AirAsia à l’offensive pour surmonter sa première crise majeure

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éroport international de Kuala Lumpur KLIA2, le 10 janvier 2015, à Sepang, en Malaisie (Photo : Mohd Rasfan)

[11/01/2015 10:32:06] Kuala Lumpur (AFP) En multipliant les initiatives depuis le crash d’un de ses avions en Indonésie fin décembre, AirAsia devrait surmonter sa première crise majeure après 13 ans de succès, à moins que d’importantes failles de sécurité ne soient découvertes, estiment des analystes.

Dès la disparition le 28 décembre de l’Airbus A320-200 qui s’est abîmé en mer de Java peu après son décollage de la ville indonésienne de Surabaya pour Singapour, le flamboyant patron d’AirAsia, Tony Fernandes, a accepté publiquement la responsabilité de la compagnie, rendu visite aux familles de victimes et promis d’établir les causes du drame.

De telles initiatives sont primordiales pour restaurer la confiance, et contrastent fortement avec la gestion maladroite et l’absence de communication de Malaysian Airlines après la disparition toujours inexpliquée en mars 2014 d’un avion de la compagnie nationale malaisienne avec 239 personnes à bord (vol MH370), soulignent des experts.

Aux yeux de Daniel Tsang, analyste en aérospatiale, l’accident d’AirAsia est “excellent exemple de crise bien gérée, pour montrer à vos clients que les choses sont prises en main de manière pratique et concrète, et que les dirigeants ne font pas que siroter du café dans leurs luxueux bureaux”.

“Alors que certains passagers vont peut-être éviter de prendre les vols (de la compagnie) à court terme, l’offre à bas coûts d’AirAsia va continuer d’attirer de nouveaux clients vers la compagnie”, ajoute M. Tsang.

Mais si les enquêteurs découvrent des négligences de la compagnie en matière de sécurité, cela pourrait profondément saper la confiance en AirAsia, avertisent plusieurs experts.

Les causes de la chute de l’avion confronté à des nuages très menaçants avant de perdre le contact avec le contrôle aérien n’ont pas encore été établies.

– ‘Nous ne cachons jamais rien’ –

“Une compagnie aérienne rebondit habituellement quelques mois plus tard en termes de trafic, à moins que de sérieuses failles ne soient découvertes”, estime Terence Fan, un expert en aviation à Singapour.

“Nous ne cachons jamais rien”, a écrit la semaine dernière Tony Fernandes sur son compte Twitter, où il s’exprime régulièrement depuis le début de la catastrophe. Et il s’est rendu plusieurs fois à Surabaya où un centre de crise a été érigé pour les familles de victimes.

Shukor Yusof, fondateur de la société de recherches en aviation Endau Analytics, serait très surpris qu’un problème de sécurité généralisé soit découvert au sein de la compagnie à bas coûts: “AirAsia se débrouille bien en réduisant les coûts, mais pas au détriment de la sécurité”.

Etablir les causes de la catastrophe pourra peut-être permettre aux familles de victimes de tourner la page et ainsi faire taire les critiques à long terme pour AirAsia. Par contraste, l’incapacité pour Malaysia Airlines à trouver jusqu’ici toute explication pour la disparition du vol MH370 a éveillé le soupçon chez de nombreuses familles de victimes que la compagnie nationale et le gouvernement malaisien dissimulaient quelque chose.

Cet incident et le crash d’un autre avion de Malaysia Airlines avec 298 personnes à son bord (vol MH17), abattu par un missile en juillet 2014 en survolant une zone de l’est de l’Ukraine contrôlée par des rebelles pro-russes, a plongé la compagnie au bord du gouffre.

A l’inverse, “AirAsia va certainement se remettre (de cette crise) car c’est une très bonne compagnie, et cette tragédie ne va pas impacter sa croissance”, prédit Geoffrey Thomas, rédacteur en chef de AirlineRatings.com.

Cependant, AirAsia se bat pour maintenir ses taux de croissance alors qu’elle arrive à maturité, un peu plus de 13 ans après l’arrivée de Tony Fernandes à la tête de la compagnie alors déficitaire, transformée depuis en une société florissante devenue un acteur majeur dans le ciel en Asie.

Des analystes observent qu’AirAsia apparaît comme la compagnie la plus dynamique dans la région, où d’autres compagnies telles l’indonésienne Garuda et la sud-coréenne Korean Airlines ont rebondi après avoir connu des tragédies.