Tunisie : Le limogeage du gouverneur de la BCT fait apparaître des divergences à la Constituante

Par : TAP

Les positions et les points de vue des membres de l’Assemblée nationale constituante (ANC) divergent concernant le limogeage du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Mustapha Kamel Nabli. Le président de la République provisoire, Mohamed Moncef Marzouki, avait mis fin, mercredi 27 juin 2012, aux fonctions de Mustapha Kamel Nabli en concertation avec le chef du gouvernement provisoire, conformément aux dispositions du premier et quatrième paragraphes de l’article 26 de la loi constitutionnelle n°6 de 2011 du 16 décembre 2011 et relative à l’organisation provisoire des pouvoirs publics.

Cette décision sera soumise à la Constituante pour approbabation dans un délai ne dépassant pas 15 jours à partir de la date de présentation de la demande au président de l’ANC. Les constituants de l’opposition ont souligné, dans des déclarations, à la TAP, en marge de la tenue d’une séance plénière de l’ANC, leur décision de ne pas voter le projet de limogeage alors que d’autres députés de la Troïka (Ennahdha, CPR, Ettakotel) ont mis l’accent sur la nécessité de patienter jusqu’à la présentation des causes du limogeage.

En revanche, les députés du mouvement Ennahdha, majoritaires au sein de l’ANC, ont considéré que le gouverneur a commis des fautes graves nécessitant son limogeage. Le constituant Aymen Zouaghi, représentant le groupe parlementaire “El Aridha”, a fait savoir que les députés du groupe ont décidé de voter contre le limogeage, soulignant que, selon lui, “le malentendu n’est pas lié à la politique monétaire mais il s’agit plutôt de contenter le président de la République”. Il s’est dit étonné de cette décision à l’encontre du gouverneur de la BCT qui a récemment reçu le prix de meilleur gouverneur de Banque centrale d’Afrique pour l’année 2012.

Mahmoud Baroudi, du groupe démocratique, a affirmé ne pas être pour le limogeage et décidé à voter contre, soulignant qu'”il n’y a pas de cause objective pour le limogeage du gouverneur de la BCT”. Il a refusé la transformation des querelles personnelles en règlements de comptes nuisibles à l’intérêt du pays, lequel passe par une phase de transition nécessitant une certaine stabilité, notamment au niveau des principales institutions de l’Etat, dont la BCT.

Pour sa part, Issam Chebbi, membre du parti Républicain, a fait remarquer que “le limogeage du gouverneur de la BCT reflète les décisions incertaines dans lesquelles se débat le pouvoir exécutif, outre la crise de gestion des affaires du pays, ajoutant qu’après les quotas des partis, la question est maintenat liée au contentement des uns et des autres, d’après lui.

L’indépendance de la BCT, a-t-il estimé, est l’un des acquis de la révolution, indiquant que lors de l’élaboration du projet relatif à l’organisation provisoire des pouvoirs publics (loi constitutionnelle) l’accent avait été mis sur l’indépendance de l’Institut d’émission afin d’éviter les discordes politiques et partisanes, assurant que son parti “refusera catégoriquement” la décision de limogeage.

WMC/TAP