Tunisie – Société : La nouvelle ambition d’ACMACO

Vingt
ans après sa création –célébrée samedi 31 mai 2014 par un colloque ayant dressé
le bilan et l’apport de l’Association Mohamed Ali de la Culture Ouvrière (ACMACO)
et analysé ses perspectives d’avenir-, l’ACMACO, devenue un acteur important de
la scène syndicale tunisienne, veut se donner une nouvelle ambition, voir plus
loin et plus grand. Cette structure créée en 1994 par Habib Guiza, quelques
années après qu’il a quitté l’UGTT, voudrait se transformer en «think tank du
mouvement syndical et social», en construisant sur le riche acquis des vingt
dernières années.

Conçue comme un lieu de rencontre et de débat, l’ACMACO s’est caractérisée,
selon le mot de l’ex-ministre des Affaires étrangères, Ahmed Ounaies, par «une
attitude philosophique de recul» mise au service de «l’intelligence humaine», en
l’occurrence celle des Tunisiens, «vouée à l’amélioration de la vie économique,
sociale et politique du pays».

Concrètement, l’ACMACO a fait se rencontrer quatre «forces» –les «marginaux de
l’UGTT», les universitaires, les «gens de la haute administration» et la société
civile- qui ont débattu de toutes les questions touchant au développement
économique, social et politique du pays, ainsi qu’à ses relations avec son
environnement (Maghreb, Union européenne, etc.) et ont, par conséquent, fait de
l’ACMACO, selon l’économiste Jacques Ould Oudia, «un gisement de connaissances
accumulées».

Après avoir apporté la preuve de sa pertinence «dans une période difficile de la
vie de notre pays», cette association a-t-elle encore une raison d’être et un
avenir?, se demande Mourad Allal, directeur de «le Pole» (organisme français de
formation spécialisé dans l’évaluation linguistique, l’orientation sur des
parcours de formation et le suivi, en Seine-Saint-Denis, dans la banlieue de
Paris).

L’ACAMCO a un avenir parce que, étant dans «l’immédiateté de la chose
politique», «nous avons besoin d’un lieu de production de sens», explique cet
ancien coordinateur général de la Plateforme non gouvernementale EUROMED. Et ce
sens, elle devrait le produire en continuant à réfléchir à des questions qu’elle
a déjà traitées avant le 14 janvier 2011 «mais sans aboutir à des réponses
exploitables».

Mais pour qu’elle puisse continuer à jouer ce rôle, l’ACMACO doit satisfaire
certaines conditions. La première est, selon Mourad Allal, de «garder une
distance par rapport à la chose publique et politique».

Ayant besoin de «continuité dans sa réflexion» et de visibilité, cette
association doit ensuite se doter d’une structure permanente, en l’occurrence un
«comité scientifique».

De même, l’ACMACO doit «trouver les moyens de son ambition» et, selon Mourad
Allal, «la seule façon de les obtenir est de travailler sur des études de fond».

Samir Meddeb suggère quant à lui trois axes d’action pour guider la stratégie
d’adaptation d’ACMACO à la nouvelle situation dans le pays: l’ouverture sur de
nouveaux acteurs, le traitement de nouvelles thématiques –le pouvoir local, la
ville, le développement durable, le Partenariat Public/Privé, etc.- et «changer
d’approche et de méthode de travail».