Fibre optique : Ukraine et Russie comptent plus d’abonnés que l’UE des 35

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Cables pour la fibre optique (Photo : Bertrand Langlois)

[14/11/2012 14:54:22] MONTPELLIER (AFP) La fibre optique continue de progresser dans le monde, mais l’Europe de l’ouest compte toujours moins d’abonnés que la Russie et l’Ukraine réunies en raison de la bonne qualité de son réseau ADSL, qui n’incite pas les internautes à basculer, selon les données de l’Idate.

L’Europe des 35 (hors Russie et Ukraine) comptait 5,95 millions d’abonnés fibre à fin juin, pour un total de 31,9 millions de foyers raccordables, soit un taux de pénétration de moins de 19%.

“Dans d’autres zones du monde, comme au Japon ou aux Etats-Unis, ce ratio s’élève à 30%, voire 40%”, a résumé mercredi à l’AFP Roland Montagne, expert à l’Institut de l’audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate) dont le congrès annuel se réunit à Montpellier mercredi et jeudi.

Au niveau mondial, l’Asie continue de mener la danse en recensant 75% des 77 millions d’abonnés fibre. Sept groupes asiatiques figurent dans le top 10 des opérateurs fibre, où sont également présents deux acteurs russes et un américain.

“Par contre, ce qui est encourageant en Europe, c’est que le nombre d’abonnés a augmenté pour la première fois plus vite au premier semestre que le nombre de foyers raccordables, ce qui veut dire que les opérateurs commencent à se concentrer sur la commercialisation de leurs abonnements fibre”, souligne Roland Montagne.

L’écart reste toutefois encore très grand entre cette Europe de l’ouest et quatre pays de l’est –Russie, Ukraine, Kazakhstan et Belarus– qui comptabilisent à eux seuls 6,3 millions d’abonnés, soit plus que les 35 pays européens réunis (5,95 millions).

La Russie comptait à elle seule, en juin, 5,2 millions d’abonnés, et l’Ukraine un million.

“Le réseau cuivre est en mauvais état en Europe de l’est et les abonnés voient clairement la différence quand ils passent d’un abonnement à quelques centaines de kilobits de débit, à la fibre qui offre plusieurs megabits. La concentration de l’habitat joue aussi : plus de 60% des Russes vivent dans des immeubles communs, c’est donc plus facile” pour déployer une infrastructure, souligne M. Montagne.

Au cours du premier semestre, les pays qui ont gagné le plus d’abonnés sont la Russie (+719.000), l’Ukraine (+465.000), la Turquie (+212.000) et la France, qui est quatrième avec 99.000 abonnés supplémentaires, “ce qui est une surprise”, souligne Roland Montagne.

“Fracture numérique”

A fin juin, la France comptait ainsi 6,2 millions de foyers potentiellement raccordables, pour 764.000 abonnements (dont 65% pour Numéricable), soit un taux de pénétration de 12% (contre 10% un an plus tôt).

“Il y a une accélération car les opérateurs font un peu plus de publicité sur les bénéfices de la fibre pour les abonnés. Mais l’ADSL (internet via le réseau cuivre actuel) est de bonne qualité, donc la différence en termes de service et d’innovation n’est pas toujours évidente pour l’utilisateur”, selon M. Montagne.

Il souligne en outre que les 6,2 millions de foyers potentiellement raccordables sont plutôt en zones urbaines.

“Si les opérateurs publics et privés réussissent à accélérer le déploiement dans les zones moins denses, où les débits sont moins bons et où il existe une forte demande pour la fibre, dans ces zones-là le taux d’abonnement et le retour sur investissement, seront sans doute sensiblement plus élevés”, note pour sa part Jean-Ludovic Silicani, président de l’autorité des télécoms (Arcep).

Il y a quelques jours, l’Association des maires ruraux de France (AMRF) notait que “l’appétence pour le très haut débit” était beaucoup plus forte dans les zones rurales, là où l’association souhaite une priorité du déploiement.

“Il ne faut pas que le visage d’une France à plusieurs vitesses continue de se dessiner”, a souligné l’AMRF, qui attend “des précisions sur les modalités (…) d’utilisation du fonds de péréquation pour lutter contre la fracture numérique”.