Chris O’connor, ambassadeur du Royaume-Uni à Tunis : «Un saut de palier de coopération avec le G8 est possible»

chris-connor-130-1.jpgA la veille de son départ de Tunisie, l’ambassadeur du Royaume-Uni a bien voulu revenir sur son séjour parmi nous.

Entretien.

WMC: La Grande-Bretagne a été très active pour amener le G8 à conclure sa «Big Offer» avec la Tunisie. Actuellement on la sent moins présente. Quelle raison à cela?

Chris O’connor: La Grande-Bretagne a aidé à la première manche de la «Big Offer» en soutien à l’effort de la Tunisie pour rebâtir son économie. Nous avons contribué à sensibiliser les institutions financières internationales notamment la BM, la BEI, la BAD et enfin la BERD à se mobiliser pour la Tunisie. Je dois dire que l’aide a été conséquente, car elle se chiffre en milliards de dollars !

Il est vrai que notre intervention était noyée dans la masse des pays du Groupe. A présent que nous accédons à la présidence du G8, nous allons prendre des initiatives supplémentaires. Nous considérons qu’il est opportun d’aider à doper le dynamisme du secteur privé. Et, pour cela, on doit travailler de concert. Nous mobiliserons la communauté des investisseurs, notamment ceux qui ne sont pas encore engagés en Tunisie, mais il faudrait que des réformes suivent pour rendre le site plus attractif. Il faut travailler simultanément au cadre et au climat d’investissent pour donner de la visibilité aux investisseurs.

En somme, vous travaillez à la mise en place d’un saut de palier de coopération entre la Tunisie et le G8…

La coopération avec le G8 peut être enrichie de nouvelles perspectives, à présent que la volonté politique est réunie. Nous allons travailler sur le contenu avec des réalisations concrètes. Au mois de septembre prochain, nous allons organiser un Forum qui réunira la communauté des investisseurs du G8 et les représentants des pays du printemps arabe.

Nous avons déjà mis en route un programme sur deux en faveur de la Tunisie, afin de garantir la composante Mentoring, c’est-à-dire la prise en mains des PME-PMI locales, par des dirigeants d’entreprises importantes des pays du G8.

Enfin, nous œuvrons à renforcer l’entrepreneurship féminin.

Le secteur bancaire tunisien s’emploie à se restructurer pour redémarrer du bon pied. On ne voit pas les banques anglaises manifester leur intérêt pour la question. Quelles raisons à cela?

De mon point de vue, je vois deux raisons essentielles à cela. Il y a le fait que la Place de Tunis ne réunit pas la masse critique pour intéresser les enseignes internationales. Si le marché maghrébin s’unifiait, les perspectives seraient plus intéressantes.

Par ailleurs, le secteur reste encore trop réglementé, pas assez transparent et cela n’est pas du meilleur effet sur les enseignes internationales.

Vous aviez organisé la visite du prince Andrew, premier responsable de l’investissement pour le Royaume. La Tunisie est à la recherche de nouvelles opportunités économiques. Peut-on envisager une deuxième visite?

Je me propose de m’entretenir de la question avec le nouvel ambassadeur. Il faut bien comprendre que la visite du Prince Andrew ou de figures importantes de la sphère financière anglaise est d’abord une affaire de timing. Le contexte doit se prêter à la conclusion de partenariats d’envergure.

UK Trade partners, la section économique de l’ambassade, a arrêté toutes les commissions commerciales. Entend-elle reprendre ses activités?

Je vous annonce, pour le 13 juin, l’arrivée d’une commission commerciale écossaise avec une représentation sectorielle variée, notamment de l’énergie, le bâtiment, la consultance. Mais là encore, c’est affaire de timing. Il faut que les conditions soient propices pour conclure des contrats.

Comment évaluer le redéploiement de la diplomatie tunisienne?

Elle cherche de nouvelles ouvertures mais elle maintient les choix fondamentaux et les orientations essentielles.

Comment évaluer le déroulement du processus de transition démocratique?

Le génie tunisien a prévalu et j’observe avec satisfaction que les tiraillements politiques finissent en général par s’orienter vers le compromis et le consensus.

Votre meilleur souvenir de Tunisie?

Le sursaut de cet esprit tunisien après le 14 janvier qui a fait que la pays se saisisse et évite la dérive du chaos ou de la résurgence de la dictature et que par lucidité et en l’absence d’une légitimité électorale, le pays soit allé vers les élections du 23 octobre. Bravo !

Vous serez en poste en Amérique. La révolution tunisienne vous aurait porté chance…

On peut voir ça comme ça. J’étais sollicité pour partir l’été 2012 et j’ai demandé à rester une année supplémentaire. C’est vous dire mon attachement à la Tunisie et mon intérêt pour le déroulement du processus de transition démocratique. J’emporte un souvenir de Tunisie, in the bottom of my mind.