Les universités arabes à la traîne

Par : Autres
 

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C’est le
titre d’un article publié par Mohamed SIHADDOU, ingénieur en Télédétection
Toulouse-France, par sur plusieurs sites webs dont emarrakech.info du 26
septembre 2005, ou bien le Matin.ma. Nous avons sélectionné pour vous cet
article, compte tenu des informations qu’il contient.

En ce qui concerne la Tunisie, que ces information soient vraies ou fausses,
on remarquera que l’information fait encore défaut dans plusieurs domaines.
Pour s’en convaincre, lisez le contenu ci-dessous, car plusieurs idées sont
battues en brèche .

«Quand les organisations internationales dressent un tableau noir sur les
différents pays du monde, les pays arabes se trouvent généralement en tête
du classement : par exemple, les pays rongés par la corruption et la
mauvaise gouvernance, les pays à taux élevé de pauvres et d’analphabètes,
les pays accusés d’atteintes aux droits de l’Homme, à la liberté
d’expression et de la presse, etc.

Par contre, lorsqu’il s’agit de classer les meilleurs pays du monde au
niveau du développement, les pays arabes brillent par leur absence ou sont
classés souvent parmi les derniers. Tel est le cas du classement des
meilleures universités du monde.

L’Institut d’Enseignement Supérieur de l’Université Jiao Tong de Shanghai
publie régulièrement le classement des 500 meilleures universités du monde;
et chaque année, c’est le même résultat qui ressort : aucune université
arabe ne figure dans ce classement. Sur les 100 premières universités,
toutes sont américaines, canadiennes, européennes, japonaises et
australiennes.

Parmi ce palmarès triste pour les pays arabes, on trouve quand même une
université israélienne (Université Hébraïque de Jérusalem) qui occupe la 78e
position et 5 autres universités israéliennes parmi les 500 meilleures du
monde. Au niveau de l’Afrique, sur les 500 universités du monde classées, on
dénombre seulement 4 universités et toutes sont sud-africaines.

Cette tendance du classement est encore bien soulignée par le site Internet
Webometrics qui confirme la prédominance des universités américaines sur les
autres universités du monde. Sur les 100 meilleures universités du monde, 74
universités sont américaines; encore mieux, les 25 premières universités,
sont exclusivement américaines.

Il y a lieu de constater également la domination des universités des pays
anglophones sur les autres universités (francophones, espagnoles,
arabophones,…) et l’absence des universités arabes au top du classement. Au
niveau du classement à l’échelle du continent africain, l’Afrique anglophone
prend le relais des autres universités africaines.

L’Afrique du Sud aligne à elle seule 31 universités parmi les 100 meilleures
universités du continent; cinq universités sud-africaines occupent les cinq
premières places.

Qui dit classement dit jugement, et qui dit jugement dit aussi sélection ou
encore sanction. Le classement de l’Université de Shanghai et celui de
Webometrics sont très inquiétants pour les responsables des universités
arabes et les ministères chargés de l’Enseignement supérieur et de la
recherche dans les pays arabes. Les universités arabes sont-elles parmi les
pires au monde? N’y a-t-il aucune université arabe digne de ce nom pouvant
rivaliser avec d’autres grandes universités dans le monde? Ou bien les
études menées par ces deux organismes ne sont pas sérieuses ou demeurent
imparfaites?

Difficile d’apporter à ces questions des réponses tranchées. Pour établir le
classement des 500 meilleures universités du monde, les chercheurs de
l’Institut d’Enseignement Supérieur de l’Université Jiao Tong de Shanghai
ont réalisé leur enquête de par le monde à partir de cinq critères: les
lauréats du prix Nobel, le nombre de chercheurs de haut niveau, les articles
parus dans Nature et Sciences et dans l’Index des citations (scientifiques
et sciences sociales) et la performance universitaire de chaque
établissement.

Jusqu’à présent, aucune université arabe n’a eu l’honneur de produire un
lauréat du prix Nobel. La citation des recherches universitaires arabes dans
des publications internationales sont extrêmement rares. Les universités
arabes publient souvent leurs travaux en arabe et dans des revues locales,
ce qui n’est sûrement pas à leur avantage. Certains pourront dire aussi que
l’enquête est incomplète, puisque l’analyse ne peut pas encore quantifier
plus précisément les études et les recherches des universités en Sciences
Humaines.

Si le classement de l’Université de Shanghai est discutable puisqu’il se
base sur le prix Nobel et tend à ignorer ou à minimiser les publications
dans d’autres langues que l’anglais et favorise les grands établissements
sur les petits : est-ce que le classement du site Internet Webometrics est
aussi contestable ?

L’Observatoire Webometrics donne une vue générale de la science et de la
technologie publiées sur le Web. Dans cette approche, l’Observatoire prend
en compte un nombre varié des activités scientifiques publiées dans les
sites Internet des universités. Il établit son classement suivant les
critères de volume des publications sur le Web, de l’impact des pages Web
mesurés par le nombre de fois que le site est cité et par le nombre de liens
qu’il reçoit.

Webometrics qui dépend d’un laboratoire de recherche en Internet est dédié
spécialement à l’étude quantitative des données concernant la communication
universitaire sur Internet. Ce laboratoire a créé un journal électronique (Cybermetrics)
qui se base sur la webométrie en utilisant les liens hypertextes à la place
des citations dans les bibliographies pour établir des classements. Or, la
plupart des universités arabes ne sont pas informatisées ou n’ont pas accès
à Internet.

