Après la reconversion de La Mède, la France ne comptera plus que sept raffineries

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à Donges (Photo : Jean-Sebastien Evrard)

[16/04/2015 10:40:37] Paris (AFP) Avec la reconversion de la raffinerie Total de La Mède (Bouches-du-Rhône) vers la production de biocarburants, la France ne comptera plus que sept raffineries de pétrole en activité en métropole, contre douze il y a six ans et plus de vingt avant les chocs pétroliers des années 70.

Ces dernières années, le pays a en effet vu fermer la raffinerie Total de Dunkerque (Nord) en 2010, puis celles de Petroplus à Reichstett (Bas-Rhin) en 2011 et à Petit-Couronne (Seine-Maritime) en 2013. Quant au site de l’américain LyondellBasell sur l’étang de Berre (Bouches-du-Rhône), il est “sous cocon” depuis 2012 (c’est-à-dire à l’arrêt mais entretenu, pour être prêt à redémarrer s’il trouve un repreneur) et en voie de fermeture définitive.

“La restructuration du raffinage en France va se poursuivre, elle est nécessaire, de même qu’en Europe”, avait averti le mois dernier Francis Duseux, président de l’Union française des industries pétrolières, soulignant que les pertes structurelles enregistrées par certains sites n’étaient pas tenables.

Même analyse chez Total, qui souligne que La Mède perdait 150 millions d’euros par an depuis quatre ans.

Avec le quasi-arrêt de l’activité de raffinage à La Mède, la capacité de raffinage française tombera sous les 62 millions de tonnes par an, mais restera toujours largement au-dessus des besoins.

En 2014, les capacités des raffineries françaises n’ont été utilisées qu’à 79%, selon l’Ufip.

Outre la baisse lente mais régulière de la consommation de carburants, liée à l’amélioration des moteurs de véhicules, aux efforts d’efficacité énergétique et à la morosité économique en Europe, le raffinage en France souffre de la domination écrasante du gazole, qui représente plus de 80% des ventes des stations-services.

Or un baril de pétrole brut contient une quantité limitée d’essence et de gazole, ce qui fait que le surplus d’essence doit être exporté tandis que la moitié du gazole consommé dans le pays est désormais importé.

– Marges insuffisantes –

L’industrie du raffinage souffre de marges très basses – de 20 euros par tonne en moyenne entre 2009 et 2013, alors qu’il faudrait qu’elles soient à 30 euros pour “équilibrer les coûts”, selon l’Ufip -, en dépit d’un rebond en début d’année 2015.

Le secteur, qui représente 7.500 emplois directs et environ 30.000 emplois indirects, selon l’Ufip, est largement dominé par Total, premier raffineur de France et d’Europe, qui compte quatre sites dans le pays outre La Mède: Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique), où le groupe investira 400 millions d’euros pour moderniser les installations, Feyzin (Rhône) et Grandpuits (Seine-et-Marne).

Les autres sites en activité sont ceux d’Esso, filiale d’ExxonMobil, à Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime) et à Fos-sur-mer (Bouches-du-Rhône) et celui du britannique Ineos à Martigues (Bouches-du-Rhône).

Enfin, une petite raffinerie fonctionne à Fort-de-France (Martinique). Elle est exploitée par la société Sara, dont le groupe français Rubis est en passe de prendre le contrôle.

Cette vague de fermetures en suit une première, marquée par la disparition d’une dizaine de sites dans les années 80 après les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979.