Liberté économique en Tunisie : Le “oui mais” de Chedly Ayari

Par : TAP

«Aucune réforme réelle n’a été réalisée en Tunisie en termes de libéralisation du marché, durant cette dernière décennie. La preuve en est que le classement du pays en matière de liberté économique est passé de 81 en 2001 à 100 en 2012 sur un total de 152 pays». C’est ce qu’a affirmé Fred McMahon, vice-président de l’Institut Fraser, lors de la présentation du rapport sur la Liberté économique en Tunisie 2014.

Intervenant, samedi dernier lors d’un colloque organisé sous le thème «l’audit des libertés économiques en Tunisie: vers un avenir meilleur», M. McMahon a fait savoir que le concept de la liberté économique (LE) consiste à donner le droit à tout un chacun (personne physique ou morale) d’effectuer des transactions volontaires (acquérir, céder…), sans être en besoin de faire intervenir l’Etat.

«La liberté économique favorise l’amélioration de la qualité de vie des citoyens et garantit un sentiment d’autosatisfaction, dans la mesure où ils (citoyens) se sentent les maîtres d’eux-mêmes», a-t-il noté.

Dans le même contexte, Dr. Nouh El Harmouzi, directeur du Centre arabe des recherches scientifiques et des études humaines, a souligné que «le pouvoir économique doit être mis entre les mains des individus, soit le secteur privé, car c’est lui qui est en mesure de créer la richesse dans n’importe quel pays».

Le rôle de l’Etat doit être limité et même la tâche de contrôle doit être assurée dans une dynamique privée (le privé contrôle le privé), a-t-il préconisé, appelant à l’instauration d’un véritable marché concurrentiel sain et transparent en termes de libéralisation du marché.

Revenant aux institutions de l’Etat, M. Harmouzi estime que «ces structures, dans le monde arabe, sont dépourvues de l’efficacité nécessaire… Nous faisant semblant de disposer de structures solides rien que pour se faire jolie devant les institutions internationales et les bailleurs de fonds (Banque mondiale, FMI…), alors que ce n’est pas le cas», regrette-t-il.

Cependant, pour le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Chedly Ayari, l’importance de la liberté économique ne doit pas omettre la présence de l’Etat qui jouera le rôle du régulateur du marché. Car, souligne-t-il, «la libéralisation peut créer des crises énormes. A titre d’exemple, si la Tunisie avait choisi de libéraliser sa monnaie (le dinar) en 2008, ça aurait été catastrophique pour nous aujourd’hui, surtout avec la crise économique mondiale».

D’où son appel à «… bien réfléchir sur ce qui doit être libéralisé et ce qui ne le doit pas, et ce tout en prenant en considération les spécificités économiques d’un pays et sa conjoncture macro et micro économique».

Le colloque a été organisé à l’initiative de la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté, l’Institut Fraser et le Centre arabe des recherches scientifiques et des études humaines..