Tourisme : Faut-il encore croire aux recettes touristiques?

Par : TAP

Le secteur touristique peine à se relever après la série d’attentats qui ont frappé la Tunisie en 2015. Les recettes en devises du tourisme ont chuté de 44,6% entre 2015 et 2016 (janvier-mai), à 556,2 millions de dinars, d’après les dernières statistiques du ministère du Tourisme. La chute des recettes est encore plus brutale en comparaison avec 2010, touchant quasiment la moitié des revenus (-48,1%).

Pour les 5 premiers mois de 2016, les entrées des non-résidents n’a pas dépassé 1,190 million de personnes (-24,2%) alors que les entrées européennes ont été de seulement 301.300 touristes, en repli de 47,8%.

Le marché russe fait un bond de 649%

Pour Houssem Ben Azouz, président de la Fédération interprofessionnelle du tourisme (FIT), les difficultés continuent sur les marchés européens qui sont en forte baisse, impactant les hôtels et faisant chuter les recettes touristiques … sauf pour l’Europe de l’Est, principalement l’Ukraine et la Russie.

Le marché russe, très prometteur pour la saison estivale, a fait un bond de 649% entre 2015 et 2016 (janvier-mai), atteignant les 74.415 touristes. Il se place à la deuxième position des entrées européennes, après le marché français (115.752 touristes, en régression de 36,4%). “Même au niveau de ce marché, l’Agence fédérale russe du tourisme (établissement étatique) a prévenu contre des risques d’attentats en Tunisie, ce qui a engendré quelques annulations et un ralentissement des réservations pour les mois d’août et de septembre”, a-t-il indiqué. Néanmoins, ce marché recèle un potentiel important pour la Tunisie, évalué de 500.000 à un million de touristes, assure le président de la FIT.

Selma Elloumi, ministre du Tourisme, a assuré à Djerba que “plusieurs mesures ont été prises pour préserver ce marché dont le renforcement du transport aérien, l’instauration de tarifs “adéquats” pour leur séjour, outre l’intérêt accordé à l’aspect sécuritaire.

Quelque 2 millions d’euros ont été consacrés à des campagnes de promotion de la destination Tunisie, sur le marché russe.

Forte baisse sur les marchés européens

Les autres nationalités européennes viennent loin derrière avec seulement 34.623 entrées pour les Allemands (-61,9%) et 26.153 entrées pour les Italiens (-26,1%). Le marché anglais, en berne, se ressent encore de l’attentat de Sousse survenu le 26 juin 2015, surtout que les victimes étaient majoritairement des Britanniques (30 touristes décédés). Il accuse une baisse de 94,3%, avec l’entrée de 8.118 touristes seulement. Le Foreign Office n’a toujours pas levé la mise en garde contre les déplacements en Tunisie, alors que, d’après le site de voyage “Travelmole”, 54% des voyagistes britanniques souhaitent reprogrammer la destination Tunisie.

Même tendance baissière pour les nuitées touristiques globales en repli de 40,3%, à 3 748 727 nuitées. La chute est nettement marquée par rapport à 2010 (-61%). Pour Ben Azouz, même s’il est important de diversifier nos marchés touristiques, les marchés européens classiques ne peuvent être remplacés, rappelant qu’en 2009, la Tunisie avait accueilli quelque 3,5 millions d’Européens (60% des touristes visitant le pays). “Pour cette saison, la solution réside dans le marché local mais aussi dans le marché voisin algérien” (415.253 entrées en 2016), car il est déjà trop tard, les marchés classiques font leurs programmations une année à l’avance. L’important c’est de préparer dès maintenant l’année 2017 pour assurer la relance du tourisme tunisien.