Le Brexit pourrait «appauvrir pour toujours» le Royaume-Uni

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Le gouvernement de David Cameron met tout son poids dans la balance pour alerter la population du risque économique d’une sortie du pays de l’Union européenne («Brexit»). Le Trésor publie lundi un rapport de 200 pages sur les perspectives qui attendent un Royaume-Uni faisant cavalier seul. Dans une tribune au Times, le chancelier de l’Échiquier, George Osborne, sort l’épouvantail: «quitter l’UE équivaudrait à s’automutiler».

Le rapport évalue à 6% du PIB à l’horizon 2030 le manque à gagner par rapport au maintien dans l’Union. Il se base pour arriver à cette conclusion sur un scénario «à la canadienne», le plus plausible selon George Osborne, dans lequel Londres négocierait avec l’UE un accord de libre-échange similaire à celui qui lie le pays d’Amérique du Nord au bloc européen. Pour bien marteler son message dans les ménages, le Trésor traduit la perte d’activité par foyer à 4.300 livres (5.400 euros) par an.

Hypothèse pessimiste

«Il y aurait moins de commerce, moins d’investissement et moins d’affaires. S’il quitte l’UE, le Royaume-Uni serait appauvri pour toujours. Les familles britanniques seraient plus pauvres de façon permanente aussi», insiste le ministre.

Il est intéressant de noter que les services du gouvernement aient choisi d’adopter l’hypothèse la plus pessimiste de développements qui reposent largement sur l’inconnu. Le mois dernier, le cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers avait publié une analyse similaire pour le compte du patronat britannique. Son scénario noir concluait sur une perte de revenus de 100 milliards de livres, soit 5,5% du PIB, en 2020, légèrement en deçà de l’hypothèse du Trésor.

Recrutements en baisse

Les partisans du Brexit crient à la «conspiration». Selon le député eurosceptique John Redwood, les pro-Européens «avancent toujours les chiffres négatifs sur le Brexit et jamais les positifs parce que cela fait partie de leur conspiration pour nous maintenir de force dans l’UE.» Le gouvernement a adopté une stratégie délibérée, surnommée «projet peur», qui vise à bombarder les électeurs avant la consultation du 23 juin d’informations alarmantes sur les conséquences économiques du saut dans l’inconnu. Une telle approche avait fonctionné lors du référendum sur l’indépendance de l’Écosse en 2014. Les arguments liés à l’économie sont considérés comme ceux de dernier ressort pour convaincre les indécis.

Les milieux d’affaires britanniques commencent d’ores et déjà à ressentir les conséquences négatives de l’incertitude liée au référendum. Les transactions immobilières ralentissent, les investissements sont en suspens et les recrutements, en baisse. Les postes disponibles dans la City ont diminué de 21% par rapport à la même époque l’an dernier.