La BCE dévoile les résultats d’un examen sans précédent des banques

9db4244af30c65c1febe6c247351e152f2d4138f.jpg
à Francfort (Photo : Daniel Roland)

[26/10/2014 06:49:34] Francfort (AFP) La BCE dévoile dimanche le résultat d’un examen sans précédent des bilans de 130 banques européennes, étape essentielle avant la mise en place d’une union bancaire, qui devrait conclure à la solidité de la plupart.

L’institution monétaire publiera à 12H00 à Francfort (11H00 GMT) le compte-rendu de son “asset quality review” (AQR), radiographie des actifs et crédits détenus par 130 banques de la zone euro (plus la Lituanie), dont l’ampleur devrait être de nature à restaurer la confiance des investisseurs.

En parallèle, l’Autorité bancaire européenne (EBA), basée à Londres, a procédé à de nouveaux “stress tests”, exercices de simulation pour éprouver la solidité des banques en les soumettant à deux scénarii de risques. Le plus noir prévoit un retour en récession, sur fond de crise des marchés financiers et de chute de prix immobiliers.

Menée dans le plus grand secret, cette double opération baptisée “Comprehensive Assessment”, qui a mobilisé plus de 6.000 personnes, vise à connaître aussi précisément que possible la situation financière des banques au 31 décembre 2013.

Depuis cette date -qui correspond à l’arrêté des comptes annuels- certaines ont déjà pris des mesures de renflouement, augmentations de capital ou cessions d’actifs, et n’échoueraient de ce fait que sur le papier. Cela pourrait être notamment le cas des quatre banques grecques examinées, qui ont toutes levé des fonds ces derniers mois.

– Une dizaine de recalées? –

Le nombre d’échecs – c’est-à-dire de banques pour lesquelles la BCE identifiera un besoin de capital – devrait être limité. Les premières fuites divulguées par la presse – les intéressées ont été informées dès jeudi des résultats – font état d’une dizaine de recalées.

Parmi elles quelques-unes en Italie, trois en Grèce, une au Portugal, une en Belgique, selon les bruits qui ont circulé. Ces informations recoupent les anticipations des experts, qui avaient souligné les faiblesses des italiennes Banca Carige et Banca Monte dei Paschi di Siena, des établissements grecs, de la portugaise Millenium BCP, de la belge Delfius. L’allemande HSH Nordbank pourrait avoir tiré son épingle du jeu.

En Bourse, “les banques qui ont échoué n’éviteront bien sûr pas une sanction du marché”, prédit Christopher Dembik, analyste de Saxo Banque à Paris, mais il n’envisage pas de “lundi noir pour l’ensemble du secteur”.

Les banques recalées auront deux semaines pour présenter à la BCE un plan de recapitalisation et entre six et neuf mois pour l’exécuter.

“Même avant l’annonce des résultats, le +comprehensive assessment+ a rempli ses objectifs”, en forçant les banques à prendre des mesures ou les préparer, a estimé cette semaine Yves Mersch, membre du directoire de la BCE. Les banques européennes ont renforcé leur bilan de 203 milliards d’euros depuis l’été 2013, selon lui.

– Restaurer la confiance –

Les tests doivent permettre de restaurer la confiance des investisseurs, échaudés par de précédents examens de l’EBA en 2011, qui n’avaient pas détecté les faiblesses de certains établissements comme Bankia en Espagne.

“En comparaison avec les précédents tests de résistance (…), on s’attend de manière générale à ce que les résultats de l?AQR apportent davantage de crédibilité”, estime Vincent Papa, directeur reporting financier au CFA Institute, fédération mondiale de l’analyse financière.

Pour la BCE, la revue des actifs est le moyen d’éviter les mauvaises surprises avant d’endosser le 4 novembre le rôle de superviseur bancaire (SSM), dans le cadre de l’union bancaire européenne en cours de constitution.

Ce contrôle des banques sera flanqué d’un mécanisme commun de gestion des crises bancaires et d’un système unifié de protection des économies des épargnants. L’union bancaire doit éviter qu’une crise des banques ne contamine à nouveau toute l’économie, comme au début de la décennie.

Les gardiens de l’euro comptent également sur un retour de la confiance dans le système bancaire pour inciter les banques à prêter plus, et relancer la machine économique.