La phrase de l’agence de notation vaut, si on ose dire, son pesant d’or. «Après s’être effondrée en 2002, sous l’effet combiné d’importants engagements sur de grandes entreprises en grandes difficultés, Batam en l’occurrence, et d’une distribution de crédit restreinte par l’adoption de règles de sélection plus strictes, la rentabilité de l’UBCI se redresse en 2003 ». Jugez-en : Le rendement des actifs passe de 0,68% à 1,09%. Le rendement des fonds propres augmente de 5,02% à 7,53%. En parallèle, le total actif augmente de 34 MDT, les fonds propres s’accroissent de 11.2 MDT. Au final, le résultat net de la banque passe de 7.1 MDT à 11.1 MDT et augmente ainsi de plus de 55%. Maghreb Rating (MR) explique que « cette amélioration des résultats a été rendue possible, par une forte baisse des dotations aux provisions par rapport à 2002 ayant compensé la baisse des revenus ». Ces derniers ont en effet baissé de 7,2 MDT. En face, les dotations aux provisions et résultat de correction de valeurs sur créances, hors bilan et passif, reviennent de 20,1 MDT en 2002 à seulement 9,8 MDT.
La banque a fait le ménage
D’un avis plutôt positif sur la banque, MR trouve qu’elle a su éviter les secteurs d’activité problématiques, tels que l’agriculture ou le tourisme. «Nous avons fait le ménage en nous débarrassant de certains clients que nous considérions comme à problèmes potentiels et cela a aussi concerné quelques entreprises relativement importantes. En contre partie, nous avons développé la partie des Particuliers, sans oublier bien sûr les professionnels. Désormais donc, notre grande ligne de métier c’est la banque de détail » précisait Jacques Ardant, administrateur directeur général adjoint, au cours d’une rencontre qui date de plusieurs semaines.
Avant cela, l’UBCI comme d’autres banques Tunisiennes n’a pas pu s’empêcher de «tomber dans le piège» du secteur de la distribution et d’en payer le prix. Le ratio des créances classées se situait chez elle, en 2003, à 18,7%. Des créances provisionnées à hauteur de 76,7%.
Notons, à ce propos, que le total brut des créances de l’UBCI sur la clientèle, s’élevait à 857,7 MDT, une enveloppe certes en léger recul.
Cette baisse des encours de crédits, le management de la banque l’explique par le fait d’avoir été beaucoup plus sélectif. Sur ce total des créances, la banque estime que seuls 142,9 MDT, sont jugés douteux et a mis 101,2 MDT pour les provisionner. On ne peut s’empêcher ici de noter que même si le montant des crédits de classe 4 ont diminué (106 MDT contre 121,4 MDT en 2002), elles restent les plus importantes du lot. Celles de la classe 2 et 3 engageaient aussi, en 2003, un net mouvement ascendant !
Lors de la même rencontre, Jacques Ardant nous déclarait aussi qu’«à l’UBCI, la partie nettoyage, ou toilettage, de la banque est derrière nous. Depuis cet été, nous avons bâtit un plan de développement, avec pour objectif de retrouver en 2006, nos parts de marché naturelles et de passer ainsi de 4,5 à 6% en croissance interne, ce qui représentera une augmentation de 30%. Il faudra, pour cela, augmenter notre réseau d’agences au rythme de 10% l’an (ouverture de 4 à 5 agences l’an) sur les trois prochaines années, travailler beaucoup plus la clientèle de professionnels particuliers, changer nos horaires d’ouverture pour certaines agences, re-segmenter la clientèle et adapter les produits et les forces de vente à chaque segment ».
Un intérêt scoré, pour les Particuliers
A titre d’exemple de ces nouveaux produits que prépare l’UBCI, on apprend de notre côté de source proche de la banque, que celle-ci travaille avec «Carrefour Tunisie», comme le fait CETELEM (une banque française spécialisée dans le crédit à la consommation). L’UBCI travaille en crédit scoré, depuis l’ouverture de Carrefour et réalise un chiffre d’affaires de plusieurs millions de Dinars. Le volume d’encours serait de 3 à 4 MDT et cela monte en puissance, nous assure-t-on. L’UBCI serait ainsi la seule banque à faire un crédit scoring sur la place. Elle serait même selon nos sources, entrain d’étudier une carte privative Carrefour qui permettrait un crédit revolving, sur le même système de scoring.
Mettons aussi, au crédit de la banque, une nette évolution et net effort en matière de dépôts et avoirs de la clientèle. Dans toutes ses composantes, cette rubrique a nettement progressé, passant de 612 MDT à 695,4 MDT. Maghreb Rating fait même remarqué que «les dépôts volatiles de la clientèle institutionnelle, sont évités depuis 2002» et les dépôts stables constituent maintenant 70% des ressources, même s’ils sont à 60% non rémunérés. Et même si la liquidité de l’UBCI est jugée tendue (70% des actifs sont en crédits et 58% des crédits clients sont classés !), l’agence de notation ne semble pas inquiète à cause de la faculté qu’elle a de tirer sur des lignes de crédits octroyées par la BNP, «ce qui lui procure une relative protection contre les risques de liquidité».