Tunisie : L’appel de détresse des professions maritimes


martimes-29042013-l.jpg«Depuis
la reconstitution de la Fédération du transport (relavant de l’Union tunisienne
de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, en septembre 2012), nous avons
fait part de nos problèmes à l’administration afin de limiter nos pertes, mais
nous n’avons pas trouvé une oreille attentive. Nous devons donc nous mobiliser».

C’est sur un ton solennel et grave à la fois que Salem Nabgha, président de la
Fédération du transport, lui-même actif dans le secteur maritime, a ouvert
vendredi 26 avril 2013, une rencontre de ses confrères dont l’intitulé résume
bien la finalité: «les professions maritimes en crise: le ras-le-bol».

Les professions maritimes vont très, très, très mal. Les représentant des
différents métiers se sont relayés pendant près de deux heures pour témoigner et
expliquer que leurs «problèmes se sont accumulés avant la révolution et se sont
aggravés après». Et après s’être abstenus de toute action, les professions
maritimes ont décidé d’agir parce que l’urgence de leur situation le leur
impose.

Le ras-le-bol est à son paroxysme, d’abord, parmi les commissionnaires en
douane. Qui se plaignent en particulier de l’invasion de leur profession par
«les intrus, qui n’ont pas les autorisations légales pour exercer ce métier».
Ils seraient, d’après le président de la Chambre des commissionnaires en douane,
au nombre de 600, contre seulement 160 en règle. Qui de surcroît s’arrogent
l’essentiel de l’activité, soit près de 80% des déclarations effectuées tous les
ans. Les commissionnaires demandent donc que l’Etat impose, «comme dans les pays
développés, dont la France», que toutes les opérations de douane se fassent par
des intermédiaires agréés.

Outre des problèmes similaires d’organisation, les professionnels du transport
se plaignent de la longueur de l’attente –près de 3 heures- pour faire sortir un
tracteur avec son conteneur, de la hausse des facteurs de coût –dont les
hydrocarbures et les salaires de la main-d’œuvre, parmi lesquels les chauffeurs
qui ont bénéficié d’une augmentation salariale de 350 dinars- et de la
concurrence déloyale. Celle-ci leur vient des transporteurs étrangers qui,
d’après Abdelaziz Neffati, président de la Chambre de transport international de
marchandises, «exercent le transport à l’intérieur» de la Tunisie.

Les transitaires ne sont guère mieux lotis. D’après leur président, Adel Ben
Achour, ils souffrent, outre «l’autisme des autorités», de «marginalisation», de
la longueur des formalités –en raison de l’éparpillement des différents points
de contrôle à l’intérieur du port «nos camions parcourent près de 20 km»-, des
marchandises en souffrance depuis des années dans les magasins cales, et …du
vol. «On compte un vol d’un magasin cale par semaine», se plaint M. Achour.

De son côté, c’est contre la disparition de la profession d’armateur que Samir
Bouchnak met en garde, si rien n’est fait pour enrayer le processus d’après lui
déjà enclenché. «On risque la cessation de l’armement tunisien, tant privé que
public», avertit-il. Les faits lui donnent d’ailleurs raison, puisque la flotte
nationale ne compte plus que 9 navires, contre 18 en 1991.

«Patron» des consignataires de navires, Heykel Ben Sedrine s’étonne du
plafonnement par l’administration de la commission à un maximum de 2%, alors que
les clients étrangers acceptent de payer 5% -d’où «une perte de devises», et de
l’annulation par la Direction générale de la marine marchande de la commission
sur les surestaries; se plaint des conteneurs en souffrance –près de 700, dont
«seulement une petite quantité a été récemment dépotée»-, et de la congestion
des ports –les navires restent en rade de 7 à 8 jours, ce qui «coûte des
millions d’euros», regrette M. Ben Sedrine- et rappelle la proposition faite à
l’administration de créer une entreprise privée d’acconnage et la construction
(au port de Radès) de deux quais supplémentaires -7 et 8- et d’instaurer le
travail 24h sur 24h pour fluidifier le flux.

Le président de la Chambre des experts maritimes, Imed Taktak, rappelle que sa
profession attend encore l’entrée en vigueur du texte l’organisant depuis 2008
et dont le cahier de charges n’a pas été publié à ce jour.

Taoufik Belhaj Slimane en veut, lui, à mort à l’UGTT qui, d’après lui, fait la
loi dans le port de Gabès, où elle a pu imposer à l’administration la mise hors
circuit –pour cause d’intérim- de 11 entreprises opérant dans le nettoyage et la
sécurité des navires.