La reine du savoir-vivre à l’américaine Martha Stewart vend son empire

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ésentation commerciale, le 6 mai 2015 à New York (Photo : Michael Loccisano)

[22/06/2015 20:46:39] New York (AFP) Martha Stewart, qui a marqué de son empreinte la décoration d’intérieur aux Etats-Unis et l’une des incarnations de la “self-made woman” américaine, va vendre son empire à une société spécialisée dans les franchises pour plus de 350 millions de dollars.

A 73 ans, elle a cédé Martha Stewart Living Omnimedia pour un prix total de 353 millions de dollars à Sequential Brands Group, qui exploite des marques et des licences auprès de fabricants et de distributeurs. Il compte dans son portefeuille la griffe de jeans du chanteur Justin Timberlake, William Rast, ou encore celle d’objets pour la maison Linens’n Things.

Ce prix est moins d’un cinquième des 2 milliards de dollars environ que pesait la société à son apogée peu après son introduction en Bourse en 1999, en plein boom internet. Lundi, les marchés, qui espéraient un meilleur prix, ont mal réagi: le titre a perdu plus de 12% à Wall Street.

“Cette fusion vise à stimuler la croissance et à étendre les marques Martha”, défend la papesse du bon goût et de la décoration d’intérieur.

L’opération met en tout cas fin à une carrière haute en couleur de cette redoutable femme d’affaires, qui a su bâtir un vaste empire médiatique autour d’une marque d’aménagement intérieur de conseils de cuisine et de jardinage, devenu très populaire à travers des émissions, des magazines et des articles de maison tous dédiés à “l’art de vivre”.

– Comme Oprah ? –

Grande, blonde, élégante et impertinente, Martha Stewart a fondé sa marque à partir de rien au milieu des années 90.

Née dans le New Jersey (est), dans une famille de six enfants d’origine polonaise, elle est devenue l’une des femmes les plus influentes du monde de la mode et de la décoration, souvent comparée à l’ex-prêtresse de la télévision américaine Oprah Winfrey, elle a vu la valeur de sa “success story” fondre au gré des difficultés que connaissent les médias et surtout de ses mésaventures personnelles.

La plus mémorable et médiatisée de toutes reste ses ennuis avec la justice américaine qui ont conduit à son emprisonnement en 2004, pendant cinq mois, dans une prison de Virginie occidentale pour mensonge.

Martha Stewart était soupçonnée initialement de délit d’initiés: elle avait, accusaient les enquêteurs, obtenu des informations confidentielles de la part d’un de ses amis Samuel Waksal, PDG en disgrâce à l’époque de la compagnie de biotechnologies ImClone Systems.

Elle et des membres de la famille Waksal avaient vendu pour 200.000 dollars de titres Imclone le 27 décembre 2001, soit quelques heures avant que le titre ImClone ne s’effondre en Bourse, suite à la décision du gouvernement de ne pas autoriser l’un de ses traitements anti-cancéreux.

Face aux accusations, Martha Stewart avait été contrainte d’abandonner les rênes de sa société, après avoir conclu en 2006 un accord lui interdisant de diriger une entreprise cotée en Bourse pendant cinq ans. Elle avait également purgé une peine de cinq mois de prison.

A l’expiration de cette suspension en 2011, elle reprend les commandes de sa société, dont les produits sont présents chez quasiment tous les grands distributeurs américains: Home Depot, Macy’s, JCPenney, PetSmart…

Martha Stewart a bâti sa carrière autour de sa personnalité et de sa popularité auprès des férus de déco. Tout d’abord mannequin, un moment trader à Wall Street, elle a découvert sa passion en décidant de rénover une maison dans le Connecticut (est).

Elle se lance alors dans l’art de la table et la cuisine, crée des magazines et plusieurs émissions de télévision, donnant l’image de cette femme élégante, devenue incontournable dans tout ce qui touche à la maison et au bien-être. Elle gardera les fonctions de chef de la création chez Sequential Brands.