Automobile : à Bochum, “tristesse et colère” après la fermeture de l’usine Opel

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à la fermeture, le 4 décembre 2014 (Photo : Patrik Stollarz)

[12/12/2014 13:00:19] Bochum (Allemagne) (AFP) Leurs effets personnels sous le bras, des centaines d’employés quittent d’un pas lent et résigné l’usine automobile de Bochum, condamnée à la fermeture par la direction d’Opel, un nouveau coup dur pour une région déjà sinistrée.

La scène a eu lieu mardi, concrétisation d’une décision vieille de deux ans. Après 52 ans de présence dans cette ville de la Ruhr (ouest de l’Allemagne), la marque à l’éclair a tiré un trait définitif sur son site d’assemblage pour répondre à un problème récurrent de surcapacités.

Ce jour-là, près de l’entrée principale de l’usine, une banderole rappelle l’attachement des quelque 3.000 “Opelaner” de Bochum à l’entreprise à laquelle ils estiment s’être dévoués “corps et âmes”. Certains s’étreignent en se souhaitant mutuellement “bonne chance”, après avoir restitué badges et tenues de travail.

Une petite partie d’entre eux -jusqu’à 300- restera employée jusqu’à juin 2015, le temps de finir de démonter les installations. Les bâtiments, sauf peut-être un, doivent être démolis.

“C’est la première usine d’assemblage automobile à fermer en Allemagne depuis la fin de la Seconde guerre mondiale”, déplore Rainer Einenkel, chef du comité d’entreprise. Il est la figure de proue d’une lutte menée pendant une décennie par le personnel pour empêcher le départ d’Opel.

Pour relancer la marque, en difficulté depuis plusieurs années, et lui permettre de renouer avec les bénéfices d’ici 2016, le constructeur allemand a lancé une offensive produits et marketing. Il a reçu plus de 4 milliards d’euros de sa maison mère américaine General Motors pour investir, et a récemment annoncé la création de 400 emplois sur son site de Eisenach (centre).

De quoi raviver l’amertume des salariés de Bochum. “Il n’y a eu aucune solidarité de la part des autres sites allemands d’Opel”, regrette Rainer Einenkel. “Ils se sont dit +c’est eux ou nous+ et ils nous ont laissés tomber”, assène-t-il.

– “Plus rien ici” –

Fondée en 1962 pour prendre le relai d’une industrie minière et métallurgique sur le déclin, l’usine Opel de Bochum a produit des modèles Kadett, Manta ou encore Astra, puis dernièrement le monospace Zafira. A son apogée dans les années 70, le site employait quelque 20.000 personnes.

“Les gens ressentent à la fois une grande tristesse et une grande colère après avoir fourni le meilleur travail possible”, explique Eric Osladil.

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à Bochum, le 4 décembre 2014 (Photo : Patrik Stollarz)

Cet électricien de 47 ans, dont 31 passées chez Opel, fait partie des “chanceux”. A partir de janvier, il intégrera avec 264 de ses collègues un centre voisin de stockage de pièces détachées, co-propriété du constructeur automobile, avec une garantie d’emploi jusqu’en 2020.

Les 2.700 salariés restants, âgés de 50 ans en moyenne, se verront offrir des formations et une indemnisation équivalente à 80% de leur salaire pendant deux ans au maximum en intégrant une “société de transfert”. Parmi eux, environ 650 partiront en retraite anticipée.

“Etant donné la situation dans la région, la plupart des gens seront tôt ou tard confrontés au chômage”, prédit Eric Osladil. “Il n’y a plus rien ici, plus de charbon, plus d’acier, plus d’industrie”.

Bochum, cité de plus 300.000 habitants où réside la moitié des salariés de l’usine Opel, enregistre un taux de chômage oscillant entre 9 et 10%, bien supérieur à la moyenne nationale (6,3%). Cette ancienne ville de mineurs a déjà connu plusieurs coups durs, comme la fermeture d’une usine du groupe Nokia en 2008, accompagnée de la suppression de plus de 2.000 emplois.

Selon le comité d’entreprise, la fermeture du site coûtera plus de 700 millions à Opel.

Le constructeur a mis sur pied avec la municipalité de Bochum une société chargée d’attirer des investisseurs pour occuper les surfaces libérées.

Pour l’instant, seul le groupe de logistique Deutsche Post a communiqué publiquement son intérêt. Il propose de créer un centre de distribution de colis employant jusqu’à 600 personnes à partir de 2016.