L’ex-PDG de Mia Electric déférée pour “banqueroute”

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èle Boos, ex-PDG et gérante du constructeur de voitures électriques Mia Electric, le 19 juillet 2013 à Paris (Photo : Miguel Medina)

[12/12/2014 19:06:47] Niort (AFP) Michèle Boos, ex-PDG et gérante du constructeur de voitures électriques Mia Electric, liquidé en mars, a été présentée vendredi soir à une juge d’instruction de Niort en vue de sa mise en examen pour “banqueroute, abus de biens sociaux et escroqueries”, a annoncé le parquet de Niort.

En raison de la nature des faits et des nationalités multiples de Mme Boos, le parquet a requis sa mise en examen avec placement sous contrôle judiciaire, assorti d’une interdiction de quitter le territoire français et d’une assignation à résidence dans son domicile parisien, ainsi qu’une caution de plus de 200.000 euros.

Michèle Boos, 48 ans, avait été placée en garde à vue mercredi en début d’après-midi par la section financière de la police judiciaire de Poitiers. Sa garde à vue a ensuite été prolongée de 24H00.

Une enquête préliminaire avait été ouverte dès le mois de septembre à la suite “d’anomalies de gestion” constatées pendant lors de la liquidation de la société Mia Electric, basée à Cerizay (Deux-Sèvres), a expliqué lors d’une conférence de presse Natacha Rateau, procureur de la République de Niort.

Le parquet soupçonne notamment la femme d’affaires franco-coréenne d’avoir commis des “abus de biens sociaux” en détournant de l’argent de la société pour son propre “train de vie”, a précisé Mme Rateau, citant une somme “au-delà de 50.000 euros”.

La femme d’affaires franco-coréenne est également soupçonnée d’avoir vendu “au moins 100 véhicules en dessous du prix” réel, une vente à perte constitutive d’un “délit de banqueroute par moyens ruineux”.

Enfin, la société, “sur demande de Mme Boos, la gérante, a encaissé les acomptes de tous les clients qui commandaient des Mia, tout en sachant qu’elle ne livrerait jamais les véhicules”, a déclaré Natacha Rateau, qualifiant ces faits “d’escroquerie”.

Lors de la vente aux enchères des actifs de Mia Electric, le 25 septembre, elle aurait en outre eu recours à “un homme de paille” en la personne de Babak Shafi, un homme d’affaires franco-iranien, actionnaire principal de Mia Generation, la nouvelle société fondée par Mme Boos en Vendée voisine, a ajouté le Procureur.

La société civile immobilière (SCI) Les Roseaux, détenue par Babak Shafi, s’était en effet portée acquéreur du lot principal de la vente aux enchères, d’un montant de 1,3 million d’euros et comprenant les brevets, la marque et la ligne de production.

Le parquet soupçonne cette SCI d’avoir acquis les actifs pour le compte de Mia Generation alors que Michèle Boos, en tant que PDG de la société liquidée, avait interdiction de déposer une offre.

Début octobre, le tribunal de commerce de Niort a gelé la vente des actifs à la demande du parquet et doit se prononcer le 17 décembre sur l’annulation de la vente aux enchères.

Egalement placé en garde à vue par la PJ de Niort, Babak Shafi a été libéré mercredi soir et le parquet a requis sa mise en examen pour “complicité d’escroquerie”.

La justice française s’intéresse également aux origines et aux destinations des flux financiers de Mia Electric avec “cinq à dix entreprises identifiées” à ce jour, souvent domiciliées à l’étranger, pour vérifier si elles sont “fictives ou non”, a souligné Natacha Rateau.

Les enquêteurs français ont découvert que la justice allemande s’intéressait également à Michèle Boos. Avant son arrivée en France à l’été 2013, la femme d’affaires était en effet à la tête en Allemagne d’une entreprise produisant des piles à combustibles, qui a fermé dans des conditions similaires à Mia Electric.

Mia Electric, qui employait 209 salariés à Cerizay (Deux-Sèvres), s’était installée sur le site de l’ancien sous-traitant automobile Heuliez et avait bénéficié du soutien de la région Poitou-Charentes et de sa présidente d’alors, Ségolène Royal. La Région était actionnaire de Mia Electric à hauteur de 11%.