En Bretagne, le premier campus numérique “post-carbone”

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é de Rennes, le 22 octobre 2013 (Photo : Frank Perry)

[26/10/2013 13:14:37] Rennes (AFP) Ambiance feutrée, sièges confortables et équipement high-tech: loin du traditionnel amphi de fac, les trois premières salles “immersives” de l’Université européenne de Bretagne (UEB) relient virtuellement les enseignants et étudiants de Rennes, Brest et Lorient, première pierre d’un projet pionnier de campus numérique.

“Unique par son ampleur” selon Patrice Roturier, vice-président numérique de l’UEB, le projet – baptisé UEB@campus – ambitionne de multiplier les échanges entre des universitaires éloignés géographiquement, tout en réduisant leurs déplacements et leur empreinte carbone. Il est aussi le premier, dans le monde universitaire européen, à se doter de la technologie des salles immersives, après deux universités américaines (Georgetown et Duke).

L’idée est “de partager des documents, tout en ayant l’impression d’être dans la même salle”, explique Cécile Gandon, ingénieure pédagogique à l’université de Rennes 1.

“Bonjour, c’est Laurent à Lorient, je vous entends!”: dans la salle immersive jumelle de Rennes, où ce formateur apparaît grandeur nature sur un écran devant une poignée d’universitaires venus s’initier à cet outil, l’impression de face-à-face réel est frappante.

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é de Rennes, le 22 octobre 2013 (Photo : Frank Perry)

L’image, haute-définition, est nette. Les échanges – sans micro – sont fluides et le son spatialisé donne à tous l’illusion de se trouver dans la même pièce, à défaut “d’un café”, sourit une participante.

Sur chaque table, un ordinateur mis à disposition des utilisateurs leur permet, où qu’ils se trouvent, de visualiser les documents de l’intervenant, qui, lui, s’adresse à un public plus large sans avoir à se déplacer.

“On n’a pas mégoté”

Intérêt supplémentaire: la possibilité d’enregistrer automatiquement les cours, ou les réunions pédagogiques, et donc de constituer aisément “un patrimoine numérique d’enseignement”, selon Patrice Roturier.

Et nul besoin, pour y intervenir, d’être un surdoué des nouvelles technologies: “on réserve la salle en ligne et quand on arrive, tout est prêt”, souligne Cécile Gandon. Une “hotline”, joignable rapidement, se charge de résoudre les éventuels problèmes techniques.

Mais la pédagogie de l’enseignant doit s’adapter: “pensez bien à accueillir les étudiants” éloignés, “et à rester dans le champ de la caméra”, conseille Cécile Gandon aux intervenants présents à Rennes lors de la session de présentation.

“On a l’impression que les personnes distantes sont plus présentes” qu’avec un système classique de visioconférence, reconnaît Ronan Lefort, ex-coordinateur d’un master de physique à Rennes, qui a utilisé cette salle immersive pour ses cours à des étudiants de Rennes, Lorient et Brest.

Cette technologie présente aussi l’avantage de “mieux faire passer le langage non-verbal, très important lors d’un cours”, poursuit-il.

En revanche, “ça ne pourra jamais remplacer un cours en présentiel”, estime-t-il. “Quand on reste plus de trois heures, on peut y avoir des problèmes de concentration, voire de claustrophobie”. En plus, “le planning risque d’être saturé, or il faut “un minima d’une centaine d’heures par an par formation”.

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é de Rennes, le 22 octobre 2013 (Photo : Frank Perry)

“Pour une fois, on n’a pas mégoté!”, salue Pierre Girod, qui prépare une thèse sur le chant français au XIXe siècle. “Je suis un pro du son et le dispositif est très bien réglé, il y a un grand confort” témoigne-t-il, après un cours dispensé en simultané à Rennes, Brest et Lorient.

“C’est un vrai service (…) qui facilite l’organisation de formations pointues ou à des horaires bizarres”, poursuit-il, espérant que le dispositif “se généralisera à tout le territoire”, car il “peut aussi répondre aux volontés des universités d’englober un territoire plus grand”.

A l’horizon 2016, quatre autres salles immersives de 18 places, et d’autres équipements de communication collaborative seront déployés en Bretagne, mettant en réseau les 72.000 étudiants et 6.000 chercheurs de l’UEB, qui regroupe 28 établissements d’enseignement supérieur sur 38 sites; parfois éloignés de quelque 250 kilomètres comme Rennes et Brest.

A terme, le campus numérique – d’un coût de 60 millions d’euros pris en charge par l’Etat (30 millions), le conseil régional et d’autres collectivités – devrait déployer 900 kilomètres de fibre optique à très haut débit.