Paris compte lever 169 milliards en 2013 à un taux toujours avantageux

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à Paris (Photo : Loic Venance)

[20/12/2012 13:50:19] PARIS (AFP) La France, qui prévoit de lever 169 milliards d’euros sur les marchés en 2013, devrait encore bénéficier de conditions avantageuses pour emprunter l’an prochain même en cas de léger dérapage budgétaire.

Bercy a fixé jeudi à 169 milliards d’euros le montant des emprunts à moyen et long terme à effectuer en 2013, soit un peu moins que cette année où 178 milliards ont été levés.

A travers ces émissions, l’Etat devra financer un déficit budgétaire de 62,3 milliards d’euros, rembourser pour 106,9 milliards d’euros de dette à moyen et long terme et 1,6 milliard d’euros d’emprunts rachetés par l’Etat pour le compte de certaines entreprises.

Ce besoin de financement, de 170,8 milliards d’euros, sera couvert par des emprunts pour 169 milliards, le reste étant comblé par des mécanismes de gestion de trésorerie.

Comme à son habitude, l’Agence France Trésor (AFT), chargée de placer la dette française sur les marchés, a indiqué qu’elle se réservait la possibilité d’ajuster ses émissions en fonction de la demande.

Ce programme de financement est publié dans un contexte particulièrement favorable pour la France.

Paris n’a jamais emprunté à des conditions aussi avantageuses, malgré la perte de son triple A chez les agences de notation financière Standard and Poor’s et Moody’s.

Ses taux d’emprunt sur les échéances à moyen et long terme ont été en moyenne de 1,86% depuis le début de l’année, “un record historique”, a indiqué l’AFT.

La France a même rejoint depuis juillet le club fermé des pays qui bénéficient de taux négatifs sur certaines échéances à court terme, signe que les investisseurs acceptent de perdre de l’argent en lui prêtant de l’argent.

Cette dynamique ne devrait pas se gripper dans les prochains mois.

Marché français “incontournable”

“L’absence de croissance en zone euro va inciter les investisseurs à continuer à placer leur argent en prenant peu de risque. C’est pourquoi la France va rester l’un des pays européens les plus attractifs”, souligne Frédérik Ducrozet, économiste au Crédit Agricole CIB.

Il table à fin 2013 sur un taux français à 10 ans de 2,30% sur le marché obligataire secondaire, là où s’échangent les titres de dette déjà émis.

“Le marché français reste incontournable car il est très important en terme de volumes de capitaux échangés”, relève Bruno Cavalier, chef économiste d’Oddo Securities.

Par ailleurs, “la dette hexagonale conjugue un faible risque à un niveau de rendement plus élevé que les taux allemands, ce qui attire de plus en plus d’investisseurs étrangers”, ajoute-t-il.

La moitié des créanciers de la France, pour la dette levée en 2012, sont établis en Asie et au Moyen-Orient, contre à peine un tiers pour la zone euro, relevait d’ailleurs en octobre Philippe Mills, directeur général de l’AFT.

Le risque que Paris ne respecte pas son engagement de ramener le déficit public à 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2013 ne devrait pas conduire à une détérioration de ses conditions de financement.

Pour Gilles Moëc, chef économiste de Deutsche Bank, “les investisseurs ont déjà intégré un léger dérapage budgétaire, car on sait que le scénario de croissance prévu par le gouvernement l’année prochaine (+0,8%) ne sera pas au rendez-vous”.

“Une légère dérive sera tout à fait acceptée si, en parallèle, le pays s’engage dans de profondes réformes structurelles. Si, au contraire, ces réformes sont vouées à l’échec, de nettes tensions pourraient apparaître”, ajoute-t-il.

Le gouvernement peut encore voir venir. Il a construit son budget pour 2013 sur un taux à 10 ans qui s’établirait en moyenne à 2,9%, puis à 3,65% en 2015.