Investissement : L’offshore allemand satisfait de son business en Tunisie

Les entreprises offshore allemandes implantées en Tunisie sont plus satisfaites de leur situation en 2013 qu’en 2012 et sont optimistes quant à l’évolution positive des affaires en 2014. Globalement, après une année très difficile en 2012 et au regard des résultats de la traditionnelle enquête annuelle de l’AHK, la Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce, «sur la situation et les perspectives des entreprises exportatrices allemandes en Tunisie 2013/2014», l’évolution des affaires des entreprises allemandes s’est rétablie en 2013.

allemagne-tunisie-680.jpgChiffre d’affaires à la hausse

Les entreprises allemandes ont réalisé, au cours de l’année 2013, un meilleur chiffre d’affaires qu’une année auparavant. Au cours de l’exercice écoulé, la proportion des entreprises qui ont vu leur chiffre d’affaires à la hausse est estimée à 46% contre 31% en 2012.

Au plan purement business, 7,4% des entreprises qualifient l’évolution des affaires de bonne (contre 13% en 2012) et 54,3% de plutôt satisfaisante (en 2012 elles étaient 33,8%). Le total positif en évolution passe donc de 46,8% en 2012 à 61,7% en 2013.

Concernant les appréciations négatives (“mauvaise“ + “plutôt insatisfaisante“) qui étaient de 52% en 2012 (14,3% mauvaise et 37,7% plutôt insatisfaisante), ces appréciations passent aujourd’hui à 37,1% (9,9% “mauvaise“ et 27,2% “plutôt insatisfaisante“).

Par secteur, le niveau de satisfaction dans l’électrotechnique en forte hausse s’élève, aujourd’hui, à 72,7% contre 58,8% en 2012, alors que les entreprises du secteur textile ont, quant à elles, avec une petite hausse, seulement 51,6% de réponses positives. Celles-ci étaient de 41,3% en 2012.

Le pourcentage d’entreprises qui jugent l’évolution des affaires sur l’extrême négatif (mauvaise) est aussi totalement différent selon le secteur d’activité : 19,4% (27,6% en 2012) pour l’industrie textile, et 3,1% (5,9% en 2012) pour le secteur électrotechnique.

Mention spéciale pour les effectifs. En 2013, 48,1% des entreprises, quel que soit le secteur d’activité, ont augmenté leurs effectifs contre 32,5% en 2012. Pour 32,1% des sociétés, les effectifs restaient stables (36,4% en 2012).

Les secteurs qui ont le plus recruté, en 2013, sont le textile et l’électromécanique.

Difficultés rencontrées en 2013

Les entreprises sondées ont cité des facteurs externes et internes. Au plan extérieur, elles ont cité les coûts de transport élevés en Méditerranée (25,9%), l’évolution sur les marchés d’écoulement en Europe (21%). L’évolution des débouchés européens est aussi une autre difficulté pour 21% des entreprises (27,3% en 2012).

Au plan interne, elles ont évoqué le niveau et l’évolution du coût du travail (35,8%), les problèmes administratifs et de procédures d’autorisation (24,7%), les problèmes liés aux télécommunications malgré une petite amélioration perceptible à travers la baisse des problèmes avec 13,6%.

Autres difficultés: les impacts négatifs de la révolution retiennent beaucoup plus l’attention des entreprises concernées par l’enquête et sont toujours les facteurs négatifs les plus cités. En effet, l’insécurité, malgré une baisse importante, reste, quel que soit le secteur considéré, avec 67,9% (93,5% en 2012), le premier impact négatif, suivi de grèves sauvages, difficulté qui reste stable (2013: 50,6% vs 2012: 48,1%) tous secteurs confondus, mais en augmentation pour le secteur textile (2013: 48,4% vs 2012: 31%).

Pour aplanir l’ensemble de ces difficultés, les entreprises allemandes offshore suggèrent la suppression de toute bureaucratie inutile (31,6%, 17,4% en 2012), l’amélioration de la sécurité (26%, 30,4% en 2012), la stabilisation du climat politique et social (24,1%, 30,4% en 2012), et la diminution des grèves (14,8%).

Attentes pour 2014

Pour les entreprises enquêtées, les perspectives concernant l’évolution des affaires pour 2014 restent optimistes au triple niveau des exportations, des effectifs et des investissements.

