans. Elles ont besoin de contrats, mais surtout de moyens
financiers pour développer durablement leur activité. C’est là un domaine où
il convient de remédier à la situation actuelle, a-t-il souligné.

Rappelons in fine que, créé en 1993, le «Corporate Council on Africa», qui
regroupe des entreprises américaines implantées en Afrique ou désireuses de
s’y implanter, a pour vocation de faciliter et d’accroître les relations
commerciales entre les États-Unis et le continent africain. Il collabore
étroitement avec les pouvoirs publics, des institutions multilatérales et
des entreprises en vue de contribuer à la création d’un climat propice au
commerce et aux investissements et de mieux faire connaître l’Afrique aux
entreprises américaines.