La zone euro sur la voie d’un accord sur la Grèce

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èce, le 13 novembre 2012 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[20/11/2012 14:59:58] BRUXELLES (AFP) La zone euro se dirigeait mardi vers un accord ouvrant la voie au déblocage d’une ligne de crédit pour la Grèce, et devait aussi tenter de surmonter ses divergences avec le FMI sur la dette de ce pays.

“La Grèce a fait ce qu’elle avait à faire” et “il y a de bonnes chances d’avoir un accord”, a affirmé M. Juncker à son arrivée à la réunion des ministres des Finances de la zone euro consacrée à la Grèce. “Mais je ne suis pas tout à fait sûr”, a-t-il cependant nuancé.

Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent à partir de 16H00 GMT à Bruxelles pour une réunion cruciale, qui promet de durer une partie de la nuit.

Ils doivent se mettre d’accord sur le versement d’un prêt pouvant aller jusqu’à 44 milliards d’euros, indispensable pour éviter à Athènes une cessation de paiement, mais aussi trouver un terrain d’entente avec les autres créanciers publics, en premier lieu le FMI, sur la façon de réduire la dette du pays.

“On a presque tous les éléments pour avoir une vue complète. On a une image relativement claire de ce que nous pouvons faire”, a estimé M. Juncker.

“J’espère, je crois, je souhaite que nous ayons une solution ce soir”, avait affirmé mardi matin le ministre français Pierre Moscovici.

Pour obtenir le feu vert de ses créanciers, Athènes a adopté une série de mesures d’austérité. Réunis au sein de la troïka, ses principaux bailleurs de fonds (UE, FMI et BCE) doivent faire un point mardi sur ces engagements.

Mais ils doivent également trouver comment réduire l’énorme dette grecque, qui menace d’atteindre 190% du PIB en 2014, et combler un trou de 32 milliards d’euros résultant des dérapages des deux premiers plans d’aide et du délai de deux ans dont devrait bénéficier le pays pour mener à bien son ajustement budgétaire.

Sans accord sur ces deux points particulièrement complexes, le prêt à la Grèce risque de ne pas être versé.

Une divergence est apparue au grand jour lundi dernier entre le FMI et le chef de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, prêt à repousser l’échéance à laquelle la Grèce doit ramener sa dette à 120% du PIB. Mais le FMI refuse catégoriquement cet allongement de 2020 à 2022.

“J’espère que ce soir, on va avoir suffisamment d’éléments pour établir une passerelle avec le FMI”, a dit M. Juncker.

A cette question litigieuse s’ajoute celle du trou de 32 milliards d’euros à combler. Les bailleurs de fonds publics se renvoient la balle et la zone euro, sous pression, exclut un effacement de la dette, difficile à faire accepter par les opinions publiques.

“Il faut que chacun, FMI, BCE, Etats de la zone euro, fasse un effort pour boucler l’accord. Il faut que ce soit donnant-donnant”, a estimé mardi un haut responsable gouvernemental européen.

De nombreuses solutions sont à l’étude. Parmi elles, un abaissement des taux d’intérêt des prêts déjà consentis à la Grèce, un allongement des durées de remboursement, un rachat par le pays d’une partie de sa dette ou un geste de la BCE qui pourrait décider de reverser les profits sur les obligations grecques qu’elle a acquises.

“Il faut trouver un point d’équilibre entre toutes ces options, cela ne peut se cristalliser que ce soir”, a estimé ce haut responsable.

Reste également à déterminer si l’aide financière sera versée en une seule fois ou par paquet, et si elle sera de 31,2 milliards d’euros (correspondant à la somme bloquée depuis juin) ou de 44 milliards, soit la totalité des trois tranches que la Grèce doit en théorie recevoir d’ici la fin de l’année.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a jugé “logique” de réfléchir à un versement simultané des tranches d’aide, à condition toutefois qu’un mécanisme de contrôle soit mis en place pour s’assurer que le programme d’ajustement grec reste dans les clous.

Les débats sur la Grèce auront lieu alors que la France, deuxième économie de la zone euro, a perdu lundi soir son triple A auprès de l’agence Moody’s, obligeant le fonds de secours de la zone euro, le FESF, à reporter une émission obligataire prévue ce mardi.