Afrique du Sud : nouveau débrayage dans une mine, bras de fer à Marikana

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autres de reprendre le travail (Photo : Alexander Joe)

[10/09/2012 15:42:04] JOHANNESBURG (AFP) Quelque 15.000 mineurs sud-africains ont à nouveau débrayé lundi dans une mine d’or proche de Johannesburg dans un climat social toujours tendu par le bras de fer qui se poursuit à la mine de Marikana, théâtre d’une sanglante fusillade policière le 16 août.

Pour une raison encore non élucidée selon l’employeur, l’équipe de nuit a cessé le travail à la mine d’or KDC exploitée à plus de 3.000 mètres de profondeur par le groupe Gold Fields dans la banlieue de Johannesburg.

C’est le secteur Ouest qui est touché, quatre jours après une première grève sauvage affectant les puits Est de cette mine de 27.000 salariés, où la direction du principal syndicat, le NUM (National Union of Mineworkers), est contestée, pour une sombre affaire de cotisation “obsèques”.

Gold Fields, groupe coté à Johannesburg et New York, est le deuxième producteur local d’or, et quatrième mondial.

Cette agitation sociale, relativement banale en temps ordinaires, a pris une teinte inquiétante alors que les efforts pour obtenir la reprise du travail à Marikana restent vains, un mois jour pour jour après le début de la grève.

Les craintes suscitées par l’incapacité du NUM à canaliser le mécontentement sont redoublées par l’activité de Julius Malema, l’ex-leader de la Ligue de jeunesse de l’ANC exclu du parti, décidé à rendre “ingérable” un secteur symbole des inégalités et des conditions de travail innommables d’une majorité de salariés noirs.

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autres de reprendre le travail (Photo : Alexander Joe)

Lundi dernier, il était venu s’adresser aux mineurs de Gold Fields, accusant le NUM “d’agir sans consulter les travailleurs”. “S’ils ne tiennent pas leurs engagements envers vous, vous devez vous diriger vous-mêmes”, avait-il lancé.

A Marikana, où la contestation du NUM a aussi été l’étincelle qui a déclenché la grève sauvage, encouragée par le petit syndicat dissident Amcu (Association of mine workers and construction unions), seuls 6,34% des mineurs ont embauché lundi.

Le groupe britannique Lonmin est propriétaire de ce site d’extraction et de traitement du platine, où 44 personnes ont trouvé la mort en août, dont 34 grévistes abattus par la police le 16, et dont les derniers ont été inhumés samedi au Cap oriental (sud), leur région d’origine.

La colline, où a eu lieu ce qui s’apparente de plus en plus à une massive bavure policière au vu des témoignages recueillis auprès des manifestants, est devenu le point de ralliement quasi-quotidien des foreurs en grève qui réclament toujours un triplement de leurs salaires à 12.500 rands (1.200 euros).

Lundi, environ 3.000 d’entre eux se sont rassemblés pour marcher ensuite en cortège vers les accès d’une mine encore en activité du site, Eastern Platinum, barricadée derrière quatre véhicules de police blindés.

La tête du cortège a été autorisée à rentrer sous escorte, tandis que la foule scandait “Nous nous battons pour nos droits”.

Mercredi soir, un “accord de paix” avait été conclu entre la direction et syndicats, mais rejeté par l’Amcu.

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autres de reprendre le travail (Photo : Alexander Joe)

Pour les observateurs, le secteur minier risque de vivre au rythme de ces perturbations jusqu’au congrès de l’ANC en décembre, source de querelles de personnes et idéologiques.

“C’est presque devenu contagieux”, explique Crispen Chinguno, sociologue à l’université de Witwatersrand à Johannesburg.

“Même si les travailleurs ont de vraies revendications sociales, cela va bien au-delà d’un conflit du travail. Certains politiciens ont fait main basse sur la grogne des travailleurs parce que la mine est au coeur de l’ordre économique, social et politique en Afrique du Sud”, ajoute-t-il.