En effet, 46,9% (2014) et 40,3% pour 2013 des entreprises ayant participé à l’enquête envisagent une augmentation de leurs exportations tandis que 14,8% des entreprises interviewées (18,2% pour 2013) s’attendent à une diminution de leur chiffre d’affaires à l’exportation et 30,9% (32,5% pour 2013) pensent qu’il n’y aura pas de changement par rapport à 2013.

Les prévisions concernant l’évolution des effectifs pour l’exercice en cours sont, elles aussi, positives, et tous secteurs confondus sont supérieures à celle de 2013. Ainsi, 33,3% des entreprises envisagent une augmentation de leurs effectifs pour l’année 2014 vs 26,0% pour 2012.

Tout comme pour les attentes relatives aux exportations et aux effectifs, les entreprises exportatrices allemandes implantées en Tunisie se montrent encore optimistes quant à l’évolution des investissements en 2014. Ainsi, pour cette période difficile pour le site Tunisie, 34,6% des entreprises interrogées prévoient une augmentation des investissements par rapport à l’année précédente (2013: 31,2%) contre 4,9% qui prévoient une diminution (2013: 15,6%). 54,3% (2013: 39%) ne s’attendent à aucun changement dans l’évolution des investissements en 2014 par rapport à la dernière enquête.

Toujours selon l’enquête, aucune entreprise ne prévoit un recul des investissements par rapport à l’année précédente.

Pour l’achat de matières premières sur le marché tunisien

La nouveauté de l’enquête a été manifestement la question relative à l’achat de matières premières sur le marché tunisien par les entreprises allemandes. Est-il besoin de rappeler que 48% des entreprises participantes achètent déjà au marché tunisien contre 52% des entreprises qui s’approvisionnent de l’étranger.

Avec 24,3% d’emballages en carton et 13,5% de matériaux d’emballage, les emballages représentent la partie la plus importante des matériaux à acheter sur place.

L’enquête recommande l’enjeu d’accorder de l’intérêt pour le développement d’un réseau d’approvisionnement local. 57,1% des entreprises, qui achètent déjà sur le marché local, ont ainsi intérêt à accroître leurs activités d’achat en Tunisie. Celles également qui n’acquièrent jusqu’à présent aucune matière sur le marché tunisien ont manifesté avec 39,5% un intérêt à développer leur achat local.

Les besoins en matières premières sont comparables à celles des achats déjà faits, tels que les emballages, les composants plastiques et les pièces de rechange. La seule condition exigée pour l’achat local, les entreprises demandent une plus grande fiabilité sur la livraison et le respect de la qualité.

Perception du site de production Tunisie

Cette enquête a révélé, entre autres, les atouts majeurs qui attirent les entreprises offshore allemandes en Tunisie. Ces dernières citent dans l’ordre la proximité géographique de l’Europe, soit 84% des entreprises enquêtées (81% en 2013), les coûts de production compétitifs avec 51% (38% en 2013), les avantages fiscaux consentis aux entreprises exportatrices avec 46% des entreprises (58% en 2013).

Au rayon des points à améliorer, les entreprises sondées en 2014 citent, au taux de 84% le manque de stabilité politique et sociale (95% en 2013), la réglementation excessive et la rigidité de l’administration tunisienne avec 48% (35% en 2013); la faible productivité des salariés est critiquée par 44% des entreprises (47% en 2013) et le manque de personnel qualifié (25,9%).

Une révélation de cette enquête mérite qu’on s’y attarde un peu. Aujourd’hui, pour 12,9% (2013: 10,3%) des entreprises du secteur textile ayant participé à l’enquête, la Tunisie n’offre aucun avantage en tant que site de production. C’est de toute évidence un bon signe dans la mesure où les entreprises allemandes ne cherchent pas à s’implanter en Tunisie en raison des incitations fiscales.

Au final, il est permis d’avancer que trois ans après la révolution, les perspectives pour l’année 2014 s’avèrent optimistes pour les entreprises exportatrices allemandes d’autant plus que l’Allemagne, troisième partenaire économique (échanges de plus de 2,8 milliards d’euros en 2013) et troisième investisseur en Tunisie, considère notre pays comme son «partenaire économique le plus important au Maghreb».