Tunisie : La jeunesse, un état d’esprit

Pourquoi est-ce qu’on utilise le verbe grandir quand il s’agit d’un enfant, et
vieillir quand il s’git d’un adulte…? Cela veut-il dire que l’on gagne des
choses en devenant adulte? Et que l’on perd des choses après? La courbe (de
l’utilité) n’est donc pas toujours croissante? … C’est le déclin après.

On dit que la jeunesse est dans le cœur, et que les années ne se comptent pas.
On dit que l’âge réel qu’on a est celui mental, pas biologique. Alors qu’est-ce
qu’être jeune? Qu’est-ce qu’on perd …et qu’est-ce qu’on gagne… en voyant passer
les années?

L’intensité

Il paraît qu’avec les années qui passent, la flamme de la passion s’éteint, ou
se transforme. Quand on était jeune, tout pouvait être source de joie et
d’excitation. La jeunesse c’est l’intensité. Tout est intense quand on est
jeune. Un bon film avec des chips, une balade au soleil, ou un examen réussi. On
est passionné quand on est jeune, on est curieux de tout, on peut changer de
direction en une fraction de seconde.

Plus on «grandit» (parce que je n’aime pas le terme péjoratif vieillir…), moins
on est passionné. Et plus on cherche à retrouver cette adrénaline de la
jeunesse. Alors on fait du sport! On se jette corps et âme dans une cause, une
carrière en général. Qui peut être professionnelle pour certains, ou autre pour
d’autres. Le mariage et les enfants, c’est une carrière pour beaucoup de femmes
si non la majorité. Quand le fils ramène son bulletin de notes, on est fière,
c’est une réussite. Personnelle! Bien sûr. L’intensité perdue tend à refaire
surface de quelque façon qu’elle soit, toujours, quitte à se bagarrer et à se
crier dessus! A boire tous les soirs pour certains.

La flânerie

La jeunesse est aussi cette attitude de flânerie constante. Ah ce que ca peut
nous manquer ça quand on devient «adulte». On est responsable quand on est
adulte. On ne peut pas se permettre de flâner, ou de «perdre son temps». Puisque
flânerie rime alors avec «perte de temps». On a des engagements, des crédits à
payer, des obligations à satisfaire, etc. L’état adulte rime alors avec cette
espèce de robot, programmé, et qui doit enchaîner des choses à faire, du TAF
(travail à faire) que ce soit au bureau, ou en dehors du bureau. Quoique,
combien de temps de vie reste-t-il en dehors du bureau…?! Pas grand-chose.

Quand on était jeune, on pouvait passer une journée, en pantoufle, à ne rien
faire ou presque. Plusieurs journées parfois. C’est une chimère à l’âge adulte.
Le pire c’est qu’on culpabilise tellement de n’avoir rien fait…

Si on est mère de famille, c’est encore plus compliqué. C’est un boulot à plein
temps (en plus du boulot). La différence c’est qu’au boulot «réel», on a droit à
un repos hebdomadaire au moins, et on peut prendre 3 jours de congés si on tombe
malade. Quand on est mère de famille, on n’a pas le droit de tomber malade.

L’égo

Et puis, c’est aussi notre égo, qui nous submerge à l’âge adulte. On s’attache
beaucoup plus aux choses, on y tient. On a envie de tellement de choses, de
gagner tellement d’argent, de construire la première et la deuxième (etc.)
maison, le plus rapidement possible. Mais les objectifs de l’égo se réalisant,
on se rend compte que c’est beaucoup moins d’intensité… que l’étonnement devant
le nouveau film de notre star préférée, quand on était jeune…

On perd cette insouciance de la jeunesse quand même… et l’égo répond: «Oui on
était inconscient, on ne connaissait pas la vie, on était jeune!».

On est adulte maintenant, on sait ce qu’est la vie, ce que sont les choses, on
n’est plus jeune! On a des objectifs maintenant, des enfants à élever, une
voiture à entretenir, une poubelle à sortir, la vaisselle à faire, la machine à
laver à réparer, le ménage, les courses, la cuisine, la télé à regarder. On a
tellement de choses à faire…!

Est-ce qu’on ne perd pas sa vie à force de choses à faire…ou est-ce que ces
choses sont le sens même de la vie?