Tunisie : Cherche désespérément solution pour les ports commerciaux

Deux ans et demi après la publication des résultats de l’étude-diagnostic du port de Radès, en avril 2012, la situation des ports commerciaux en général et du plus important du pays en particulier ne s’est pas améliorée d’un iota.  

port-rades.jpg«L’actuel port de Radès n’est pas le port dont nous rêvons et que nous acceptons pour nous. Le port que nous voulons est encore à venir. Nous ferons du port de Radès l’un des meilleurs en Méditerranée». Ce n’est pas l’actuel ministre du Transport, Mahmoud Ben Romdhane, qui a fait ce constat et prend cet engagement, mais Abdelkrim Harouni, qui a occupé ce poste sous la Troïka et tenait ses propos en avril 2012. C’était à l’occasion de la présentation des conclusions d’une étude commandée par la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT) à Comete Engineering pour diagnostiquer la situation du port de Radès et proposer des remèdes.

Deux ans et demi plus tard, on en est toujours au point mort. Et c’est un autre ministre, Slim Chaker, qui le dit cette fois-ci.

Lors d’un débat organisé mardi 29 septembre par un groupe de chambres mixtes, le ministre des Finances n’a pas seulement constaté l’absence d’amélioration dans la situation des ports, mais il s’est fait l’écho d’un aveu d’impuissance des autorités à changer cette situation. «Le problème des ports est un casse-tête. On a tout essayé. Tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 2011 ont étudié la question qui finit à chaque fois par revenir sur la table», se désespère M. Chaker.

Le ministre des Finances est même allé jusqu’à minimiser l’impact des mesures actuellement envisagées dans l’espoir d’améliorer un peu la situation des ports en général et de celui de Radès –le plus important du pays- en particulier.

«Certes, le passage du contrôle a priori au contrôle a posteriori va aider, mais est-ce que cela sera suffisant? On se pose la question», admet M. Chaker. Avant de conclure qu’«il va falloir trouver des solutions radicales». Un engagement partagé par l’actuel ministre du Transport.

En effet, lors de sa première visite au port de Radès peu de temps après sa prise de fonction en février 2015, Mahmoud Ben Romdhane a qualifié «d’insatisfaisants» les services d’acconage et de manutention, annoncé le lancement, avant fin 2015, d’une étude «qui aidera à prendre les mesures nécessaires pour améliorer les services du port» et promis des changements profonds.

Mais a-t-on réellement besoin d’une nouvelle étude, puisque celle réalisée par Comete Engineering est encore d’actualité? En outre, l’actuel ministre du Transport a à sa disposition le vécu et l’expérience accumulée par son prédécesseur, Chiheb Ben Ahmed.

Au bout de six mois, M. Ben Ahmed avait compris que le «vrai problème des ports de commerce et qui n’a jamais été traité convenablement jusqu’à présent, c’est l’existence de certains conflits d’intérêts entre les différents acteurs institutionnels. La résolution définitive de ce problème permettra de stabiliser et consolider la capacité logistique». C’est ce que nous, «conjointement avec le management et le personnel des opérateurs portuaires, avons convenu afin d’assurer une compétitivité logistique pérenne».

L’ancien ministre du Transport avait même annoncé, dans le cadre d’un programme d’amélioration de la performance du Port de Radès, une série de mesures (accélération du traitement des bateaux en rade, la mise en place d’un plan anti-corruption et l’adoption de la liasse transport pour les volets Export, livraison des marchandises, etc.). Alors pourquoi réinventer la roue et ne pas repartir sur la base du travail déjà accompli?