iPhone verrouillé : Le FBI sur le gril face au Congrès américain

iphone-usa-fbi-afp.jpgLe directeur du FBI, James Comey, a été fortement mis en difficulté, mardi 1er mars, lors de son audition par une commission du Congrès américain, qui l’avait convoqué, ainsi que l’avocat en chef d’Apple, pour discuter du conflit qui oppose l’entreprise aux agents fédéraux dans le cadre de l’enquête sur l’attentat de San Bernardino.

Le FBI a en sa possession un iPhone dont le contenu est chiffré et protégé par un mot de passe, et a obtenu d’un juge qu’il ordonne à Apple de fournir aux enquêteurs un outil permettant de le déverrouiller. Apple a contesté cette demande, arguant qu’elle constituerait un précédent et qu’elle menace à la fois la sécurité et la vie privée de tous ses clients.

Lire aussi :   Dans le bras de fer qui l’oppose à Apple, le FBI défend coûte que coûte sa position

Si une partie des députés républicains ont assuré M. Comey de leur soutien, le directeur du FBI a été mis en difficulté à plusieurs reprises lors de son audition. Plusieurs élus lui ont en effet reproché de vouloir affaiblir la sécurité des téléphones utilisés par les Américains. Parmi eux, la députée de la Californie Zoe Lofgren, dont la circonscription recouvre une partie de la Silicon Valley, qui lui a reproché de « courir après des chimères ». Une experte en sécurité informatique entendue par les députés, Susan Landau, a estimé que « si la NSA a le droit de pirater des services, personne ne lui a jamais promis que cela devrait être facile. Le FBI doit prendre exemple sur ce point sur la NSA ».

Le directeur du FBI a également été accusé directement de chercher à profiter de l’émotion provoquée par l’attentat de San Bernardino, qui a fait vingt-deux morts, pour influencer le législateur. M. Comey, qui a comparé la politique de sécurité d’Apple à l’utilisation d’un « chien de garde », avait appelé il y a dix jours le Congrès à se saisir du dossier. « Nous demandons à Apple de rappeler leur chien et de nous laisser forcer la serrure. Leur métier n’est pas la sécurité publique. C’est le nôtre. »

Principale nouveauté de cette audition, M. Comey a publiquement reconnu pour la première fois que le dossier de San Bernardino créerait un précédent, qui s’appliquerait ensuite à d’autres affaires — dans au moins une douzaine d’enquêtes, le FBI est en possession d’iPhones verrouillés.

Les députés ont également mis l’avocat en chef d’Apple, Bruce Sewell, sur la défensive. L’entreprise a appelé le Congrès à légiférer sur la question, mais le député conservateur James Sensenbrenner, pourtant très critique envers la surveillance de masse opérée par la NSA, a prévenu la firme : « Vous n’aimerez pas ce qui sortira du Congrès. Depuis le début, la seule chose que vous dites, c’est “non, non et non”. »

Dans un échange quelque peu surréaliste, le député républicain Trey Gowdy, qui soutient le FBI dans ce dossier, a apostrophé M. Sewell. « A chaque fois que nous débattons d’une nouvelle loi [sur la technologie], nous l’écrivons, et votre armée de lobbyistes s’y oppose, alors je tente juste de faire gagner du temps à tout le monde. Pourquoi ne nous proposez-vous pas un texte ? Dites-nous ce que vous êtes prêts à accepter. »

L’avocat d’Apple a de son côté déroulé l’ensemble des arguments juridiques présentés dans le recours déposé par l’entreprise, mais il a aussi profité de l’audition pour répondre directement à l’une des accusations du FBI à l’encontre d’Apple. « Dire, comme le fait le FBI, que notre position est uniquement guidée par une stratégie de communication, c’est jeter l’opprobre sur un débat extrêmement sérieux qui concerne la sécurité du peuple Américain. »

AFP