Marsoum41… Une voie au service de l’accès à l’information en Tunisie

Prendre conscience et s’approprier tous les mécanismes à même de garantir la bonne gouvernance, la transparence et la protection de la liberté d’expression en cette phase de transition et de construction des institutions est déterminant pour la démocratie à bâtir en Tunisie. Loin des débats houleux à travers les médias et tout aussi loin des marches et bras de fer spectaculaires anti et pro-gouvernement, d’autres gardiens de la révolution font un travail de fourmi. Ils se battent, proposent et s’opposent avec les nouvelles autorités pour rompre définitivement avec le passé et ses pratiques. Ils bataillent pour abolir le mur de la “culture du secret“ qui casse la confiance et laisse une voie ouverte à tous les dérapages.

marsoum-41-2013.jpgDans ce cadre, une association, en particulier, évolue de façon efficace et offensive, «Touensa», qui a choisi de développer l’axe “transparence et intégrité“ et œuvre spécifiquement pour l’accès à l’information publique.

Elle a commencé par développer Marsoum41 www.marsoum41.org, un outil permettant d’aboutir à un meilleur accès à l’information publique et impliquant concrètement l’administration dans ce processus. Elle vient d’effectuer, en collaboration avec l’UNESCO et l’ambassade de Finlande, une formation à ce sujet au profit de nombreuses associations concernées.

Qu’est-ce que le Marsoum41?

D’abord, il porte bien son nom puisqu’il s’agit du décret-loi 41 en date du 26 mai 2011 relatif à l’accès aux documents administratifs des organismes publics.

www.Marsoum41.org est un outil qui permet au citoyen, via un formulaire, d’adresser directement une demande à un établissement public donné. La plateforme web est facile de navigation. On y dépose sa requête et les autorités compétentes s’engagent à y répondre dans un délai ne dépassant pas les 15 jours. Le citoyen a le droit d’accéder aux informations provenant des divers ministères, administration centrale et régionale, collectivités locales, entreprises et établissements publics soit près de 250 établissements.

Quels types de questions?

Toutes celles qui sont relatives aux budgets, aux fonctionnements, aux nominations, aux services de l’Etat. Le Droit A l’Information (DIA) part du principe que toute les informations sont publiques sauf celles qui ont trait à la sécurité de l’Etat. La plateforme, qui a enregistré à ce jour près de 83 demandes, comporte un guide en arabe, en français et en anglais, et est simplement conçue pour expliquer la circulaire du décret-loi N41.

Sur la plateforme, on trouve déjà des requêtes qui ont trait au budget de la Fédération tunisienne du cyclisme à celles relatives aux marchés de l’Etat. Le citoyen peut ou devrait pouvoir, à travers l’exercice, savoir combien lui coûte un ministre, ce qu’on fait des deniers de l’Etat ou combien coûte l’entretien d’un jardin public. Les questions se corsent bien entendu lorsque l’on parle d’archives nationales.

Le Marsoum41 vise à veiller à la bonne gouvernance et rétablir la confiance entre gouvernants et gouvernés car une information claire, des pratiques transparentes débarrassées du voile du secret sont l’oxygène de la démocratie.

Qu’est-ce que le droit à l’information?

Cité dans l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, le droit à l’information est le premier exercice de la pleine citoyenneté. A ce jour, ce droit est garanti dans plus de 80 pays de par le monde.

Il va de soi que cette loi n’a de sens que lorsque les pratiques suivent et que les mentalités changent. Mentalités du côté des gouvernés -qui doivent apprendre à demander des explications, réclamer des comptes et apprendre ainsi à devenir citoyens plutôt que sujets. De son côté, l’Etat et son administration doivent opérer un changement radical, une mise en place de procédures via des moyens considérables pour pouvoir répondre en temps et en heure aux requêtes des citoyens.

Vous l’avez compris, si vous souhaitez savoir quelque chose, n’hésitez plus! Allez sur le site, faites une demande écrite directement auprès de l’organisme concerné par votre requête ou envoyez un fax. C’est simple, gratuit et utile. Sachez aussi qu’un chargé de l’information de l’administration est à votre service. Usez et abusez. Ce n’est que par la pratique que les choses, faute de pouvoir changer rapidement, évolueront en faveur d’un respect plus grand des citoyens et des institutions.