La Banque du Japon garde intacte sa politique monétaire malgré une reprise ralentie

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évrier 2014 à Tokyo (Photo : Toshifumi Kitamura)

[11/03/2014 06:42:54] Tokyo (AFP) La Banque du Japon a maintenu en l’état sa politique d’assouplissement monétaire à l’issue d’une réunion de son organe directeur, confiante dans la vigueur de la reprise nippone qui montre pourtant des signes de faiblesse.

L’institut d’émission va entre autres continuer d’augmenter de 50.000 milliards de yens par an (350 milliards d’euros) son stock d’obligations d’Etat, qu’il rachète sur le marché secondaire.

Le statu quo a été décidé mardi à l’unanimité des neuf membres du comité de politique monétaire, sous la direction de Haruhiko Kuroda qui avait impulsé cette politique d’assouplissement juste après son arrivée à la tête de l’institution en mars 2013.

La BoJ veut ainsi intensifier la circulation de l’argent au sein de la troisième puissance économique mondiale, de façon à sortir d’une déflation d’une quinzaine d’années qui dissuade les entreprises d’investir et incite les ménages à repousser leurs achats pour bénéficier plus tard de meilleurs tarifs.

Le maintien en l’état de cette politique était largement attendu par les observateurs, malgré le ralentissement de la croissance japonaise observé en fin d’année dernière. Entre octobre et décembre, le produit intérieur brut n’a progressé que de 0,2% d’un trimestre sur l’autre, et la croissance pour l’ensemble de 2013 n’a finalement atteint que 1,5%, d’après des chiffres révisés publiés lundi.

– Nouvel assouplissement courant 2014 ? –

Mais la BoJ a maintenu qu’elle voyait l’activité nippone “continuer de se reprendre à un rythme modéré, même si elle sera affectée par un surcroît de demande puis une rechute avant et après la hausse de la taxe sur la consommation” le 1er avril.

Cet impôt indirect, équivalent de la TVA française, va augmenter de 3 points à 8%, afin de mieux contrôler la dette publique japonaise qui atteint un niveau inédit parmi les pays développés.

La capacité de l’économie japonaise à résister à ces mouvements de yoyo de la consommation constitue l’une des principales inconnues pesant sur la reprise nippone, encouragée par le gouvernement de droite de Shinzo Abe via un ensemble de mesures popularisées sous le vocable d'”Abenomics”.

Revenu au pouvoir en décembre 2012, M. Abe a lancé à grand renfort de communication des dépenses budgétaires de relance, fait pression sur la BoJ pour qu’elle assouplisse sa politique et lancé des promesses de “réformes structurelles” qui restent à concrétiser.

Un peu plus d’un an plus tard, la confiance est revenue chez les grandes entreprises, réjouie de la forte dépréciation du yen entraînée par les flots de liquidités déversés dans les circuits par la BoJ. La Bourse de Tokyo a bondi de 57% en 2013 mais près de trois-quarts des Japonais estiment n’avoir pas bénéficié directement des Abenomics, d’après un sondage récent.

La BoJ s’est toutefois montrée confiante dans son communiqué de politique monétaire, un quasi copier-coller de son diagnostic précédent publié il y a trois semaines.

Elle a jugé que les principaux risques pesant sur la croissance japonaise venaient de l’étranger, évoquant la situation des pays émergents, le problème de la dette européenne et la reprise aux Etats-Unis.

Une des membres du comité de politique monétaire, Sayuri Shirai, a toutefois estimé que la Banque aurait dû ajouter une référence aux risques pour la croissance nippone induits par la situation de l’emploi et des revenus au Japon même.

Avec la hausse de la taxe sur la consommation d’un côté et le retour d’une légère inflation de l’autre, le pouvoir d’achat des Nippons risque en effet souffrir, au risque de menacer la reprise si ne sont pas actées les hausses de salaires réclamées au patronat par le gouvernement comme par les syndicats.

Nombre d’économistes prévoient toutefois que la BoJ tente de venir à la rescousse en augmentant ses injections de liquidités.

“L’effet d’entraînement du yen faible sur la hausse des prix commence à faiblir, l’objectif d’inflation de 2% fixé par la banque centrale a peu de chance d’être atteint d’ici au début 2015”, note Marcel Thieliant, de Capital Economics, qui prévoit en conséquence “un nouvel assouplissement dans le courant de cette année”.