Tunisie – Environnement : La valorisation des déchets nécessite l’adaptation des lois

Par : TAP

La valorisation des déchets ménagers et assimilés en Tunisie et le tri à la source constituent des alternatives pour mettre un terme à la crise de gestion des déchets en Tunisie. Cette crise persiste depuis la révolution en raison du dysfonctionnement du système actuel, du changement du comportement à la fois des citoyens et des ouvriers municipaux et des mouvements de protestation qui ont suivi le soulèvement de janvier 2011.

Selon Abderrazek Ben Khelifa, secrétaire d’Etat chargé des Collectivités publiques et locales, le potentiel des déchets recyclables s’élève à 8 millions de tonnes par an en Tunisie. Si plusieurs investisseurs tunisiens et étrangers ont exprimé leur volonté d’initier des projets de valorisation des déchets depuis 2012, quelques projets seulement ont été concrétisés, faute de lois appropriées et en raison des interférences des responsabilités des structures concernées, a-t-il précisé.

Or, des projets de valorisation et de recyclage ne pourraient être concrétisés sans solutionner les difficultés d’ordres réglementaire et institutionnel et simplifier les procédures, ont estimé plusieurs responsables présents, mardi, à la journée d’étude organisée par le ministère de l’Equipement, de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire en collaboration avec l’ANGED et la Direction générale des collectivités publiques et locales au ministère de l’Intérieur.

Au nombre de ces difficultés et entraves, Ben Khelifa a cité le cadre juridique actuel qui limite les prérogatives de certaines structures comme l’ANGED et stipule que les municipalités sont les responsables de la collecte, du traitement et de la valorisation des déchets, l’absence d’incitations financières pour l’investissement dans le secteur de valorisation des déchets, l’absence du tri sélectif, la quantité des déchets qui semble parfois en deçà du seuil espéré par l’investisseur privé pour le lancement d’un projet et la caractérisation des déchets ménagers en Tunisie qui complique les opérations de tri et rend moins rentable les initiatives de recyclage.

Les objectifs escomptés selon les intervenants à cette journée sont d’améliorer la concertation entre les structures intéressées (ANGED, ANPE, municipalités, conseils municipaux), renforcer les ressources humaines dans les chaînes de gestion des déchets et redéfinir les modes de gestion des déchets dans le sens d’un passage à une deuxième génération de projets de gestion de déchets autre que l’enfouissement dans les décharges contrôlées.

Mounir Majdoub, secrétaire d’Etat chargé du Développement durable, a qualifié la situation environnementale de «critique» en raison de l’accumulation des déchets, soulignant la nécessité de “migrer vers une deuxième génération de projets de gestion de déchets basés sur le concept des 3R (Réduire, Recycler et Réutiliser)”.

Il a annoncé, dans ce contexte, que des cimenteries, sans citer lesquelles, ont exprimé leur prédisposition à exploiter les combustibles provenant surtout de la valorisation énergétique des déchets organiques.

Concernant la crise de déchets à Djerba, il a évoqué “un possible dénouement dans les prochains jours à travers les concertations entre tous les intervenants et les citoyens de l’Ile”.

Mokhtar Hammami, directeur des collectivités locales, a évoqué, quant à lui, une amélioration de la situation en ce qui concerne la prolifération des déchets, précisant que le problème n’est plus généralisé dans la mesure ou 14 gouvernorats sont parvenus à résoudre les problèmes d’accumulation des déchets.