Crise à la Brittany Ferries : réunion décisive entre syndicats et direction

photo_1348594677701-1-1.jpg
ouest de la France (Photo : Damien Meyer)

[25/09/2012 17:39:19] BREST (AFP) Syndicats et direction de la Brittany Ferries étaient toujours réunis mardi soir à Roscoff (Finistère) pour tenter de mettre fin à un conflit social qui a immobilisé à quai les huit navires de la compagnie maritime confrontée à des difficultés financières.

“Ils sont toujours réunis”, a affirmé en début de soirée à l’AFP Cyril Toulan, élu CFDT au comité d’entreprise. “Ca coince toujours”, a-t-il ajouté.

Au cours de la réunion, entamée à 09H00 au siège de l’entreprise, la direction a soumis aux délégués syndicaux CFDT et CGT du personnel navigant une proposition d’accord-cadre devant servir de fil conducteur pour des négociations à venir en termes d’emplois, de salaires et de temps de travail.

Mais celle-ci n’a pas été acceptée par les organisations syndicales qui ont proposé au cours de l’après-midi un nouveau texte.

“Pour l’instant les navigants sont remontés et pour eux il n’est pas question de lâcher quoi que ce soit”, avait indiqué plus tôt M. Toulan, ajoutant que les marins à bord du Bretagne, à quai à Saint-Malo, avaient empêché dans la matinée la relève des officiers, “pour montrer leur mécontentement”.

Contactée, la direction s’est refusée à tout commentaire.

Début juin, la compagnie, confrontée à des difficultés financières depuis plusieurs années, avait annoncé la suppression de plusieurs traversées avant et après-saison et la mise en place d’un plan de retour à la compétitivité, prévoyant la réduction de coûts salariaux par le biais d’une annualisation et d’un aménagement du temps de travail et de la suppression de certains avantages.

“Pas d’équité”

Mais les marins ne veulent pas renoncer à certaines primes. Ils refusent que ceux percevant des bas salaires se voient retirer des primes d’un montant plus élevé que ceux recevant des rémunérations plus importantes.

Ils souhaitent aussi que la direction adopte une clause de “retour à meilleure fortune”, à savoir que les efforts consentis en termes de salaires soient limités dans le temps jusqu’à ce que les finances de la compagnie aillent mieux.

photo_1348594588916-1-1.jpg
ouest de la France, le 24 septembre 2012 (Photo : Fred Tanneau)

“C’est le petit qui donne et les gros salaires ne donnent pas, il n’y a pas d’équité”, regrette Thierry Caboche, 49 ans, second de cuisine à bord du Pont Aven, bloqué le long d’un quai à Brest depuis vendredi.

“Tout le monde est prêt à donner, parce que tout le monde a envie de garder son emploi, mais pas dans les conditions qu’on nous propose”, ajoute le cuisinier, embauché en 1990 et à qui l’on veut retirer, selon lui, une prime de 150 euros par mois sur un salaire de 1.900 euros nets.

La compagnie, qui dessert la Grande-Bretagne, l’Irlande et l’Espagne, a décidé vendredi d’immobiliser ses bateaux jusqu’à nouvel ordre en raison des grèves à répétition de son personnel navigant et a intimé l’ordre aux marins de quitter les navires, ce que ces derniers ont refusé de faire.

Depuis, les passagers de la Brittany Ferries ont été réorientés vers les compagnies maritimes opérant sur Calais (Pas-de-Calais), un manque à gagner qui va se chiffrer en millions d’euros, selon la compagnie bretonne.

En juin, celle-ci avait expliqué qu’il était désormais devenu “impératif” qu’elle “adapte son modèle économique face à une conjoncture fortement dégradée et une concurrence qui n’est pas soumise aux mêmes contraintes de pavillon ni exposée aux variations de la parité livre/euro”.

Créée en 1973, la Brittany Ferries (BAI SA) revendique 2,6 millions de passagers transportés par an, dont 85% de Britanniques. Un total de 2.500 personnes travaillent pour l’entreprise.