En Gironde, la future plus grande centrale solaire d’Europe sort rapidement du sol

2b31a360389fd4c2ac820d4f6da821973fdde08b.jpg
Europe, le 19 mai 2015 (Photo : MEHDI FEDOUACH)

[20/05/2015 09:05:15] Cestas (France) (AFP) Des ouvriers travaillent à un rythme soutenu pour installer la dernière moitié du million de panneaux solaires qui constitueront à Cestas (Gironde) la plus importante centrale solaire d’Europe, un chantier gigantesque et une exception en France qui privilégie désormais plutôt les petits projets.

Une fois mise en service en octobre prochain, la centrale de Constantin aura une capacité de 300 mégawatts (MW) et produira 350 gigawatts/heure, soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de la population de Bordeaux.

Du jamais vu encore en Europe et les chiffres donnent le tournis. La centrale s’étendra sur 260 hectares – plus de 300 terrains de football- comptera précisément 983.500 panneaux photovoltaïques posés sur 16.500 tables de support en acier et aluminium. Plus de 4.000 km de câbles électriques (aériens et souterrains) permettront d’acheminer le courant produit vers le réseau.

Sur ce terrain, situé à moins de 20 km de Bordeaux, il faut passer une rangée d’arbres pour apercevoir le chantier.

Non loin des poseurs de panneaux, s’y affairent un ouvrier juché sur une visseuse géante chargée de fixer au sol les pieux qui supporteront les panneaux, un pilote de drone qui teste l’appareil qui sera chargé de contrôler le bon fonctionnement des cellules photovoltaïques, ou encore d’autres techniciens qui branchent les câbles électriques sous chaque panneau.

Le chantier aura mobilisé 250 personnes. Il en faudra 5 à plein temps pour assurer la maintenance lorsque le parc sera en service.

L’investissement global s’élève à 360 millions d’euros. Le projet est développé par la société Neoen, qui détient 40% de la future centrale, le reste étant partagé entre 7 coactionnaires (Mirova, Acofi, Omnes Capital, KKB, etc.).

La réalisation du chantier a été confiée à un consortium mené par Eiffage et sa filiale Clemessy, en partenariat avec Schneider Electric et la branche française de l’allemand Krinner.

Xavier Barbaro, président de Neoen, présente d’ailleurs la centrale comme “la plus française” de celles du groupe.

Même si les ouvriers poseurs de panneaux de la société OLP-Tech sont hongrois. Et que l’ensemble des panneaux solaires sont fabriqués en Chine, par les géants mondiaux du secteur (Trina, Yingli Solar et Canadian Solar).

Ce sont les seuls capables de fournir un chantier de cette taille, selon Patrick de la Brusse, directeur du projet de Cestas.

“Un faux débat”, ajoute Xavier Barbaro, dans la mesure où “aujourd’hui, le coût d’une centrale ce ne sont plus les panneaux”, qui n’en représentent qu’environ 45%.

– le choix du petit solaire –

Selon lui, c’est “sur le reste” – l?ingénierie, le génie civil, l’électricité de haute puissance – “que se joue la réussite de la filière photovoltaïque française”.

ee4e0de0f2e8a746865d0c18260a8dd392ba83a8.jpg
à Cestas (Gironde), le 19 mai 2015 (Photo : MEHDI FEDOUACH)

Et ce site s’en veut l’illustration, avec l’optimisation de la construction du chantier et la densité de production la plus élevée. “Il produira trois à quatre fois plus d’électricité à l’hectare” que les autres centrales solaires, assure Xavier Barbaro.

L’électricité sera revendue à EDF à 102 euros le MWh.

Pourtant, ce projet est le seul de cette taille actuellement en construction en France. Ces dernières années, les pouvoirs publics ont choisi de favoriser les centrales solaires de moindre envergure, notamment pour éviter les conflits d’usages des terrains avec l’agriculture.

Sur le segment des grands projets, seuls deux appels d’offres ont été lancé en quatre ans. Le dernier, en novembre 2014, porte sur une puissance globale de 400 MW, dont 200 au sol.

Xavier Barbaro, président de Neoen, se désole de ce choix. “On souffre encore de l’image du solaire d’il y a quelques années lorsqu’il y avait eu de la spéculation”.

“Ici à Cestas, il n’y a pas de problème de voisinage, nous avons reboisé et on produit une électricité relativement peu chère. Malgré tout, en France, on est renvoyé à des appels d’offres limités sur des petits projets”.

A l’inverse, la société, comme tous les autres acteurs français (EDF EN, Engie, Solairedirect, etc) a de nombreux grands projets ailleurs dans le monde.

En France, la dernière centrale importante mise en service est celle d’EDF Energies Nouvelles à Toul-Rosières (Meurthe-et-Moselle) inaugurée en 2012 et d’une puissance de 115 MW.