JCC 2016 : “The Beach House” de Roy Dib, une fiction qui renvoie au Théâtre

roy-dibLe temps d’une heure 15 minutes, Roy Dib invite les spectateurs à une soirée entre amis à “La maison de la mer”, (The Beach House) une demeure libanaise entre rochers et vagues où les scènes se succèdent et les histoires prennent à chaque fois une nouvelle tournure.
Roy Dib, artiste et critique libanais revient au cinéma avec ce film, une fiction libanaise en lice dans la compétition “première œuvre” des 27èmes Journées cinématographiques de Carthage (JCC).

Mis à part une scène de quelques minutes sur la plage à la fin du film, toutes les autres scènes sont tournées dans le même chalet de la vieille bourgeoisie libanaise. Après une soirée musicale entre amis interprétée par Leila, la soirée continue avec un diner entre elle, sa sœur Raya, Youssef et Rawad, anciens amis de Leila qu’elle n’a pas revus depuis près de dix ans. Entre souvenirs du passé et jeux, la soirée se prolonge avec des confessions sur des histoires de vie et d’amour inachevées ou incomprises.

Présent au cinquantenaire des JCC, le cinéaste parle du décor, une maison construite d’une façon rigide, sous forme de cube sur un rocher bâti par un célèbre architecte irakien, Rifaat Chadirgi qui avait construit dans les années 70 des monuments importants avant d’être emprisonné par Saddam Hussein.

Dans une déclaration à l’agence TAP, il parle d’une des “rares maisons restantes au Liban construites par cet architecte dans un style moderne mais inspiré de l’architecture islamique”. Le film tourné dans un même lieu renvoie au décor dans le théâtre, ce qui explique l’influence du cinéaste par sa formation universitaire et son travail dans le quatrième art. Ceci dit, son approche est de “travailler sur des situations très concrètes et restreintes en rentrant dans les détails des relations entre les personnages”. En effet, son approche cinématographique repose sur les problématiques de ” la société dans tous ses aspects politique, social et psychologique” sans pour autant chercher à leur trouver des solutions.

Même si le film, a-t-il précisé, affiche cet aspect politique, il demeure une réflexion sur la société représentée par ces quatre personnages réunis dans un même lieu. Le film commence là où chacun d’eux se cache derrière un masque jusqu’à la tombée de la nuit quant les corps s’en lassent et la parole devient plus limpide pour que chacun se dévoile. En dehors des histoires d’enfance, le film renvoie même à des personnages vivant la nostalgie du courant nationaliste arabe.

Ayant fait à la base des études de théâtre, le cinéaste a participé à la fondation de la troupe de théâtre “Zoukak” avec qui il a travaillé de 2006 à 2010.

Par la suite, il s’est orienté vers l’art contemporain en faisant spécialement de la vidéo et de la vidéo installation. Il a beaucoup exposé dans des galeries au Liban et à l’étranger, avant de se consacrer au cinéma.

En 2014 il avait fait son premier film, un court métrage “Mondial 2010” qui a remporté plusieurs prix dont le Teddy d’Or du meilleur court métrage à la 64ème édition de la Berlinale-Allemagne et a été présenté en première mondiale avant de voyager dans plus de 25 festivals internationaux.