Les Tunisiens dans le viseur des terroristes et des anti-terroristes

belkhamsa-terrorisme.jpgIl y a deux ans, le Tunisien avait la tête haute et était chouchouté dans tous les aéroports et postes frontaliers du monde entier. A l’époque, le Tunisien, qui avait accompli l’exploit d’avoir mis fin à une des dictatures les plus sophistiquées du monde, pouvait afficher sa fierté. Mais petit à petit, cette image a commencé à se ternir auprès de la communauté internationale par l’effet des agissements des nahdhaouis et dérivés, avec comme point d’orgue l’assaut mené, le 14 septembre 2012, contre le siège de l’ambassade des Etats-Unis à Tunis.

Depuis, le Tunisien est perçu, hélas, par toutes les polices frontalières comme un pestiféré, voire comme une entité de nuisance extrême. Pis, cette image s’est détériorée davantage avec le signalement par toutes les télévisions du monde de Tunisiens terroristes dans toutes les zones où se déroulent des guerres fratricides, prenant part à des conflits qui ne les concernent pas.

Franchement, qui l’eut cru? Deux ans après l’avènement de la révolution, un certain 14 janvier 2011, les tunisiens ont basculé d’une communauté de révolutionnaires porteurs de tous les espoirs pour tous les indignés du monde en une communauté incubatrice et génératrice de terroristes et de mercenaires de tout bord.

Les djihadistes islamistes tunisiens sont signalés, aujourd’hui, sur tous les fronts chauds. Ils constituent les premières lignes dans les guerres civiles qui font, actuellement, rage en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Somalie, au nord du mali…
Sur les 30 preneurs d’otages sur le site gazier d’In amenas en Algérie, 11 sont des Tunisiens. L’Algérie, pourtant terreau du terrorisme, depuis les années 90, n’en comptait que trois.   

En Tunisie, les djihadistes manœuvrent dans la clandestinité et attendent les ordres dans le cadre de cellules dormantes. De temps en temps, certains d’entre eux se font attraper par pur hasard. C’est le cas des membres de l’unité d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), unité qui se nomme Okba Ibn Nefaa et dont les membres se terrent, jusqu’à ce jour, sur les hauteurs du centre-ouest et de la Kroumirie. Tout indique que ces groupuscules ne sont que la partie visible de l’iceberg. Ils seraient plus nombreux qu’on ne le pense.

Le terroriste tunisien Laâroussi Derbali (alias Abou Talha Ettounissi), impliqué dans la prise d’otages à In Amenas, n’a-t-il pas avoué aux enquêteurs algériens que l’AQMI prépare des attentats en Tunisie?

Face à cette nouvelle nébuleuse terroriste, on ne peut pas s’interdire de se poser cette question. Qu’est-ce qui pousse ces jeunes islamistes à combattre partout?

Certains diront qu’ils le font pour l’Islam. Dans ce cas, qui a mandaté les islamistes tunisiens à défendre tous seuls l’Islam? Pourquoi, on ne voit pas en Afghanistan ou en Irak, ou dans une autre zone de conflit des islamistes indonésiens, philippins, sénégalais ou autres se battre pour l’Islam?

Ces djihadistes islamistes tunisiens seraient-ils plus musulmans que les autres musulmans (plus d’un milliard et demi dans le monde)?

Pour les analystes, la principale motivation de ces jeunes aventuristes n’est autre que l’argent. Perçus ainsi, ils sont plus des mercenaires bassement cupides et que des défenseurs d’une quelconque cause juste. Un djihadiste local serait recruté pour la modique somme de 30 à 40 mille dinars.

Dopés par le pétrodollar, des courants religieux comme les wahhabites ont trouvé dans ce filon humain, matière pour monter des troupes de terroristes capables de tout. Ils exploitent, à cette fin, les vulnérabilités des gouvernements en place après les révolutions du printemps arabe: frontières poreuses, absence de contrôle, disponibilité des armes, contrebande…

Ces courants religieux étrangers trouvent, également, auprès des gouvernements religieux qui ont accédé au pouvoir une précieuse opportunité-complicité pour mener à terme leurs projets déstabilisateur de la région.

Les Tunisiens ont la mémoire courte. Ils oublient que les nahdhaouis n’ont jamais contribué à la révolution et qu’ils n’avaient fait de la prison ni pour la dignité des Tunisiens, ni pour leur liberté, ni pour la démocratie mais tout juste pour imposer un modèle de société moyenâgeux?

D’ailleurs, ce n’est par hasard si les nahdhaouis sont très laxistes et tolérants vis-à-vis des prédicateurs rétrogrades et de salafistes djihadistes. «Ils me rappellent ma jeunesse», a déclaré Rached Ghannouchi.

Cela dit, nous nous pouvons que nous préoccuper de l’avenir de nos enfants et de notre pays. Le Tunisien moyen héréditaire  d’un islam modéré et ouvert, depuis 15 siècles, est en train de payer cher. Il est pris en sandwich entre un occident partenaire de plus en plus xénophobe et des mercenaires djihadistes terroristes. L’heure est grave.