BTEI(1): Baisse du cours des ADP à la bourse de Tunis
Une simple question d’information
Chronologiquement, « l’affaire BTEI » (si l’on peut encore appeler cela une affaire !!) a commencé le mercredi 24 juillet, lorsque les actions à dividende prioritaire (ADP) de cette banque ont amorcé une légère chute et qu’il a fallu suspendre les cours à la bourse pour endiguer le vent de panique. Cela a fait suite à des informations relatives à des changements dans les états financiers de la banque dans le sens d’une révision à la baisse des bénéfices de l’exercice 2001 et faisant aussi état de l’intention de reporter le paiement des dividendes des ADP.
Il n’en fallait pas plus pour emballer les actionnaires.
Transformer la BTEI de banque de développement en banque universelle
La décision de report fait suite à la décision stratégique, prise au mois de juin dernier, de profiter des dispositions de la nouvelle loi réglementant le secteur bancaire pour transformer la BTEI de banque de développement en banque universelle. « On a voulu que la banque entre dans cette nouvelle phase dans de très bonnes conditions d’assise financière et nous aligner sur les standards internationaux et ce par le provisionnement total des actifs classés » nous précise M Kamel Naji DGA de la B.T.E.I.
Les actifs classés (2,3 et 4) représentent en fait 28 % des concours à l’économie de cette banque, un montant net de provision de 19 MDT pour la classe 4 et un pourcentage généralement reconnu pour être une proportion non inquiétante, d’autant plus que les fonds propres nets de la banque totalisent un montant de 125,8 MDT dont 35,8 sous forme de réserves. « Ceci, d’autant plus que ce ne sont pas des actifs pourris, mais des actifs sains et des créances prometteuses, mais qui rencontrent quelques difficultés dues à la conjoncture et qui figurent dans notre bilan » ajoute encore Kamel Naji.
Le provisionnement avait pour but de sortir ces actifs du bilan de la banque (de les externaliser selon le jargon bancaire) et de les confier, au dinar symbolique, à une société de recouvrement filiale de la banque. D’un capital de 300 mille DT, celle-ci a été créée début juillet et les actifs en question lui ont été transmis début du mois courant. L’opération a été faite selon un mécanisme financier qui ne devrait engendrer aucune perte pour la banque, mais lui permettre d’améliorer la proportion des actifs classés pour les ramener à une fourchette comprise entre 5 et 10 % et d’améliorer ainsi la qualité de son bilan.
Vendus au dinar symbolique et n’étant pas encore totalement recouverts par les provisions et néanmoins couverts par les garanties, ces actifs devaient être provisionnés dans les comptes de la banque. Pour cela, il y avait plusieurs solutions et la BTEI a fait son choix. « Nous avons en effet choisi que cet effort ne soit pas supporté, ni par les réserves ni par le capital, mais par les bénéfices des exercices 2001 et 2002 ».
Cela aurait pu se faire sans aucun problème, si les premiers résultats de l’année 2001 n’avaient été publiés dès le 31 janvier dernier, annonçant des gains de l’ordre de 7,7 MDT et qui devaient donner 1,8 MDT de bénéfices aux détenteurs des ADP qui les attendaient.
Entre-temps et pour bien préparer cet important événement qui devait être officialisé au cours de l’A.G.O du 5 août, la banque a fait auditer ses comptes et tenu, le 19 juillet, sa réunion annuelle avec la BCT. Le même jour, elle transmettait l’ensemble des informations relatives au changement de ses états financiers et sa proposition a l’A.G.O de ne pas distribuer les dividendes, aux actionnaires par le biais du CMF et de la B.V.M.T.
Le même jour aussi, même si cela a coïncidé avec un vendredi, la BTEI a publier un communiqué de presse (sorti le 20 juillet sur deux quotidiens de la place) convoquant l’assemblée générale ordinaire pour le 5 août et mis toute la documentation y affairant, dont les projets de résolutions concernant la non-distribution de dividendes, à la disposition des actionnaires.
A noter que le capital de la BTEI est à 78 % formé d’actionnaires ordinaires, les autres 22 % restant sont formés d’A.D.P détenus par une dizaine de milliers d’actionnaires et représentant la somme de 20 MDT dans le capital. Ils sont en fait à l’origine de la cotation des titres de cette banque à la bourse de Tunis. Ces détenteurs d’A.D.P bénéficient certes des mêmes droits reconnus aux actionnaires ordinaires, mais cela n’inclut pas le droit de vote sur les décisions prises ou les projets de résolutions présentés par l’A.G.O ou l’A.G.E.
« L’option prise de différer la distribution les dividendes de 2001 et 2002, est un simple report», nous certifie cependant K.Naji qui précise aussi que « le dividende des ADP pour les années 2001 et 2002, sera servi à la clôture de l’exercice 2003. Le dividende reste donc dû et la banque est capable d’honorer ses engagements dans ce sens » ajoute le DGA de la B.T.E.I.
Ahmed Belaïfa, commissaire aux comptes confirme de son côté et certifie que tous les paramètres et tous les fondamentaux de la banque sont bons. Les chiffres des 6 premiers mois de l’année 2002 le confirment aussi.
Les approbations sont en effet passées de 27,8 MDT en 2001, à 82,5 MDT cette année. Les engagements sont passés de 14,6 MDT à 38,8 MDT et les décaissements de 7 MDT à 25 MDT avec une évolution de 11,7 % des produits de la banque et de 5,4 % du PNB (produit net bancaire).
Le changement des résultats sous l’effet de la constitution des provisions a certes eu un effet direct sur le cours des ADP de la BTEI à la bourse. La direction ne s’en émeut cependant que très peu. « C’est une première réaction que nous comprenons » explique K. Naji, « ce qui importe le plus dans cette réaction, c’est le volet quantitatif et nous pouvons certifier qu’il n’a pas été important ni inquiétant ».
En attendant, la BTEI prépare tranquillement sa transformation de banque de développement en banque universelle. Une mue qui devrait intervenir au début de l’année prochaine (2003). Un cabinet international travaillera prochainement sur un business plan qui devrait être prêt à la fin de l’année et qui déterminera les différents scénarios de développement des activités de la banque en tant que banque universelle.
Depuis cette fameuse journée du 24 juillet, où le titre ADP a été légèrement chahuté, tout semble être rentré dans l’ordre et la confiance retrouvée, compte tenu des caractéristiques de ce titre à savoir sa liquidité, sa sécurité et son rendement. De l’avis de la place et des experts du marché, le management de la banque a su réagir à temps et l’échanges d’information entre la banque et les intermédiaire a permis le ralliement de ceux-ci à la stratégie futuriste de la banque. Le challenge est donc relevé. M K Naji l’a indiqué clairement au cours de sa réunion avec les intermédiaires « la banque a fait le choix de l’ouverture de son capital a travers les ADP et ne peut vivre en dehors du marché. Celui-ci a certes ses règles et nous nous y plieront à travers l’intérêt que nous accorderont désormais au volet de la communication » .
(1) Banque de Tunisie et des Emirats d’investissement