Le canal de Panama, qui fête ses 98 ans, voit son élargissement retardé

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Un bateau dans le canal de Panama le 15 avril 2012 (Photo : Juan Jose Rodriguez)

[15/08/2012 11:50:40] PANAMA (AFP) Le canal de Panama souffle mercredi ses 98 bougies sur fond de retards accusés par ses travaux d’élargissement qui devraient reporter à 2015 l’inauguration de la nouvelle voie navigable au lieu de 2014, année de son centenaire.

Ce chantier pharaonique lancé en 2009 pour un investissement de quelque 5,25 milliards de dollars (environ 4,2 milliards d’euros), permettra à terme le passage des navires post-Panamax.

Ces bateaux de 400 mètres de long et 50 mètres de large, qui transportent 12.000 conteneurs (au lieu des 5.000 au maximum aujourd’hui autorisés sur le canal), constituent 30% de la flotte mondiale et leur nombre continue de croître.

Le cahier des charges des travaux prévoit notamment le percement d’une troisième voie d’eau, l’élévation du niveau du lac Gatun, l’élargissement des voies d’accès, le creusement du lit du canal et la construction de nouvelles écluses sur trois niveaux.

Mais une grève en janvier puis un désaccord survenu au printemps entre l’Autorité du canal de Panama (ACP) et le consortium international UPC, chargé de construire les écluses, ont significativement freiné l’avancée des travaux.

La dispute entre l’ACP et l’UPC portait sur la qualité du ciment utilisé, jugée mauvaise par les autorités du canal.

Le consortium – qui regroupe les sociétés espagnole Sacyr, italienne Impregilo, belge Jan de Nul et panaméenne Constructora Urbana – a fini par céder mais accuse les administrateurs du canal d’avoir modifié les termes du contrat.

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écluse sur le canal de Panama le 13 août 2012 (Photo : Juan Jose Rodriguez)

Il réclame ainsi un règlement additionnel de 573 millions de dollars (environ 465 millions d’euros) à l’ACP pour amortir les dépenses liées à l’utilisation d’un ciment plus coûteux et à l’accélération des travaux pour tenter de combler, au moins en partie, le retard constaté.

Aux yeux de Bernardo Gonzalez, directeur du projet pour l’UPC, les retards “sont la conséquence d’imprévus et d’une série d’évènements qui ne sont pas de la responsabilité de l’entrepreneur”.

Selon lui, le retard a été évalué à un an. “Nous allons tenter de terminer avec six mois de retard. Cela induit des surcoûts que nous évaluons à 573 millions de dollars”.

Une offre inférieure d’un milliard à celles des autres candidats

Alberto Aleman, administrateur de l’ACP, estime pour sa part que l’UPC “doit répondre à ses engagements sur toutes les spécifications mentionnées par le contrat. Il en va de sa responsabilité”.

UPC avait emporté l’appel d’offres pour les écluses avec une facture estimée à 3,2 milliards de dollars, une offre inférieure d’un milliard à celle d’un autre groupement américano-japonais.

Du côté des autorités panaméennes, on semble déjà avoir fait le deuil d’une inauguration en 2014, année du centenaire de la mise en service du canal construit par les Etats-Unis.

“Je pense que de toutes manières, nous ouvrirons en 2015”, se résout Ilya Espino, chargée des travaux d’élargissement du canal à l’ACP.

“Tout chantier accuse des retards et un chantier de cette envergure peut être en retard”, a reconnu de son côté le président panaméen Ricardo Martinelli lors d’une visite des travaux lundi.

Aujourd’hui, environ 5% du commerce mondial traverse cette voie maritime de 80 km inaugurée en 1914 et reliant les océans Atlantique et Pacifique. Les Etats-Unis en ont cédé le contrôle aux autorités panaméennes le 31 décembre 1999.

L’élargissement du canal devrait avoir d’importantes répercussions sur le commerce maritime. Selon M. Aleman, les céréales, le charbon et le minerai de fer devraient à l’avenir circuler davantage sur le canal, avec le triplement de la capacité des navires qui vont l’emprunter.

Au cours du dernier exercice fiscal, 14.600 navires transportant 322 millions de tonnes de marchandises ont transité par le canal, rapportant plus d’un milliard de dollars au pays, soit environ 2% de son Produit intérieur brut.