Le travail à domicile, idée à suivre

Par : Autres

 

C’était
en octobre 1991

Le travail à
domicile, idée à suivre

 

travail0804.gif« Mon
bureau chez moi
»: les conditions socio-économiques et les outils
technologiques vont faciliter de plus en plus la réalisation de ce rêve.

 

Le
raz-de-marée du travail à domicile prédit avant l’an 2000 dans les années 70
par les experts n’a pas encore eu lieu. Pourtant, l’idée refait surface,
comme l’atteste le frémissement du marché américain, précurseur des grandes
lames de fond sociologiques. «
Le Center for Research
a comptabilisé 9 millions de travailleurs à domicile en 1989. 600 000
utilisent des micro-ordinateurs reliés à des entreprises par des réseaux de
télécommunication contre 20 000 seulement en 1982
», note Jérôme
Rousseau dans son ouvrage Habiter Demain.

 

Les
expériences novatrices se multiplient. AT&T équipe ses commerciaux de
bureaux de poche leur permettant de travailler où bon leur semble. Quatorze
salariés de France Télécom Lyon traitent les télégrammes à domicile une
semaine sur deux. Un ingénieur IBM handicapé compose les ouvrages techniques
de l’entreprise chez lui. Travaillant à deux tiers de temps pour MCS, une
société-conseil en management, une assistante de rédaction ne vient plus au
bureau que pour les réunions de service. Un conseil en télécommunications
monte sa propre affaire et démarre à domicile…

 

En fait,
les conditions socio-économiques sont mûres pour favoriser l’éclosion du
travail à domicile. Sur le plan technologique, la miniaturisation des outils
indispensables au travail à domicile (micro, fax, téléphone-répondeur,
minitel, télécopieur…) associée à des baisses de prix conséquentes le
rendent aujourd’hui beaucoup plus rentable, tant pour les entreprises,
désireuses d’équiper leurs collaborateurs, que pour les travailleurs
indépendants.

 

Les
durées de transport sont devenues de vraies pertes de temps et d’énergie,
expliquant que les plus mal lotis soient prêts à travailler chez eux à temps
plein ou de façon temporaire, avant un rendez-vous mal placé dans la
journée, par exemple. Dans ce dernier cas, le domicile se transforme en
véritable bureau de dépannage. D’autre part, les salariés, qui cherchent de
plus en plus à équilibrer vie professionnelle et vie privée, peuvent tirer
avantage à travailler chez eux à certains moments de leur vie : naissance ou
maladie d’un enfant, besoin de prendre du recul par rapport au quotidien…
Enfin, l’environnement professionnel est plus propice que jamais au travail
à domicile car on mesure de plus en plus la performance d’un travailleur à
la réalisation de ses objectifs, ce qui n’implique pas nécessairement le
strict respect d’horaires passés à l’usine ou au bureau.

 

La
formule a donc de quoi séduire : femmes, cadres en vadrouille, créateurs de
petites entreprises, handicapés, professions intellectuelles exigeant
autonomie et concentration. Mais son expansion se heurte à des obstacles
psychologiques et organisationnels. Habitué à contrôler le travail sur des
critères de présence horaire, l’employeur doit profondément remettre en
question ses grilles d’évaluation et apprendre à considérer le salarié
davantage comme un partenaire que comme un exécutant. Par ailleurs, on voit
encore mal comment la notion d’entreprise, qui repose sur un travail
collectif fait de réunions, d’échanges et de liens formels ou informels,
pourrait survivre si chacun travaillait à domicile. De leur côté, les
salariés peuvent aussi souffrir de l’isolement et ne plus être capables de
faire la coupure entre travail et vie privée.

 

En fait,
l’option travail à domicile devrait se régler au coup par coup en fonction
des entreprises, des cas particuliers de tel ou tel salarié dans le contexte
plus global de l’aménagement du temps de travail, lui même plus que jamais à
l’ordre du jour.

 

 

C. L.

Octobre I99I

 

(c)
Webmanagercenter – Management & Nouvelles Technologies -12/04/2004 à
09:00