La paralysie du budget américain menace moins que l’impasse sur la dette

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à Washington DC, le 28 septembre 2013 (Photo : Nicholas Kamm)

[30/09/2013 19:46:47] Washington (AFP) La fermeture de l’Etat fédéral qui se profile aux Etats-Unis n’aurait qu’un impact limité sur la première économie mondiale, contrairement à une impasse persistante sur le plafond de la dette d’ici à la mi-octobre.

“Les conséquences directes d’une fermeture de l?administration ne sont pas immenses”, indique Lewis Alexander, économiste chez Nomura.

Si républicains et démocrates ne parviennent pas à s’accorder sur un projet de budget d’ici à lundi soir, des centaines de milliers de fonctionnaires américains seront mis en chômage technique et des services non-essentiels de l’Etat (musées, zoos…) seront fermés.

Selon M. Alexander, cette paralysie serait sans effet sur les principaux postes de dépenses publiques ayant un effet direct sur l’économie, comme les contrats de travaux publics existants ou les achats et ventes d’armes.

Selon les experts de Macroeconomic Adviser, la première fermeture de l’Etat fédéral depuis janvier 1996 ne serait toutefois pas indolore si elle durait deux semaines. D’après leurs calculs, elle amputerait alors la croissance américaine de 0,3 point de pourcentage au quatrième trimestre.

Ses effets resteraient toutefois “modestes”, selon ce cabinet d’études qui prévoit que les éventuelles pertes seraient très vite compensées. “La production rebondirait au premier trimestre 2014”, assurent ces experts.

Le précédent de 1996 en est l’illustration. L’Etat fédéral avait dû fermer à la fin 1995 et début 1996 pendant plus d’un mois en cumulé. La croissance en rythme annualisé avait alors été amputé d’un point entre le troisième trimestre de 1995 et la premier trimestre 1996, à 2,6% avant de rebondir à 7,2% au deuxième trimestre.

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ésident de la Banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, le 18 septembre 2013 à Washington DC (Photo : Jim Watson)

Si la fermeture devait durer un mois, les conséquences seraient toutefois plus prononcées, selon Mark Zandi de l’agence Moody’s Analytics, qui table sur une réduction de la croissance américaine de 1,4 point de pourcentage.

Interrogé par l’AFP, le Trésor américain a indiqué ne pas avoir d’estimation précise sur l’impact économique d’une fermeture.

Au-delà de son impact concret, cette passe d’armes budgétaire a déjà commencé à plomber les marchés boursiers et pourrait, en bout de chaîne, freiner l’investissement des entreprises.

“Réactions en chaîne”

Les regards des experts sont toutefois braqués sur une échéance plus lointaine et une autre querelle budgétaire, à leurs yeux, plus menaçante.

Si d’ici au 17 octobre, républicains et démocrates ne trouvent pas d’accord sur un relèvement de la limite légale de la dette, les Etats-Unis pourraient ne plus être en mesure de faire face à leurs obligations financières et être contraints de faire défaut sur une partie de leur dette.

“La possibilité que la limite légale de la dette soit atteinte plus tard pendant l’automne fait peser une menace bien plus importante sur les perspectives économiques”, souligne le cabinet Macroeconomic Adviser.

Pour l’heure, les Etats-Unis empruntent à des conditions extrêmement favorables auprès des marchés financiers mais un défaut partiel pourrait avoir des conséquences imprévisibles sur le coût de son financement.

A l’été 2011, un précédent blocage sur le plafond de la dette avait conduit l’agence de notation Standard and Poor’s à priver les Etats-Unis de leur “triple A”, gage de solvabilité maximale auprès des investisseurs.

“Les conséquences (…) sont potentiellement bien plus graves”, souligne M. Alexander, ajoutant que les Etats-Unis ne pourraient alors éviter des arriérés de paiement.

Douglas Porter, chef économiste à BMO Capital Markets, va plus loin et craint même un retour des Etats-Unis en récession considérant “les réactions en chaîne” sur la confiance des investisseurs et des marchés.

Le président de la Banque centrale américaine, Ben Bernanke, a d’ailleurs invoqué mi-septembre les risques budgétaires pour justifier le maintien des mesures de soutien exceptionnel à l’économie.

Le Fonds monétaire international (FMI) a, lui, estimé jeudi que la fin de l’hypothèque budgétaire aux Etats-Unis était “importante” pour le pays et “au-delà pour l’économie mondiale”.