Le projet d’augmentation de la retenue à la source de 20 à 35% sur le revenu des dépôts à terme risque de porter un coup dur pour le système bancaire et l’ensemble de l’économie, et ce pour différentes raisons.
D’abord, le système bancaire est, depuis une dizaine d’années, dans une situation de liquidité très difficile à cause de la réduction des dépôts et de l’épargne.
Le pompage effectué en permanence par l’Etat pour le financement d’une partie de son déficit n’a laissé que très peu de disponibilités pour le secteur économique et surtout privé (l’effet d’éviction).
L’augmentation de cette retenue va être perçue comme une hausse d’impôt et va amener les déposants à retirer leur argent et à priver les banques de ressources stables très utiles.
L’argent retiré va être en grande partie thésaurisé, sinon aiguillé vers la consommation de produits de luxe (bijoux, voitures…) en grande partie importés et allongerait encore notre déficit courant (balance de devises).
L’autre destination, plus dangereuse encore, est la fuite de ces capitaux vers l’étranger d’autant plus que les conditions actuelles sont très propices (insécurité, harcèlement fiscal, corruption, invisibilité …).
Parmi les arguments évoqués pour justifier cette mesure, c’est pour amener les déposants à investir cet argent considérés comme improductifs. Or ce n’est pas le cas. Plusieurs raisons peuvent empêcher ces gens d’investir : l’absence de projet, de qualification ou de visibilité, l’aversion au risque, l’insuffisance de financement… Mais le rôle des banques c’est l’intermédiation financière, c’est-à-dire de canaliser ces capitaux a priori improductifs des agents en excédents à ceux en déficit (des investisseurs par exemple).
L’autre raison évoquée est de mettre fin à des pratiques malsaines qui consistent à emprunter auprès d’une banque pour placer chez une autre à un taux plus élevé. Encore une fois, la solution ne réside pas dans l’augmentation de la retenue à la source mais dans un meilleur contrôle par la Banque centrale de ces opérations à travers la société de télécompensation par où passent tous les virements.
Je me demande où sont la banque des banques et l’Association professionnelle des banques pour se défendre contre ce projet.