Double cérémonie de livraison de l’avion A400M à Séville et Orléans

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éfilé militaire (Photo : Lionel Bonaventure)

[30/09/2013 05:51:14] Paris (AFP) Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian assistera lundi à la double cérémonie de livraison du nouvel avion de transport militaire européen A400M à Séville et Orléans, dont le premier appareil a déjà été réceptionné par la France le 1er août.

L’avion sera livré lundi matin sur le site industriel d’Airbus Militari, à Séville en Espagne, en présence du ministre français, du prince Felipe d’Espagne et “de plusieurs ministres de pays étrangers, notamment les pays clients de l’A400M”, a annoncé Pierre Bayle, porte-parole du ministère de la Défense.

M. Le Drian se rendra ensuite à la base aérienne 123 d’Orléans, à bord de l’A400M pour s’y poser vers 14H00.

Le programme A400M, lancé en 2003 par sept pays membres de l’Otan (Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg et Turquie), a failli ne pas voir le jour en raison des retards et surcoûts causés par une motorisation complexe et des demandes techniques divergentes entre pays clients.

En janvier 2010, Tom Enders, alors patron d’Airbus, avait même menacé de l’abandonner si les sept pays refusaient de partager les dépassements de coûts. Deux mois plus tard, les pays clients et EADS étaient finalement parvenus à un accord de principe pour amender le contrat initial, se répartir les surcoûts et s’accorder sur un nouveau calendrier.

Mais le poids de la crise économique sur les budgets de la défense en Europe ralentit la ratification. Il aura donc fallu attendre encore plus d’un an pour que le contrat définitif soit signé au terme d’ultimes négociations homériques.

Au total, l’A400M a accumulé quatre ans de retard et a dépassé son budget initial de 6,2 milliards d’euros, soit d’environ 10%.

Dessiné à la demande des états-majors européens après la première guerre du Golfe de 1991, qui avait mis en évidence leur manque de moyens, l’A400M doit remplir des missions stratégiques (transport sur de très longues distances) et tactiques, au plus près des combats.

L’A400M “une niche à lui tout seul”

Équipé de quatre turbopropulseurs, il sera capable de transporter jusqu’à 37 tonnes sur 3.300 kilomètres, et de se poser sur des terrains non préparés, même dans le sable, avec des blindés ou des hélicoptères. Ce mastodonte aux hélices de plus de 5 mètres de diamètre est aussi conçu pour larguer des parachutistes à 12.000 mètres d’altitude ou ravitailler en vol deux avions ou deux hélicoptères.

Il sera donc seul sur le marché entre deux appareils américains à long rayon d’action, le C-130 Hercules, d’une capacité de 20 tonnes, et le C-17 Galaxy (76 tonnes) qui ne peut se poser que sur de grands aéroports.

La France est le premier pays à avoir reçu un A400M. Elle devrait en réceptionner deux autres et un dernier devrait être livré à la Turquie.

Airbus Military, qui a construit l’A400M, espère en exporter 400 dans les trente prochaines années, au-delà des 174 déjà commandés en Europe et en Malaisie. “Nous ciblons la zone du Golfe et la zone Asie-Pacifique, où de nombreux pays renouvellent leur flotte”, avait indiqué Domingo Ureña-Raso, le PDG de cette filiale du groupe européen EADS en préparation du salon du Bourget en juin dernier.

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érémonie officielle a lieu lundi

“Mais le meilleur marketing sera fait par les armées de l’air qui démontreront les capacités de l’avion lors de leurs opérations. Ca va se jouer dans les prochains quatre à cinq ans”, avait-il affirmé, comptant sur les forces aériennes françaises, britanniques et turques, les plus actives pour en faire la promotion.

Pour Gareth Jennings, de consultants IHS Jane’s, l’A400M occupe “une niche à lui seul”.

“Les Etats-Unis se font plus agressifs pour promouvoir leurs armements à l’étranger, mais ils n’ont pas de produit comparable”, a-t-il expliqué.

“Russes et Ukrainiens travaillent sur un Antonov-70, aux capacités similaires à celles de l’A400M, mais vu l’histoire de ce programme, arrêté puis relancé, on peut douter qu’il soit jamais construit”, a-t-il estimé.