L’industrie tunisienne malade de ses zones

industrie-100112.jpg«Un investisseur, actif dans l’industrie du câble, s’est implanté dans la zone industrielle de Jendouba, avant qu’elle ne soit achevée». N’en déplaise au ministre de l’Industrie, Mohamed Lamine Chakhari, la plupart des investisseurs, tunisiens et étrangers, sont loin de se montrer aussi compréhensifs.

Pour démarrer leurs activités dans les meilleures conditions, ils exigent que les zones industrielles –du moins pour ceux qui font le choix de s’implanter dans ces espaces- soient parfaitement aménagées. «Le développement industriel reste étroitement lié à l’existence d’infrastructures de base et de zones d’activités industrielles répondant aux normes internationales, aux exigences de respect de l’environnement et à la nécessité d’assurer des conditions de vie adéquates pour les personnes travaillant dans ces zones», rappelle Tarak Chérif, président de la Confédération nationale des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT).

Or, à ce jour, les zones industrielles sont loin d’être à la portée de tous les industriels, et lorsqu’elles existent, elles n’offrent pas toujours toutes les commodités et les prestations requises. Un constat qu’a confirmé la conférence sur «les zones d’activités industrielles: défis logistiques pour une meilleure compétitivité de l’entreprise», organisée par la CONECT, mercredi 9 janvier 2013.

Si le réseau de zones industrielles est loin de jouer pleinement son rôle dans le développement de l’investissement dans l’industrie, c’est, d’abord, parce que ces espaces sont, comme bien d’autres choses, inégalement réparties entre les différentes régions du pays. A telle enseigne que, regrette M. Chérif, «des investisseurs originaires de l’intérieur préfèrent s’installer dans des sites proches des grandes villes et des zones côtières en l’absence de conditions adéquates dans leurs régions. Parfois même des projets industriels ont été implantés dans des zones à vocation agricole ou résidentielle».

En effet, d’après Mohamed Gharsallah, directeur technique à l’Agence Foncière Industrielle, 80% des zones industrielles –soit 76 au total- se trouvent dans le Grand Tunis et sur le littoral. D’où la décision du gouvernement de la Troïka de multiplier par –presque- trois le nombre des projets, pour le porter de 35 à 101, et ce, comme l’a expliqué le ministre de l’Industrie, pour satisfaire les demandes exprimées lors de la consultation nationale sur le développement organisée en début d’année 2012, et par là même commencer à corriger le déséquilibre dans ce domaine entre la région côtière et l’intérieur du pays. D’ailleurs, à cet effet, 65% des 101 zones en cours de réalisation le seront dans les zones de développement régional.

De ces 101 zones industrielles projetées, 14 ont déjà été réalisées et «un grand nombre se trouve à un stade avancé de réalisation» et d’autres vont bientôt faire l’objet d’appel d’offres. Toutes auront vu le jour «fin 2014», promet le ministre. Qui assure que «nous sommes décidés à honorer nos engagement».

La disponibilité des zones industrielles n’est pas le seul problème auquel sont confrontées les entreprises qui s’y installent. Une étude –en cours d’achèvement- du GIZ en pointe du doigt trois.

D’abord, les infrastructures dans ces zones sont «médiocres voire mauvaises». Ceci est d’autant plus vrai que plusieurs dizaines de ces zones sont très anciennes et ont, de ce fait, besoin d’être réhabilitées. Ensuite, sur les 160 zones industrielles que compte le pays, «seulement la moitié est dotée d’un gestionnaire, et de cette moitié seulement 50% est fonctionnelle, mais loin du niveau international». Enfin, «l’information agrégée sur les zones industrielles n’existe pas», ce qui signifie absence d’indicateurs de performance.

En plus de la réalisation du programme déjà arrêté, et de la rénovation prévue des zones anciennes, le gouvernement s’attelle, en vue d’améliorer l’offre du pays dans ce domaine, à constituer une réserve foncière –son objectif est d’arriver à moyen terme à mobiliser 10.000 hectares- dans laquelle il pourra puiser à l’avenir pour satisfaire une demande qui va croître.