La Commission Juncker joue son crédit avec son plan d’investissements

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ésident de la Commission européenne Jean-Claude Juncker le 10 septembre 2014 à Bruxelles (Photo : Emmanuel Dunand)

[23/11/2014 19:42:46] Bruxelles (AFP) La Commission européenne dirigée par Jean-Claude Juncker joue son crédit mercredi prochain devant le Parlement européen avec la présentation d’un fonds d’investissements doté de la garantie du budget européen appelé à mobiliser 300 milliards d’euros pour relancer la machine économique et l’emploi en Europe.

Le projet s’inspire du Livre blanc de Jacques Delors en 1993 avec son programme d?infrastructures d?intérêt européen dans les secteurs du transport et de l’énergie, a confié dimanche soir à l’AFP un responsable associé à sa conception.

“Mais il n’est pas question d’emprunter. Ce n’est pas nécessaire”, a-t-il insisté.

La Banque Européenne d’Investissements (BEI) sera à la manoeuvre du plan avec pour véhicule un fonds européen d’investissement dont une partie sera tirés du budget européen, principalement des crédits alloués au mécanisme pour l?interconnexion en Europe sur la période 2014-2020. La dotation n’a pas encore été arrêtée et le chiffre de 21 milliards publié dans la presse a été lancé comme “ballon d’essai pour voir les réactions”, a commenté une source diplomatique européenne.

“La nouveauté est le fait que la BEI va pouvoir réaliser des investissements à risque, car elle aura la garantie du budget européen”, a expliqué ce responsable.

L’effet de levier doit permettre de mobiliser 300 milliards sur les 5 prochaines années. . “Il y a énormément de liquidités dans le système, mais elles ne sont pas investies en raison de l’incertitude du secteur privé face à l’Europe”, ont souligné plusieurs sources européennes.

“Il faut pour cela parachever le marché unique avec le secteur financier et donner de la transparence aux investissements qui utilisent l’argent public en Europe”, a-t-on insisté.

Le projet a été techniquement finalisé au cours de deux réunions samedi et dimanche. “L’heure des politiques est maintenant venue. Il revient aux commissaires de se prononcer lors de leur réunion mardi à Strasbourg”, a commenté un négociateur.

Au cours de cette réunion, les commissaires devront se prononcer sur le montant de la dotation du fonds et la possibilité de ne pas comptabiliser dans le calcul des déficits publics des Etats les montants des plans d’investissements nationaux qui viendront compléter l’action du fonds, a confié à l’AFP une source informée.

Jean-Claude Juncker et Jyrki Katainen, le vice-président chargé de l’emploi et des investissements vont ensuite le présenter mercredi matin aux députés européens réunis en session plénière.

“La crédibilité de la commission est en jeu. Elle doit convaincre que le plan d’ajustement est compris comme le complément des réformes structurelles et de l’ajustement fiscal”, a souligné un responsable européen.

Pour cette raison, la Commission aimerait temporiser sur les dérapages budgétaires de la France et de l’Italie, mais cette option suscite des réserves mises sur la place publique par le commissaire Allemand Gunther Oettinger.

“C’est un vrai défi de communication”, a commenté une autre source.

“Ce plan ne va pas décevoir les marchés, mais en revanche il va décevoir les politiciens qui attendent l’argent de Bruxelles”, a souligné le responsable associé à sa conception.

Les projets d’infrastructures seront sélectionnés en fonction de leur qualité, de leur intérêt et du respect de toutes les règles européennes, notamment environnementales. “Il faut dépolitiser la sélection. Il n’y aura pas de quotas par pays ni par secteur et le choix des projets sera fait en toute indépendance par les gestionnaires du fonds, pas par les politiques”, plaident ses concepteurs.

Or les Etats ont déjà soumis 1.800 projets dont le cout cumulé dépasse 400 milliards d’euros. Mais la plupart ne seront pas sélectionnés. En outre Jean-Claude Juncker veut drainer un tiers des financements vers les PME engagées dans des secteurs de pointe et qui ont des difficultés à trouver des financements, a-t-on indiqué.