Tunisie – Maghreb Startup Initiative – NAPPEO : Le sacre de l’innovation

maghreb-startup-initiative-191012.jpgDésormais, la start-up technologique innovante aura sa fête au mois de novembre. Ainsi en ont décidé les organisateurs de cette «imagine compétition» qu’est Maghreb Startup initiative, des «rêveurs visionnaires» qui ont le mérite de faire dans le concret. Il faut saluer leur engagement militant, hautement citoyen et terriblement en intelligence avec le temps et les priorités nationales.

Le 11 novembre, les organisateurs de Maghreb Startup Initiative jubilaient que sont «Education for Employment» et «Wiki Start Up». La moisson de projets est une cuvée remarquable mais il y a plus encore. Quelles raisons donc à leur effusion débordante et légitime?

L’historique du «first strike»

La première raison est qu’ils célèbrent la deuxième édition de leur programme à une année d’intervalle jour pour jour. L’on se souvient que le lancement de l’opération constituait un défi, sans pareil. Un simple flash back et nous voilà dans la frénésie et l’effervescence du premier scrutin libre dans une Tunisie encore en transe révolutionnaire. Cela relevait du miracle et c’était un véritable challenge. Nous nous tenions à leurs côtés et c’était le moindre des tributs qu’on pouvait leur servir.

Et, une année plus tard, nous partageons leur joie, tant nous mesurons le degré de réussite de leur concept. Leurs partenaires américains, présents lors de la première édition, ne devaient pas parier gros sur le programme, quand bien même ils avaient engagé leurs billes. N’empêche, ils avaient fait le déplacement bravant les consignes du Département d’Etat et ils étaient venus nombreux et accompagnés de promoteurs auréolés de leurs success stories de tous bords.

Il y avait les promoteurs de projets mais aussi des consultants et des gérants de fonds de capital-risque et de fonds d’amorçage.

Ce «first strike» a permis de faire que la start-up technologique innovante apparaisse comme la lumière dans la panne de modèle économique. C’est un radeau de bonne espérance, plus qu’une simple bouée de salut. C’est donc un signal fort pour la jeunesse du pays. Le programme «North Africa Programm for Partnership and Economic Opportunities» apportait un soutien financier en récompense aux «awards» attribués aux lauréats et un linkage avec les pôles technologiques américains.

Ce travail de pontage avec ces pôles américains ouvre une fenêtre de tir remarquable car elle peut transposer toute cette culture nécessaire à l’innovation. Ajouter à cela la possibilité d’implémentation de tout le cadre et l’écosystème propice à la prolifération de cette souche de «start-up» technologique innovante.

Un déroulé sur quelques mois

Le millésime 2012 continue sur la lancée du précédent et les organisateurs locaux ont pris totalement le relais de l’opération. Il faut savoir que Maghreb Startup Initiative est un véritable marathon. Cela a démarré au mois de mai. Mais les candidats n’ont pas réagi avec célérité et les organisateurs ont tergiversé ne sachant trop comment sensibiliser les jeunes promoteurs à concourir. Les choses se sont améliorées au cours de l’été et à l’approche du «Boot Camp», séjour bloqué pendant lequel les candidats formalisent leur projet selon un cadre précis qui se tient à la fin septembre, on a atteint 86 projets. Sur ce premier jet, 45 projets ont été sélectionnés et 25 ont fait la course jusqu’au bout. Le boot camp s’est terminé par une séance de pitching des promoteurs de projets.

Un exercice de mentoring, un travail d’accompagnement

C’est tout simple, le concept de boot camp est une reproduction fidèle du circuit que doit réaliser le promoteur de projet dans la réalité. Toutefois, le concept repose sur un travail d’accompagnement des jeunes promoteurs par un travail effectif de Mentoring où les représentants des sponsors mouillent le maillot avec les candidats et s’impliquent dans toutes les étapes. A commencer par la préparation d’un business plan.

Cela englobe, également, la formalisation de la société à créer donc la négociation d’un pacte d’actionnaire. Et cela se prolonge naturellement par un brevet d’invention. Il ne faut pas oublier non plus les étapes de négociation des financements aux différentes étapes de développement du projet, de sa naissance dite «Early stage», en allant vers l’étape de prototypage, puis de la série expérimentale, enfin de la production avec la mise sur orbite par l’accès au marché et la commercialisation.

Toutes ces étapes constituent des «vallées de la mort» (Death Valley) car bien des projets y rendent l’âme et l’encadrement en camp d’entraînement a entre autres buts de réduire ce taux de mortalité. Le stress des candidats en boot camp qui est manifeste culmine au moment du pitching, une période de 5 minutes pendant laquelle le candidat, livré à lui-même, affronte le jury du concours pour un véritable exercice à balles réelles où il doit faire la preuve de son potentiel.

Des projets de haute qualité et des sponsors généreux.

Les organisateurs ont été unanimes à reconnaître que les projets étaient au coude-à-coude et cela dénote d’un potentiel réel à l’innovation dans le pays. Les quatre filières retenues relèvent toutes soit du développement durable ou de l’économie de l’intelligence. Il s’agit de la biotechnologie, de l’économie verte, de l’énergie et de l’IT.

Pour motiver davantage les jeunes promoteurs, les jurés ont décidé de primer un projet hors série. C’est une invention d’un jeu électronique. Les sponsors y sont allés de leur obole et ont délié leur bourse. Ainsi en est-il d’Abraaj Capital, de Diva Sicar, d’Intel et c’est bien naturel, devrait-on dire, de Carthage Business Angels, de l’APII, de Gust, de CONECT et enfin d’Evertek. Ce dernier est allé encore plus loin que ses pairs puisqu’il a gratifié les participants d’une tablette.

A rappeler que les prix sont bien dotés. Chaque lauréat reçoit un chèque de 10 mille dinars. Le prix spécial est de 6 MDT.

L’économie du savoir voit un terreau de jeunes talents prospérer. On ne peut que s’en réjouir.