BTEI : Le « n’eut été » de toutes les incertitudes !

Par : Autres

BTEI : Le « n’eut été » de
toutes les incertitudes !

Par
Khaled BOUMIZA

 

La BTEI
réalisait en 2003 un résultat net en hausse sans précédent de près de mille
pour cent, malgré une petite
(en comparaison avec la hausse du résultat)
hausse du total actif et la baisse de 12% de son PNB. L’agence de notation
MR relève les notations accordées à cette banque de développement. Cela ne
semble pourtant pas dû aux propres performances de la banque
(Elle n’y croit pas
et le démontre), mais au seul parapluie du soutien étatique Tunisien.
Détails.


Fitch Ratings, vient de lever la mise sous surveillance des notes
internationales attribuées à la BTEI (Banque Tunisie Emirats
d’investissement) et même de les relever à BBB- avec perspectives stables et
à F3 pour la note court terme. Elle était aussitôt suivie par son agence
Tunisienne, Maghreb Rating (MR), qui a levé elle aussi sa mise sous
surveillance pour les notes nationales de AA- (Créances pour lesquelles
l’aptitude au paiement en temps et en heure du principal et des intérêts est
très forte, comparativement aux autres entités émettrices de dettes dans le
pays.
) avec perspective d’évolution stable et de F1+ (Créances pour
lesquelles l’aptitude au paiement en temps et en heure du principal et des
intérêts est la plus forte, comparativement aux autres entités émettrices de
dette dans le pays. Dans le cas où les émetteurs présentent une solvabilité
particulièrement forte, un signe “+” peut compléter la note F1
pour le
court terme).


Mais le plus important dans cette décision, c’est surtout l’explication
donnée par l’agence de notation et la remarque qui accompagne cette
appréciation. Les notes attribuées à la BTEI, MR l’explique
essentiellement par le soutien que, du point de vue de MR, l’Etat Tunisien lui apporterait si elle venait à faire face à des
difficultés. Ce qui est plus important, c’est lorsqu’elle note que
« n’eut été ce soutien, les notes de la BTEI,
reflèteraient l’incidence du différé de paiement des dividendes des ADP en
2001, une qualité d’actifs et une profitabilité faibles, selon les normes
internationales, ainsi que des incertitudes quand à la capacité de la BTEI
de se transformer en banque universelle compétitive.»
Une
appréciation qui en dit long sur les véritables performances de la banque.


En effet, cette banque gère un portefeuille crédits exclusivement de moyen
et long terme, à 65% dominé par les grandes entreprises et le secteur
touristique y accapare 60% des encours de crédits. Tout le monde sait que se
sont les grandes entreprises qui sont les plus endettées et que c’est le
secteur touristique qui a fait le plus de «dégâts» chez certaines banques
les obligeant à plus de provisions.


Chez la BTEI, le portefeuille de créances classées est de 43,5 MDT, certes
cédé à une filiale de la banque. Le ratio des créances classées a ainsi pu
être ramené de 30 à 10% à fin 2003. Mais la banque est fortement engagée
dans le secteur touristique et l’agence de notation n’a jamais été aussi
optimiste que les banquiers sur la valeur réelle et le calcul de cette
valeur des garanties reçues. «les dotations aux provisions étant établies
après déduction de la valeur des garanties, l’estimation de la valeur réelle
des investissements hôteliers, qui constituent une large part des garanties
détenues, ainsi que la valeur des titres de participations investies dans le
secteur privé, sont difficiles à vérifier
», remarque l’agence de notation.


Pour provisionner, la banque avait dû différer le paiement de 1,8 MDT en ADP
et mettre à contribution la plus value réalisée suite à la vente de sa
participation dans une banque locale. Et l’agence de se demander, en
substance et indirectement, ce qu’elle fera dans l’avenir avec la
transformation, attendue et certainement plus coûteuse, en banque
universelle et un refinancement plus coûteux auprès des institutions
internationales ?

 

Il est vrai, qu’en attendant,
les besoins en provisions ont nettement diminué en 2003. Les dotations aux
provisions et résultats des corrections de valeurs sur créances, hors bilan
et passif et des corrections de valeurs sur portefeuille d’investissements,
ne sont en 2003 que de 1,4 MDT contre 18,9 MDT une année auparavant.


Maghreb Rating soulogne que la BTEI «qui n’a pas su par le passé se conformer
aux règles prudentielles locales en matière de liquidité»
. L’agence de notation remarque aussi
une «gestion rudimentaire, de l’exposition au risque de taux» et
attire l’attention sur la nécessité d’analyser le fort ratio de solvabilité
(55% à fin juin 2003), en relation avec les problèmes de qualité d’actif.


En attendant tout cela, le résultat net de la BTEI, pour l’exercice 2003,
fait un bon de 969 %, malgré un PNB qui recule de 12% et un total actif
qui n’augmente que de 15,3%.
 

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05
/ 04 / 2004 à 07 : 00