Tunisie – Economie : Les chantiers prioritaires du gouvernement, selon Noureddine Hajji


noureddine_hajji-2016.jpgA quoi le nouveau gouvernement devrait-il s’attaquer en priorité? Noureddine Hajji a apporté sa contribution à ce débat en cours dans le pays bien avant l’«intronisation» de la nouvelle équipe gouvernementale constituée et dirigée par Youssef Chahed.

Lors de la rencontre-débat «quel avenir pour les PME tunisiennes», organisée par l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), mercredi 7 septembre, le directeur général d’AMC Ernst & Young a désigné quatre domaines dans lesquelles le gouvernement Chahed devrait s’atteler: la lutte contre la corruption, la relance de l’investissement et de la croissance, la lutte contre l’économie informelle le rétablissement des équilibres budgétaires et des finances publiques.

La lutte contre la corruption, d’abord. Tenté de reprendre le titre de la célèbre comédie de William Shakespeare «beaucoup de bruit pour rien» -il fait le constat que «tout le monde parle de la lutte contre la corruption, mais… »-, Noureddine Hajji recommande de mener quatre actions dans ce domaine.

En premier lieu, «sévir par l’exemple». «Il faut que le gouvernement détecte quelques dossiers de corruption au sein de l’administration et engage très rapidement un processus fort pour punir (les coupables, ndrl)», conseille l’expert-comptable.

Deuxièmement, il faudrait bien sûr «accélérer le traitement des autres dossiers par les différentes instances de lutte contre la corruption».

Troisièmement, M. Hajji estime nécessaire d’accroître les moyens de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) à l’occasion de la loi de finances complémentaire en préparation.

Enfin, le directeur général d’AMC Ernst & Young pense nécessaire que «les pouvoirs publics activent des mécanismes à chaque fois qu’il y a soupçon de corruption».

Deuxième priorité, la relance de l’investissement et de la croissance. A ce sujet, M. Hajji ne cache pas sa déception du projet de loi d’urgence économique soumis à l’ARP. Alors que ce texte ne traite que de l’extension du partenariat public/privé aux grands projets et aux «projets d’intérêt national», l’expert-comptable appelle à ce qu’il soit centré en priorité sur «le traitement des problèmes rencontrés par les entreprises». Et pour ce faire, il invite le gouvernement à mettre sur pied «une autorité interministérielle pour trancher les dossiers sous l’autorité du chef du gouvernement».

Enfin, cette véritable «loi d’exception» devrait inclure des «dispositions exceptionnelles» relatives aux marchés publics. «Il faut qu’il y ait des dérogations pendant deux ans et qu’une instance de contrôle vérifie à posteriori» (lire aussi notre article: Ahmed Karm plaide pour une “loi d’exception“ pour sauver l’économie tunisienne).

Troisième chantier prioritaire, la lutte contre l’économie informelle. En plus de «mesures immédiates contre les barons de la contrebande», il faudrait «un plan réaliste de conversion vers l’économie formelle».

Enfin, le quatrième et dernier chantier prioritaire, le rétablissement des équipements budgétaires et des finances publiques». Pour ce faire, il convient, pour le patron d’AMC Ernst & Young, d’élaborer un «plan de recouvrement des créances fiscales et parafiscales» des entreprises et des personnes physiques, et créer «un impôt exceptionnel de solidarité» acquitté par les personnes physiques.