Pour autant, le résultat des deux enquêtes n’étonne aucun observateur, ni
expert en matière d’enseignement supérieur et de recherches universitaires.
Les universités arabes, pour la plupart publiques, sont financées par les
gouvernements, sans aucune exigence en matière de qualité, ni rendement
académique, ni scientifique. Il n’existe aucune norme sérieuse pour évaluer
ces universités arabes.

La solution pour améliorer le rendement de ces universités, comme pour
beaucoup d’autre domaine, est hélas financière et relève également de la
bonne gouvernance et de l’investissement dans les ressources humaines. La
rigueur – intellectuelle et financière des universités américaines,
canadiennes, européennes et japonaises est évidente dans leur classement.

Et le Maroc dans tout cela? Quelles sont ses universités de niveau
international ? Combien y en a t-il au Maroc qui peuvent être qualifiées
ainsi ? Comment les universités peuvent-elles être évaluées et comparées au
niveau mondial ?

Dans ce dernier classement Online de Webometrics sur lequel nous nous
appuyons dans cet article, le Maroc s’en sort modestement et seulement à
l’échelle maghrébine. Au niveau des 100 meilleures universités africaines,
l’Université Cadi Ayyad occupe la 31ème position, l’Ecole Mohammadia
d’Ingénieurs, la 37ème position, l’Université Chouaib Doukkali Al-Jadida, la
76ème position et l’Université Mohamed I d’Oujda la 83ème position. On
trouve seulement deux universités tunisiennes (39ème et 97ème) au top des
100 meilleures universités africaines, tandis que les universités
algériennes (64ème , 68ème, 72ème, 73ème, 80ème, 81ème, 99ème) n’arrivent
dans ce classement qu’après les universités des deux pays maghrébins.

Les universités marocaines ne remplissent pas complètement les critères de
Webometrics en terme des Nouvelles Technologies de l’Information. Cela
soulève la question de l’appropriation et de l’intégration des Nouvelles
Technologies de l’Information et de Communication dans nos universités. Nos
universités sont très déficientes dans l’utilisation de cet outil
indispensable à l’enseignement et à la recherche.

Il n’est pas étonnant de constater que même dans des facultés de
l’information et de communication ainsi que des sciences, l’ordinateur est
une denrée rare. C’est le fait de l’appauvrissement et de l’indifférence du
pouvoir public en ce qui concerne l’enseignement et la recherche en général
au Maroc.

J’ai été moi-même saisi de pitié en visitant certaines universités
marocaines, sans les nommer, de constater que la bureautique est
inexistante! Des bureaux administratifs misérables utilisant jusqu’à
aujourd’hui la machine à écrire et de même que les bibliothèques ne sont pas
informatisées. Certes, certaines universités disposent du site Internet,
mais pas réellement fonctionnel ou n’est pas régulièrement mis à jour !

Si le Maroc en général est déjà en déséquilibre face au monde dit développé,
il est encore très loin et très déséquilibré en ce qui concerne
l’intégration des Technologies de l’Information dans les universités.
Comment alors, dans ce cas, promouvoir le développement et le progrès sans
une politique adéquate de l’enseignement et de la recherche moderne. Les
priorités du Maroc sont certes nombreuses mais la modernisation de
l’université en est une.

L’université marocaine a tout à gagner en intégrant les Nouvelles
Technologies de l’Information et de la Communication. Il en va de sa
promotion et de sa participation à la compétitivité qui caractérise
actuellement les universités à travers le monde. La concurrence entre les
universités est devenue aujourd’hui un fait incontournable.

Les classements mondiaux des universités publiés par l’Université Shanghai
Jiao Tong et le site Webometrics ont provoqué des colloques, des séminaires
dans beaucoup d’universités qui ne se sont pas reconnues dans ces
classements. En France par exemple, les professeurs et les chercheurs ont
été invités à réfléchir sur l’avenir des universités hexagonales suite à ces
classements. Des forums très animés à travers le monde sur le sujet, et rien
ne se passe au Maroc.

L’université marocaine continue à produire des diplômés condamnés au
chômage, car non formés dans la faculté ou l’école de l’excellence et dans
les filières adaptées au marché du travail.

Au Maroc, il faut tout revoir: le financement, les filières, l’orientation,
les programmes et l’utilité même de subventionner certaines filières de
l’enseignement supérieur qui mènent droit au chômage et ne produisent pas
une valeur ajoutée dans le domaine du savoir et des recherches. Il faut
d’urgence en finir avec cette situation dramatique qui fait grossir chaque
année les rangs des diplômés-chômeurs.

L’étudiant et le chercheur marocain font leurs preuves quand ils trouvent
les moyens nécessaires pour travailler. Beaucoup d’universitaires marocains
ont réussi leurs études dans des universités occidentales de renommée
mondiale.

La France, comme d’autres pays occidentaux, compte de nombreux professeurs
et chercheurs marocains. Mais l’excellence et la qualité des études et des
recherches que nous voulons voir s’incarner dans nos universités ne sont pas
obtenues au pays; il faut obligatoirement sortir du pays pour les voir se
réaliser.

L’hémorragie de la fuite des cerveaux ne s’est pas atténuée au fil des
années, alors que le pays a besoin actuellement de milliers d’ingénieurs et
de cadres qualifiés pour faire face à la concurrence sauvage engendrée par
la mondialisation et les défis énormes du développement.

Comme l’Inde, la Chine et la Corée du Sud et d’autres pays, le Maroc a
l’intérêt et le devoir à rapatrier ses compétences qui sont dispersées
partout dans les pays développés. Comment voulons-nous que soit cité le
Maroc de demain ? C’est seulement par cette prise de conscience que le Maroc
cessera d’être connu dans le monde seulement par sa cuisine, ses folklores
et ses médinas».


(Source : Matin.ma du 28/09/2005)