Tunisie – Khelil Zaouia, «Nous vivons une crise de consensus social»

khelil-zaouia-300412.jpgKhelil Zaouia, ministre des Affaires sociales, a déclaré que les négociations sociales dans le secteur privé n’ont abouti à rien jusqu’à ce jour, alors que le délai a été dépassé, à savoir le 30 août dernier. «Si les partenaires sociaux ne sont pas arrivés à s’entendre, on aura droit à l’arbitrage de la Commission supérieure des négociations comme dernier recours», indique-t-il, lors de la conférence de presse du 11 octobre 2012.

A rappeler que l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) réclame une augmentation de 7% des salaires, alors que l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) affirme que les augmentations ne doivent pas dépasser les 5,5%, surtout après les dernières augmentations des prix des hydrocarbures et de l’électricité pour les entreprises. M. Zaouia affirme cependant que «les négociations continuent dans les coulisses afin de rapprocher les différents points de vue».

Contrat social…

Pour le secteur public, les négociations concernent actuellement l’application des augmentations. Il s’agit de fixer l’année de référence, puisque plusieurs entreprises ont procédé à des augmentations, l’année dernière, suite aux revendications sociales.

En ce qui concerne le contrat social, M. Zaouia affirme que le 14 janvier 2013 a été fixé comme date de signature de ce contrat. Le groupe de travail tripartite s’est réuni trois fois, au cours desquelles il a fixé les axes du contrat social: les relations professionnelles et le travail décent, la couverture sociale, les politiques de travail et la formation professionnelle, la croissance économique et le développement régional.

Le ministre précise que la Commission du préambule a pris du temps pour mettre en place un projet commun. Quatre groupes ont été formés afin d’étudier les projets de documents de travail de chaque axe du contrat social et établir des comparaisons sur les points de rencontre et les point de différence entre les trois partenaires sociaux. On prévoit que la version finale du projet de préambule sera présentée lors de la prochaine rencontre.

«Je vous dis que le contrat social ne pourra se faire sans consensus social; alors qu’on vit actuellement une véritable crise à ce niveau. Et la grève du transport, le 10 octobre 2012, nous l’a bien montré», lance le ministre.

Fermeture d’usines…

D’un autre côté, une série de réunions a été tenue concernant les sociétés d’environnement relevant de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG), avec le ministère des Affaires sociales et des représentants de l’UGTT afin d’organiser les relations de travail entre ces sociétés et ses agents.

L’accord a été établi le 17 août dernier, et stipule la fixation des salaires des agents (10 mille) et leur intégration dans les sociétés avec des contrats de travail et une couverture sociale; en attendant la signature de la convention et sa mise en œuvre en début janvier 2013.

A noter que les grèves ont augmenté de 69%, durant le deuxième trimestre 2012, par rapport à la même période en 2011, mais a baissé de 35% par rapport au premier trimestre 2012. Ce qui fait dire le ministre des Affaires sociales que les travailleurs tunisiens adhèrent moins aux grèves, puisque le taux de participation a reculé de 69% au deuxième trimestre contre 61% au premier trimestre.

Ces grèves ont concerné 91 entreprises, dont 74 privés et 10 publiques.

A ce niveau, M. Zaouia indique que des sociétés sont toujours fermées à cause des revendications sociales, à l’instar de Maklada à El Jam (depuis mai 2012) et la marbrerie de Tala. L’usine Latécoère, implantée à El Mghira, a fermé ses portes plusieurs fois. A signaler que cette entreprise a transféré son magasin central au Maroc, où elle emploie actuellement 2.500 personnes, selon le ministre.